Accéder au contenu principal

“Mystère” de Denis Imbert




Film français de Denis Imbert (2019), avec Vincent Elbaz, Shanna Keil, Marie Gillain, Eric Elmosnino, Tchéky Karyo… 1h23. Sortie le 15 décembre 2021.



Shanna Keil



Mutique depuis la mort de sa mère, Victoria, 8 ans, part s’installer avec son père Stéphane dans le Cantal où il espère la voir retrouver la sérénité. Elle commence à s’épanouir le jour où un berger lui confie un chiot qui va devenir son plus fidèle compagnon de jeu et lui rendre le sourire. Toutefois, en devenant adulte, l’animal opportunément baptisé Mystère va s’avérer être en fait… un loup, avec tous les risques collatéraux qu’implique cette révélation. On retrouve dans ce film à destination du jeune public les mêmes bons sentiments qui animaient récemment Le loup et le lion de Gilles de Maistre. À cette nuance près que le film de Denis Imbert aborde à travers ce conte moderne une problématique ancestrale : la cohabitation de l’être humain avec un redoutable prédateur qui a également pu être décrit comme protecteur, de l’imagerie perpétuée par “Le petit chaperon rouge” à des classiques du cinéma populaire tels qu’Un homme parmi les loups (1983) de Carroll Ballard ou Survivre avec les loups (2007) de Véra Belmont, il est vrai inspiré d'un best-seller démasquée pour être une mythomane.



Shanna Keil



Assistant tout-terrain depuis le début des années 2000, le réalisateur révélé par la série “Platane” (2011-2013) n’occulte dans Mystère aucune des caractéristiques de ces canidés qui hantent l’imagerie populaire depuis des siècles. Dans la veine du Renard et l’enfant (2007) de Luc Jacquet, son scénario est surtout prétexte à des scènes de genre souvent charmantes dans lesquelles la gamine s’amuse avec son animal de compagnie et sort peu à peu de son silence. Il n’occulte pas pour autant la menace réelle que représente cet animal et remplit plutôt habilement son rôle pédagogique, en soulignant combien les espèces sauvages doivent être respectées en tant que telles. Le cinéma moderne répond à des obligations écologiques dont ce film propose un reflet assez caractéristique, même si c’est nécessairement au prix d’une vision idyllique incompatible avec notre époque. Au moment même où le dérèglement climatique hypothèque à court terme l’avenir des jeunes générations, Mystère habille d’élégants atours une histoire aux ramifications plutôt complexes, en trouvant la bonne distance pour plaire au public visé sans angélisme déplacé.

Jean-Philippe Guerand






Shanna Keil

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Le paradis des rêves brisés

La confession qui suit est bouleversante… © A Medvedkine Elle est le fait d’une jeune fille de 22 ans, Anna Bosc-Molinaro, qui a travaillé pendant cinq années à différents postes d’accueil à la Cinémathèque Française dont elle était par ailleurs une abonnée assidue. Au-delà de ce lieu mythique de la cinéphilie qui confie certaines tâches à une entreprise de sous-traitance aux méthodes pour le moins discutables, CityOne (http://www.cityone.fr/) -dont une responsable non identifiée s’auto-qualifie fièrement de “petit Mussolini”-, sans nécessairement connaître les dessous répugnants de ses “contrats ponctuels”, cette étudiante éprise de cinéma et idéaliste s’est retrouvée au cœur d’un mauvais film des frères Dardenne, victime de l'horreur économique dans toute sa monstruosité : harcèlement, contrats précaires, horaires variables, intimidation, etc. Ce n’est pas un hasard si sa vidéo est signée Medvedkine, clin d’œil pertinent aux fameux groupes qui signèrent dans la mouva

Bud Spencer (1929-2016) : Le colosse à la barbe fleurie

Bud Spencer © DR     De Dieu pardonne… Moi pas ! (1967) à Petit papa baston (1994), Bud Spencer a tenu auprès de Terence Hill le rôle de complice qu’Oliver Hardy jouait aux côtés de Stan Laurel. À 75 ans et après plus de cent films, l’ex-champion de natation Carlo Pedersoli, colosse bedonnant et affable, était la surprenante révélation d’ En chantant derrière les paravents  (2003) d’Ermanno Olmi, Palme d’or à Cannes pour L’arbre aux sabots . Une expérience faste pour un tournant inattendu au sein d’une carrière jusqu’alors tournée massivement vers la comédie et l’action d’où émergent des films comme On l’appelle Trinita (1970), Deux super-flics (1977), Pair et impair (1978), Salut l’ami, adieu le trésor (1981) et les aventures télévisées d’ Extralarge (1991-1993). Entrevue avec un phénomène du box-office.   Rencontre « Ermanno Olmi a insisté pour que je garde mon pseudonyme, car il évoque pour lui la puissance, la lutte et la violence. En outre, c’était

Jean-Christophe Averty (1928-2017) : Un jazzeur sachant jaser…

Jean-Christophe Averty © DR Né en 1928, Jean-Christophe Averty est élève de l'Institut des Hautes Etudes Cinématographiques (Idhec) avant de partir travailler en tant que banc-titreur pour les Studios Disney de Burbank où il reste deux ans en accumulant une expertise précieuse qu'il saura mettre à profit par la suite. De retour en France, il intègre la RTF en 1952 où il réalisera un demi-millier d'émissions de radio et de télévision dont Les raisins verts (1963-1964) qui assoit sa réputation de frondeur à travers l'image récurrente d'une poupée passé à la moulinette d'un hachoir à viande et pas moins de 1 805 numéros des Cinglés du music-hall (1982-2006) où il exprime sa passion pour la musique, sur France Inter, puis France Culture, lui, l'amateur de jazz à la voix inimitable chez qui les mots semblent se bousculer. Fin lettré et passionné par les images, l’iconoclaste Averty compte parmi les pionniers de la vidéo et se caract