È stata la mano di Dio Film italien de Paolo Sorrentino (2021), avec Filippo Scotti, Toni Servillo, Teresa Saponangelo, Luisa Ranieri, Renato Carpentieri, Massimiliano Gallo, Ciro Capano, Lino Musella… 2h14. Mise en ligne sur Netflix le 15 décembre 2021.
Paolo Sorrentino creuse depuis deux décennies un sillon singulier dans un cinéma italien qu’il a contribué à faire entrer dans une certaine modernité, en perpétuant l’engagement politique de Francesco Rosi autant que la folie visionnaire de Federico Fellini, le tout avec la complicité indéfectible de son interprète fétiche, Toni Servillo, alter ego et Fregoli d’exception qui s’est imposé comme le digne héritier des plus grands acteurs transalpins. Film après film, ce cinéaste a esquissé les contours de l’Italie éternelle, croqué le politicien Giulio Andreotti et raillé le magnat Silvio Berlusconi, avec une virtuosité impressionnante. Après deux séries mémorables, “The Young Pope” et “The New Pope”, il signe avec La main de Dieu son film le plus personnel. Le premier dans lequel il parle de lui et laisse s’exprimer sa mémoire. Comme si, parvenu à la cinquantaine, il voulait établir un premier état des lieux. Le cadre est celui de Naples dans les années 80, quand un miracle va se produire avec le débarquement du plus grand footballeur de la planète, l’Argentin Diego Maradona. Dès lors, les gamins de cette cité déshéritée où règne la Mafia vont vénérer un nouveau Dieu, aussi à l’aise de ses pieds que de sa main.
Toni Servillo et Filippo Scotti
Décrit par Sorrentino lui-même comme « un roman d’apprentissage, à la fois léger et douloureux », La main de Dieu est une déambulation nostalgique et solaire qui semble se dérouler dans un paradis perdu où un adolescent écrasé par sa famille est sauvé miraculeusement par un extra-terrestre du ballon rond. Le film repose sur une confrontation continue entre une certaine réalité impressionniste et des fantasmes sublimés, exercice de haute voltige auquel se prête particulièrement bien la virtuosité de Sorrentino, sur un registre qui n’est pas sans évoquer le ton de ces chroniques mémorielles que furent chez son illustre modèle Fellini Roma (1972) et Amarcord (1973) dont l’auteur avait peu ou prou le même âge lorsqu’il les a entrepris. Cette boîte de Pandore, exhale une douceur de vivre délicieuse qui n’édulcore aucune des épreuves de l’âge ingrat. Lion d’argent à la Mostra de Venise, le film a également valu à son interprète débutant Filippo Scotti le Prix Marcello Mastroianni du meilleur espoir. Comme pour mieux attester de la filiation de plus en plus assumée qui existe entre Fellini et Sorrentino dont La grande bellezza (2013) ressemblait déjà à s’y méprendre à une version moderne de La dolce vita (1960). Il signe là son film le plus personnel. Reste à vérifier s’il ouvre bel et bien là une nouvelle époque au sein de son œuvre parfois insaisissable…
Jean-Philippe Guerand
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