Documentaire français de Michel Leclerc (2019) Avec Yvonne Hagnauer, Roger Hagnauer… 1h49. Sortie le 3 novembre 2021.
Chaque guerre est une machine infernale qui laisse sur le carreau des orphelins à la chaîne, mais incite aussi parfois des hommes de bonne volonté à sauver ces enfants broyés par la folie des adultes. Tel est le cas du couple formé par Yvonne et Roger Hagnauer, surnommés Goéland et Pingouin, qui a entrepris de se consacrer à ce sauvetage de la dernière chance tourné résolument vers l’avenir en ouvrant la maison des enfants de Sèvres, une sorte d’orphelinat placé sous le signe de la compassion, de l’ouverture au monde et de la joie de vivre. Cette expérience humaine et pédagogique reflète les convictions de ses instigateurs, des intellectuels humanistes modelés par la société de l’Entre-Deux-Guerres qui se revendiquaient à la fois comme des anarchistes, pacifistes, syndicalistes et féministes qui ont transformé leur plus grand manque, être parents, en se consacrant à des gamins dont les malheurs de la guerre avaient hypothéqué les chances de grandir dans un cadre normal. Parmi ce demi-millier d’enfants figurait notamment la propre mère du réalisateur Michel Leclerc. Son premier documentaire est donc un authentique devoir de mémoire où la grande histoire rejoint des souvenirs intimes.
Pingouin et Goéland et leurs 500 petits est une formidable quête mémorielle qui lève le voile sur une initiative caritative atypique comme la Seconde Guerre mondiale en a engendré quelques-unes. Richard Dembo avait notamment retracé dans La maison de Nina (2005) l’histoire authentique d’une de ces maisons d’enfants créées à la Libération pour accueillir les orphelins juifs, puis les petits rescapés des camps de concentration. Le couple Hagnauer a entrepris cette initiative courageuse dès 1941, avec les risques considérables que représentait un geste d’une telle générosité et d’une telle audace dans la France de l’Occupation. C’est sur la spécificité pédagogique de ce véritable laboratoire éducatif et la générosité infinie de ses instigateurs que se concentre Michel Leclerc qui y mêle des souvenirs personnels hérités de sa mère. Ce documentaire intime et universel constitue aussi une formidable leçon de vie qu’on serait tenté de qualifier aujourd’hui de Feel Good Movie, tant sa vision rend confiance en l’humanité. Paix aux femmes et aux hommes de bonne volonté.
Jean-Philippe Guerand
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