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“Oranges sanguines” de Jean-Christophe Meurisse




Film français de Jean-Christophe Meurisse (2021), avec Alexandre Steiger, Christophe Paou, Lilith Grasmug, Denis Podalydès, Blanche Gardin, Vincent Dedienne, Lorella Cravotta, Olivier Saladin, Fred Blin, Céline Fuhrer… 1h42. Sortie le 17 novembre 2021.



Denis Podalydès, Alexandre Steiger et Christophe Paou



Le principe, on le connaît. C’est celui du film choral qui consiste à raconter plusieurs histoires simultanément, parfois en les imbriquant les unes dans les autres, souvent en établissant des passerelles entre elles. Dans Oranges sanguines, on croise ainsi un couple de retraités surendettés qui joue son avenir sur un concours de rock, un ministre en délicatesse, une adolescente confrontée à un maniaque et d’autres spécimens tout aussi peu recommandables d’une humanité en panne de repères moraux. Créateur de la fameuse compagnie des Chiens de Navarre et champion régional de curling, Jean-Christophe Meurisse réalise là son deuxième long métrage après Apnée (2016) qu’avait sélectionné la Semaine de la critique. Il mobilise d’ailleurs ici plusieurs membres de sa troupe dans les rôles principaux, avec en prime des guest stars telles que Denis Podalydès en ténor du barreau, Blanche Gardin en gynécologue sans langue de bois, Vincent Dedienne, Guilaine Londez et même Patrice Laffont en animateur de patronage.



Blanche Gardin et Lilith Grasmug



Oranges sanguines nous propose quelques tranches d’humanité saignantes qui décrivent des turpitudes parfois sordides et souvent cocasses. À l’instar de la vengeance impitoyable de cette jeune fille contre son agresseur sexuel qui va atteindre un sommet de sadisme et risque de traumatiser certains des spectateurs mâles du film dans leur virilité. La détermination de Meurisse passe par son refus des compromissions. Non seulement, il va au bout de son propos, mais il n’a cure des Happy Endings tels que les ont banalisé les Feel Good Movies si prisés de certains producteurs qui croient y voir la panacée universelle. Telle n’est pas vraiment la préoccupation principale d’un metteur en scène adepte du poil à gratter et du politiquement incorrect qui ne craint ni de choquer ni de manipuler le mauvais goût avec une certaine virtuosité. Cette comédie féroce et frondeuse a le mérite d’égrener quelques vérités frappées au coin du bon sens, en s’appuyant pour cela sur des caractères humains bien trempés qui reflètent assez justement la société contemporaine dans toute son horreur. Et personne n’est vraiment épargné par cette tornade.

Jean-Philippe Guerand





Lorella Cravotta et Olivier Saladin

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