Film franco-allemand de Vincent Maël Cardona (2019), avec Timothée Robart, Marie Colomb, Joseph Olivennes, Fabrice Adde, Louise Anselme, Younès Boucif, Maxence Tual, Judith Zins, Philippe Frécon, Antoine Pelletier… 1h38. Sortie le 17 novembre 2021.
Joseph Olivennes
Belle idée que de ressusciter la glorieuse époque des radios libres. Cette ère faste, mais pas si lointaine, à laquelle de véritables corsaires des ondes bravaient le monopole étatique pour faire entendre à la jeunesse des voix alternatives et lui permettre de vibrer au diapason de son époque. Les magnétiques raconte la complicité fusionnelle de deux frères au moment de l’accession au pouvoir de François Mitterrand et le formidable vent de liberté qui a soufflé sur la France pour cette génération. Pour son premier film, Vincent Maël Cardona n’a pas manqué d’ambition. Il a réuni des scénaristes nés comme lui au début des années 80 et choisit à dessein d’évoquer cette révolution de la force tranquille que ni lui ni ses camarades n’ont vécue. Il filme donc cette époque sans nostalgie, mais avec une grande authenticité, du service militaire obligatoire à ce détournement des consoles de mixage qui engendrait parfois des sons miraculeux.
Marie Colomb et Timothée Robart
La révolution que décrit Les magnétiques est celle qui a enterré définitivement les utopies de Mai 68 sous les assauts nihilistes du mouvement punk et annoncé un tournant politique majeur. L’habileté du film est de montrer la fracture béante qui sépare Paris du reste de la France, en renvoyant dos à dos la vie de province figée dans le passé et les promesses d’avenir qu’incarne la capitale devenue comme un phare dans la nuit. Une dichotomie qui s’exprime aussi par le conflit des générations qui oppose les frères à leur père, mais les désigne comme représentant deux générations déjà distinctes. La réussite de la reconstitution passe par un traitement du numérique destiné à lui appliquer une esthétique proche de celle de l’époque, avec ses groupes éphémères et sa fureur de vivre qui se projetaient jusqu’aux avant-postes de la zone d’occupation française de Berlin, une oasis située en plein cœur des pays de l’Est qui attisait les fantasmes les plus fous, mais où se voyaient affectés les moins pistonnés des appelés.
Jean-Philippe Guerand
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