Film français d’Antonin Peretjatko (2020), avec Anaïs Demoustier, Josiane Balasko, Philippe Katerine, William Lebghil, Sergi López, Jocelyne Augier, Philippe Duquesne, Thomas Poulard, Christian Taponard, Olivier Broche… 1h26. Sortie le 1er décembre 2021.
Josiane Balasko, Anaïs Demoustier et Philippe Katerine
Un paradoxe tenace veut que la comédie française fasse volontiers courir les foules, mais s’attire au passage les foudres des pisse-froid, quitte à procéder a posteriori à des révisions parfois déchirantes. D’entrée de jeu, Antonin Peretjatko a investi un créneau alternatif qui joue sur une relecture du nonsense anglo-saxon pince-sans-rire passé au crible de l’absurde cher aux surréalistes et aux suppôts libertaires de Jean-Pierre Mocky, du tandem Kervern-Delépine voire de Quentin Dupieux. Après La fille du 14 juillet (2013) et La loi de la jungle (2016), il disjoncte définitivement dans La pièce rapportée en mettant en scène une famille de nobliaux décadents dont le rejeton passablement dégénéré décide de faire le mur afin de découvrir ce monde dont il ignore à peu près tout et dont il revient affublé d’une guichetière du métro en guise d’épouse. Une union contre nature qui va déclencher l’ire de sa mère, tempérée par la perspective d’une descendance qui sauverait la tribu en perpétuant son nom glorieux.
Anaïs Demoustier
Passé maître dans l’art de la comédie de caractères narquoise et caustique émaillée de ponctuations burlesques, Peretjatko sort de sa zone de confort et de ce qu’on pourra qualifier d’humour de potache pour intégrer dans son univers des interprètes chevronnés, eux-mêmes issus d’horizons divers. Avec en guise de centre de gravité (ou plutôt… d’hilarité) cette “reine mère” campée par Josiane Balasko qui entend tout régenter, surtout dès lors qu’il s’agit des destinées sentimentales de son fils qu’incarne un Philippe Katerine plus lunaire que jamais en simplet blasonné. Quant à Anaïs Demoustier, elle creuse le sillon des amoureuses pétillantes et nous propose une version alternative des Amours d’Anaïs, registre dans lequel elle excelle d’autant plus qu’elle évolue ici parmi un aréopage d’hurluberlus d’où émerge des personnalités telles que Sergi López, désopilant en chauffeur à casquette. Le talent du réalisateur consiste à brasser des personnalités venues d’horizons divers et de les laisser réagir les uns par rapport aux autres dans une saine émulation. C’est la valeur ajoutée de cette comédie désopilante et résolument iconoclaste qui mériterait de réconcilier critique et public.
Jean-Philippe Guerand
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