Film franco-belge d’Emmanuelle Bercot (2020), avec Benoît Magimel, Catherine Deneuve, Gabriel A. Sara, Cécile de France, Oscar Morgan, Lou Lampros, Melissa George, Clément Ducol, Olga Mouak… 1h32. Sortie le 24 novembre 2021.
Gabriel A. Sara et Benoît Magimel
Un homme atteint d’un cancer en phase terminale va devoir régler ses comptes avec son entourage afin de mourir en paix. Difficile de résumer de façon plus pimpante le nouvel opus d’Emmanuelle Bercot, sinon qu’il donne de la fin de vie une vision à la fois réaliste et dépourvue de pathos qui s’inscrit dans la continuité logique de son précédent film, La fille de Brest (2016), consacré à la croisade d’Irène Frachon contre les ravages du Mediator. Mélo assumé, De son vivant réunit le tandem déjà formé par Catherine Deneuve et Benoît Magimel dans La tête haute (2015). Ce dernier y campe Benjamin, professeur d’art dramatique qui n’a cessé de repousser le moment d’affronter la maladie en s’épuisant pour pouvoir former ses élèves au concours du Conservatoire. Confié aux bons soins d’un oncologue empathique qui prône l’usage d’une thérapie douce, incarné par le médecin libanais Gabriel A. Sara dont la personnalité a nourri le personnage, il se trouve déchiré entre une mère qui l’étouffe et un fils qu’il n’a jamais reconnu…
Catherine Deneuve et Benoît Magimel
Le film est indissociable de l’interprétation prodigieuse de Magimel qui confirme qu’il est bien l’un des rares acteurs de composition du cinéma français et prend là une solide option pour le prochain César, sans jamais forcer son talent. Emmanuel Bercot l’intègre pour cela dans un dispositif particulier qui privilégie l’authenticité l’entourant pour cela des membres authentiques du personnel hospitalier, à l’exception notable de Cécile de France en infirmière compassionnelle. La mise en scène dépouillée contraste de façon saisissante avec les grands sentiments au service desquels elle déploie ses fastes. L’un des principaux atouts de ce film souvent poignant est d’assumer son parti pris et d’en optimiser les moindres ressources avec une rare élégance. La réalisatrice rend au mélodrame ses lettres de noblesse sans jamais bouder son plaisir et traite du sujet le plus ardu qui soit, la fin de vie, avec davantage de retenue que de lyrisme, mais sans occulter aucun de ses enjeux. C’est toute la noblesse de ce film magistral qui ne craint jamais d’émouvoir, mais se donne les moyens de transformer une réflexion sur la mort en le plus improbable des Feel Good Movies.
Jean-Philippe Guerand
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