Documentaire français d’Arnaud Fournier Montgieux (2021), avec Frère François, Ryan Henry, Betsy Henry, Roberto Zielinsky, Père Raphaël, Père Glenn, Père Francis Mary, Frère Paschal… 1h18. Sortie le 17 novembre 2021.
Étonnante destinée que celle dont nous entretient ce film. Frère François est aujourd’hui un membre à part entière de la communauté des Franciscains du Renouveau qui a renoncé à sa carrière d’ingénieur et à sa passion pour l’art afin d’aller se consacrer aux habitants du ghetto américain de Newark, qu’ils soient déshérités ou délinquants. Quitte à tisser des liens étroits avec les plus improbables des pécheurs et à vouer sa vie aux autres. À travers ce portrait saisissant et souvent touchant, Arnaud Fournier Montgieux questionne la puissance de la foi religieuse dans un monde moderne qui exalte les mirages de la société de consommation. Pour avoir apprivoisé son protagoniste au cours d’une longue période, le réalisateur a instauré avec lui une relation de confiance précieuse dont il use pour nous introduire dans l’entourage de Frère François et dresser quelques portraits saisissants de ses interlocuteurs. Avec en corollaire son attitude qui s’interdit de juger pour entourer et soulager des parias de la société de consommation, en leur témoignant le même dévouement, qu’ils soient dans la misère ou hors-la-loi. Mais la morale n’est pas de mise dans sa mission, car secourir n’est en aucun cas juger.
Face à ces hommes qui se sont retirés du monde pour venir en aide aux plus démunis, Brother cherche à élucider rien moins que le mystère de la foi, en soulignant le contraste qui existe entre les membres de cette communauté franciscaine vêtus de robes de bure qui renvoient au Moyen-Âge du Nom de la rose et des oubliés de la croissance qui affichent les signes de reconnaissance d’une population urbaine d’aujourd’hui et survivent plus mal que bien avec l’illégalité comme seule échappatoire. Cette immersion parmi les habitations délabrées d’un faubourg new-yorkais prend assez vite l’allure d’une croisade humanitaire, sans jamais chercher à occulter les questions qui fâchent. Ici, les délinquants sont avant tout des survivants que la société a laissés sur le bord de la route et qui n’ont d’autre alternative que de se débrouiller par eux-mêmes dans un pays prospère dont les services sociaux ne peuvent secourir toute la misère du monde. Ce constat, Brother l’illumine d’un regard bienveillant et d’un sourire complice qu’on n’est pas près d’oublier tant ils irradient ce film généreux dont les héros sont en quelque sorte des frères Sourire.
Jean-Philippe Guerand
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