Film français de Nicole Garcia (2019), avec Pierre Niney, Stacy Martin, Benoît Magimel, Christophe Montenez, Nicolas Wanczycki, Grégoire Colin, Roxane Duran, Béleina Win… 1h42. Sortie le 17 novembre 2021.
Pierre Niney et Stacy Martin
Lisa et Simon partagent une relation fusionnelle depuis leur adolescence. Jusqu’au jour où il disparaît purement et simplement sans laisser d’adresse ni donner de ses nouvelles, contraignant la jeune femme à refaire sa vie avec un homme plus âgé qu’elle qui va lui apporter le confort et un bonheur artificiel… Nicole Garcia a toujours aimé les personnages forts. Avec son coscénariste Jacques Fieschi, elle investit cette fois un genre cinématographique parmi les plus connotés : le film noir. Comme pour mieux laisser les zones d’ombre envahir le décor et engloutir ses protagonistes. Avec ce poids de la fatalité qui plane et menace de tout emporter sur son passage. Au jeune couple idéal formé par Pierre Niney et Stacy Martin, deux acteurs abrasifs qui se jettent dans chacun de leurs rôles avec une rare intensité, elle adjoint Benoît Magimel qu’elle retrouve là quinze ans après Selon Charlie et dont elle exploite à merveille les moindres fêlures creusées par le temps.
Pierre Niney et Stacy Martin
Derrière son titre laconique, Amants dissimule une complexité psychologique comme les affectionne la réalisatrice. À un amour de jeunesse éperdu, elle oppose un mariage de convenance régi par des motifs qui doivent davantage à la raison qu’à la passion. Mais les deux ne s’avèrent pas compatibles et ne peuvent se résoudre que sur un mode tragique. Nicole Garcia joue d’une direction d’acteurs impeccable et d’une atmosphère soutenue plastiquement par la photo ténébreuse et glacée de Christophe Beaucarne (qu’elle retrouve après Mal de pierres), les décors de Thierry Flamand (dont c’est la cinquième collaboration avec la réalisatrice) et la musique de Grégoire Hetzel. Il émane de cette équation à trois inconnus une profonde mélancolie qui relève autant de la fin de l’insouciance propre à la jeunesse que du cynisme désabusé propre parfois au vieillissement. Derrière les apparences clinquantes de ce bonheur factice se profile un authentique mal de vivre qui doit beaucoup à ses interprètes. Le miroir que tend Nicole Garcia à ses personnages est brisé par l’effondrement inéluctable de leurs illusions.
Jean-Philippe Guerand
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