Accéder au contenu principal

“Tralala” d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu




Film français d’Arnaud et Jean-Marie Larrieu (2020), avec Mathieu Amalric, Josiane Balasko, Mélanie Thierry, Maïwenn, Bertrand Belin, Denis Lavant, Galatea Bellugi, Jalil Lespert… 2h. Sortie le 6 octobre 2021.



Mathieu Amalric et Galatea Bellugi



“Avec son tralala”, Suzy Delair faisait tourner toutes les têtes et chacun rêvait d'être dans ses bras. Avec leur Tralala, les Larrieu s’essaient à la comédie musicale vers laquelle ils avaient déjà tenté quelques incursions dans certains de leurs films précédents. Ils ont convoqué pour cela le nec plus ultra de la chanson française actuelle : Jeanne Cherhal, Philippe Katerine, Étienne Daho, Dominique A et Bertrand Belin, seul ce dernier apparaissant à l’écran. Attiré par une mystérieuse fille vêtue de bleu, un chanteur des rues qui se croit confronté à un miracle part pour Lourdes où une femme se réjouit du retour de son fils prodigue disparu depuis vingt ans. Dès lors, il va lui falloir s’arranger avec un destin par procuration et renouer les fils d’une vie interrompue face à ce véritable public devant lequel il a toujours rêvé de chanter. Ce scénario filandreux qui prend en compte le contexte sanitaire, pour l'une des premières fois à l'écran, joue sur les faux-semblants avec une habileté qui pâtit toutefois de son abondance de personnages et d’intrigues périphériques souvent accessoires. On se trouve confronté à un arbre luxuriant qui aurait mérité d’être élagué pour pousser plus droit en consolidant ses racines.



Bertrand Belin


Embarqués par leur enthousiasme coutumier et leur admiration sans bornes pour le maître incontesté de la comédie musicale Made in France, Jacques Demy, Arnaud et Jean-Marie Larrieu perdent de vue ce qui faisait la qualité de ses plus grands chefs d’œuvre : l’harmonie. Même s’ils filment leur Pays basque avec grâce et observent Lourdes d’un point de vue singulier, le spectacle vibre au diapason des chansons dont les auteurs voient leur personnalité artistique dissoute dans un alambic commun qui les rend méconnaissables, hormis Bertrand Belin qui fait entendre sa voix si particulière. Jusqu’à certains thèmes chers à l’auteur des Demoiselles de Rochefort et de Trois places pour le 26 : malentendu amoureux, enfant caché, soupirants transis. Ici, l’abondance édulcore l’émotion et les apparences s’avèrent trop souvent trompeuses pour nous permettre de nous attacher à autant de personnages. Reste la qualité de l’interprétation et une certaine idée de la déchéance qu’incarne merveilleusement un Mathieu Amalric plus égaré que jamais dans le tambour de cette machine à laver en position essorage qui tourne parfois un peu à vide.

Jean-Philippe Guerand





Bertrand Belin, Josiane Balasko et Mélanie Thierry

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Le paradis des rêves brisés

La confession qui suit est bouleversante… © A Medvedkine Elle est le fait d’une jeune fille de 22 ans, Anna Bosc-Molinaro, qui a travaillé pendant cinq années à différents postes d’accueil à la Cinémathèque Française dont elle était par ailleurs une abonnée assidue. Au-delà de ce lieu mythique de la cinéphilie qui confie certaines tâches à une entreprise de sous-traitance aux méthodes pour le moins discutables, CityOne (http://www.cityone.fr/) -dont une responsable non identifiée s’auto-qualifie fièrement de “petit Mussolini”-, sans nécessairement connaître les dessous répugnants de ses “contrats ponctuels”, cette étudiante éprise de cinéma et idéaliste s’est retrouvée au cœur d’un mauvais film des frères Dardenne, victime de l'horreur économique dans toute sa monstruosité : harcèlement, contrats précaires, horaires variables, intimidation, etc. Ce n’est pas un hasard si sa vidéo est signée Medvedkine, clin d’œil pertinent aux fameux groupes qui signèrent dans la mouva

Bud Spencer (1929-2016) : Le colosse à la barbe fleurie

Bud Spencer © DR     De Dieu pardonne… Moi pas ! (1967) à Petit papa baston (1994), Bud Spencer a tenu auprès de Terence Hill le rôle de complice qu’Oliver Hardy jouait aux côtés de Stan Laurel. À 75 ans et après plus de cent films, l’ex-champion de natation Carlo Pedersoli, colosse bedonnant et affable, était la surprenante révélation d’ En chantant derrière les paravents  (2003) d’Ermanno Olmi, Palme d’or à Cannes pour L’arbre aux sabots . Une expérience faste pour un tournant inattendu au sein d’une carrière jusqu’alors tournée massivement vers la comédie et l’action d’où émergent des films comme On l’appelle Trinita (1970), Deux super-flics (1977), Pair et impair (1978), Salut l’ami, adieu le trésor (1981) et les aventures télévisées d’ Extralarge (1991-1993). Entrevue avec un phénomène du box-office.   Rencontre « Ermanno Olmi a insisté pour que je garde mon pseudonyme, car il évoque pour lui la puissance, la lutte et la violence. En outre, c’était

Jean-Christophe Averty (1928-2017) : Un jazzeur sachant jaser…

Jean-Christophe Averty © DR Né en 1928, Jean-Christophe Averty est élève de l'Institut des Hautes Etudes Cinématographiques (Idhec) avant de partir travailler en tant que banc-titreur pour les Studios Disney de Burbank où il reste deux ans en accumulant une expertise précieuse qu'il saura mettre à profit par la suite. De retour en France, il intègre la RTF en 1952 où il réalisera un demi-millier d'émissions de radio et de télévision dont Les raisins verts (1963-1964) qui assoit sa réputation de frondeur à travers l'image récurrente d'une poupée passé à la moulinette d'un hachoir à viande et pas moins de 1 805 numéros des Cinglés du music-hall (1982-2006) où il exprime sa passion pour la musique, sur France Inter, puis France Culture, lui, l'amateur de jazz à la voix inimitable chez qui les mots semblent se bousculer. Fin lettré et passionné par les images, l’iconoclaste Averty compte parmi les pionniers de la vidéo et se caract