Film français de Maxime Roy (2021), avec François Créton, Roméo Créton, Richard Bohringer, Ariane Ascaride, Patrick d’Assumçao, Clotilde Courau, Clara Ponsot, Chad Chenouga… 1h39. Sortie le 20 octobre 2021.
Roméo Créton et François Créton
Le cinéma semble parfois avoir été inventé pour donner une seconde chance aux éclopés de la vie, le loser étant devenu peu à peu l’une de ses figures emblématiques. Dans son premier long métrage, Maxime Roy poursuit sa collaboration fructueuse avec François Créton, révélé dans Beautiful Loser (2018) qui en constituait l’esquisse. À travers ce personnage déglingué qui lutte contre ses démons pour se mettre en règle avec lui-même au moment où il va devenir père pour la deuxième fois, Maxime Roy dresse un portrait tendre et cruel de la génération punk, celle qui a donné au cinéma des personnalités aussi atypiques que Patrick Grandperret (Mona et moi, 1989), F. J. Ossang (L’affaire des divisions Morituri, 1985) ou Bernie Bonvoisin (Les démons de Jésus, 1997). Ce constat amer passe par la confrontation de ce rebelle qui n’est jamais parvenu à être ni un bon fils, ni un père responsable, ni même un partenaire fiable, avec les spectres de son passé : son paternel qu’incarne Richard Bohringer, la compagne apaisante de celui-ci que campe Ariane Ascaride, son fils aîné qui n’est autre que son propre rejeton, Roméo, et Clotilde Courau dans l’un de ces personnages fracassés dans lesquels elle excelle depuis toujours, et plus encore depuis qu’elle a épousé un prince.
Richard Bohringer et François Créton
Les héroïques est un premier film comme on les aime, avec un trop-plein de sentiments et d’émotions en guise de centre de gravité. Maxime Roy se concentre sur ses protagonistes qu’il se garde bien d’accabler ou même simplement de juger. Ce qui l’intéresse, c’est la noblesse enfouie sous la déchéance et cette illusion de grandeur à laquelle ils s’accrochent pour ne pas sombrer. La caméra est toujours là où il faut pour scruter ces visages et ces corps abîmés par la drogue qui se débattent dans un monde qui a toujours préféré détourner son regard pour ne pas avoir à les secourir et à les protéger d’eux-mêmes autant que des autres. Le film repose pour une bonne part sur l’alchimie qui s’est instaurée entre le réalisateur et celui qui est tout à la fois son coscénariste et son interprète principal, François Créton, dont la douceur du regard et la voix douce contrastent de façon saisissante avec son physique sculpté de l’intérieur par les substances délétères et les spectres d’une vie d’excès. Ces deux-là esquissent avec ce film d’amour de belles promesses.
Jean-Philippe Guerand
Roméo Créton et Patrick d’Assumçao
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