Film américain de Christoph Waltz (2019), avec Christoph Waltz, Vanessa Redgrave, Annette Bening, Corey Hawkins, Laura de Carteret, Dan Lett, Amin Bhatia, Jayne Lewis… 2h06. Disponible sur OCS, Canal VOD, Viva, et UniversCiné.
Vanessa Redgrave et Christoph Waltz
Pour son premier film de cinéma en tant que réalisateur, l’acteur d’origine autrichienne Christoph Waltz, vu dans des rôles baroques chez Quentin Tarantino (Inglourious Basterds et Django Unchained) et Tim Burton (Big Eyes), s’offre un biopic pour le moins singulier dont le personnage central est un mythomane arriviste qui, au tournant du troisième millénaire, est parvenu à infiltrer les plus hautes sphères du pouvoir américain en abusant de la faiblesse d’une vieille journaliste. Une incroyable affaire de trafic d’influence dont il interprète le rôle principal avec autant de gourmandise que d’abattage, sourire carnassier et bandeau sur l’œil, en s’inventant des faits d’armes héroïques, des médailles en chocolat et même un grade de général de brigade. Cette histoire véridique qui se déroule dans le quartier le plus huppé de Washington, le centre de gravité du pouvoir américain, est rocambolesque à souhait pour justifier ce jeu de dupes grinçant conçu comme une déclinaison de la fameuse pyramide de Ponzi dans laquelle un escroc roublard et manipulateur utilise le carnet d’adresses de son épouse abusée pour entrer en contact avec des personnalités de plus en plus puissantes, sous couvert d’une ONG destinée à flatter les élites et à engranger les dons.
Christoph Waltz
Le film démonte de façon savoureuse cette mécanique diabolique qui piège des hommes d’influence tels que le milliardaire George Soros, le secrétaire d’État Robert MacNamara et même… le Premier ministre français Michel Rocard (assez peu ressemblant), sous le regard interloqué de la fille unique de la journaliste. Galvanisé par son audace, le pervers Ulrich Mott ira même jusqu’à aller s’installer en Irak pour y mener des pourparlers alternatifs avec des factions terroristes, au nez et à la barbe des diplomates américains ridiculisés autant qu’humiliés par cette initiative politiquement fort incorrecte. Un sujet en or que Waltz traite sur le ton de la comédie sardonique, en montrant comment les cercles les plus fermés du pouvoir peuvent parfois se révéler perméables aux atteintes les plus grossières. Georgetown souligne une fois de plus que quand la réalité dépasse la fiction, il n’y a vraiment plus de limites. Surtout quand c’est en compagnie d’actrices aussi inspirées que Vanessa Redgrave et Annette Bening.
Jean-Philippe Guerand
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