Accéder au contenu principal

“Eiffel” de Martin Bourboulon




Film français de Martin Bourboulon (2020), avec Romain Duris, Emma Mackey, Pierre Deladonchamps, Armande Boulanger, Bruno Raffaelli, Alexandre Steiger, Andranic Manet, Philippe Herisson… 1h49. Sortie le 13 octobre 2021.



Romain Duris



Étonnant qu’il ait fallu attendre aussi longtemps pour voir racontée à l’écran la naissance du symbole de Paris et par extension l’incroyable destinée de son créateur, orfèvre en matière de structures métalliques à la renommée universelle. Eiffel est donc l’aboutissement d’un projet ambitieux, au même titre que la tour dont le film raconte la genèse. La technologie moderne constitue en outre un formidable atout, tant on a du mal à imaginer une telle reconstitution exempte de cet arsenal d’effets numériques. Le film exploite en fait des ressources comparables à celles qui ont révolutionné l’architecture moderne et permis de donner à la conception graphique un hyperréalisme saisissant. Il s’appuie en outre sur une histoire sentimentale présentée comme un traumatisme fondateur de la carrière de l’ingénieur campé à l’écran par Romain Duris. Mais l’essentiel est évidemment la genèse de ce tour de force architectural ou plutôt de… cette tour de force devenue une fierté nationale et l’un des monuments les plus visités de la planète.






Ce projet initié par la scénariste Caroline Bongrand il y a une trentaine d’années (en fait au lendemain du centenaire de la “dame de fer”) est passé entre de multiples mains avant d’échoir au réalisateur de Papa ou maman, déjà en plein tournage de la énième version des Trois mousquetaires. Entre-temps, Thomas Bidegain, Natalie Carter et même la romancière Tatiana de Rosnay se sont penchés sur le berceau de ce biopic qui ne cache pas ses ambitions internationales. Son intérêt repose sur la composition de Romain Duris et une reconstitution assez bluffante de la montée au ciel de cette tour qui deviendra le symbole de Paris (puis l’emblème du PSG). Le parti pris du film repose en outre sur l’histoire d’amour malheureuse de Gustave Eiffel avec Adrienne Bourgès, une fille de notable dont la famille refuse ce qu’elle considère comme une mésalliance. Le film de Martin Bourboulon recycle là une formule éprouvée qui a notamment réussi au Titanic (1998) de James Cameron, en imbriquant un événement historique dont le récit pourrait s’avérer monotone à une romance qui manque d’ardeur. Dommage que le personnage incarné par la franco-britannique Emma Mackey (révélée par la série de Netflix “Sex Education”) manque à ce point de consistance. C’est là le seul point faible de cette reconstitution aussi bluffante que spectaculaire.

Jean-Philippe Guerand







Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Le paradis des rêves brisés

La confession qui suit est bouleversante… © A Medvedkine Elle est le fait d’une jeune fille de 22 ans, Anna Bosc-Molinaro, qui a travaillé pendant cinq années à différents postes d’accueil à la Cinémathèque Française dont elle était par ailleurs une abonnée assidue. Au-delà de ce lieu mythique de la cinéphilie qui confie certaines tâches à une entreprise de sous-traitance aux méthodes pour le moins discutables, CityOne (http://www.cityone.fr/) -dont une responsable non identifiée s’auto-qualifie fièrement de “petit Mussolini”-, sans nécessairement connaître les dessous répugnants de ses “contrats ponctuels”, cette étudiante éprise de cinéma et idéaliste s’est retrouvée au cœur d’un mauvais film des frères Dardenne, victime de l'horreur économique dans toute sa monstruosité : harcèlement, contrats précaires, horaires variables, intimidation, etc. Ce n’est pas un hasard si sa vidéo est signée Medvedkine, clin d’œil pertinent aux fameux groupes qui signèrent dans la mouva

Bud Spencer (1929-2016) : Le colosse à la barbe fleurie

Bud Spencer © DR     De Dieu pardonne… Moi pas ! (1967) à Petit papa baston (1994), Bud Spencer a tenu auprès de Terence Hill le rôle de complice qu’Oliver Hardy jouait aux côtés de Stan Laurel. À 75 ans et après plus de cent films, l’ex-champion de natation Carlo Pedersoli, colosse bedonnant et affable, était la surprenante révélation d’ En chantant derrière les paravents  (2003) d’Ermanno Olmi, Palme d’or à Cannes pour L’arbre aux sabots . Une expérience faste pour un tournant inattendu au sein d’une carrière jusqu’alors tournée massivement vers la comédie et l’action d’où émergent des films comme On l’appelle Trinita (1970), Deux super-flics (1977), Pair et impair (1978), Salut l’ami, adieu le trésor (1981) et les aventures télévisées d’ Extralarge (1991-1993). Entrevue avec un phénomène du box-office.   Rencontre « Ermanno Olmi a insisté pour que je garde mon pseudonyme, car il évoque pour lui la puissance, la lutte et la violence. En outre, c’était

Jean-Christophe Averty (1928-2017) : Un jazzeur sachant jaser…

Jean-Christophe Averty © DR Né en 1928, Jean-Christophe Averty est élève de l'Institut des Hautes Etudes Cinématographiques (Idhec) avant de partir travailler en tant que banc-titreur pour les Studios Disney de Burbank où il reste deux ans en accumulant une expertise précieuse qu'il saura mettre à profit par la suite. De retour en France, il intègre la RTF en 1952 où il réalisera un demi-millier d'émissions de radio et de télévision dont Les raisins verts (1963-1964) qui assoit sa réputation de frondeur à travers l'image récurrente d'une poupée passé à la moulinette d'un hachoir à viande et pas moins de 1 805 numéros des Cinglés du music-hall (1982-2006) où il exprime sa passion pour la musique, sur France Inter, puis France Culture, lui, l'amateur de jazz à la voix inimitable chez qui les mots semblent se bousculer. Fin lettré et passionné par les images, l’iconoclaste Averty compte parmi les pionniers de la vidéo et se caract