Accéder au contenu principal

“Barbaque” de Fabrice Eboué




Film français de Fabrice Eboué (2020), avec Fabrice Eboué, Marina Foïs, Virginie Hocq, Jean-François Cairey, Roby Schinasi… 1h27. Sortie le 27 octobre 2021.



Marina Foïs et Fabrice Eboué



Un boucher de quartier malheureux en ménage voit son petit commerce attaqué par un gang de vegans qui menace sa survie. La providence vient à s’en mêler quand, au terme d’un malheureux concours de circonstances, il se met à écouler une viande originaire d’Iran qui suscite un engouement inattendu parmi sa clientèle. Dès lors, il va lui falloir répondre à la demande par tous les moyens, à commencer par les moins orthodoxes. Les comédies les plus drôles sont souvent celles qui trouvent leur origine dans un phénomène de société, comme l’a prouvé naguère Coline Serreau qui n’avait pas son pareil pour les repérer. C’est ce qu’a parfaitement compris Fabrice Eboué en stigmatisant une fois de plus dans Barbaque l’intolérance sous ses formes les plus extrêmes. Il s’appuie sur nos petits travers pour dénoncer des comportements irrationnels qui sclérosent la société par l’intermédiaire de corporations sectaires nullement disposées à se soumettre au fameux dogme du “vivre ensemble”. Avec cette idée de ponctuer son récit d’extraits de fausses émissions de “Faites entrer l’accusé” présentées par l’irrésistible Christophe Hondelatte.



Marina Foïs et Fabrice Eboué



Barbaque est une comédie féroce au tempo implacable qui s’appuie sur le couple savoureux formé par Fabrice Eboué et Marina Foïs. Deux héros bien peu recommandables qui réagissent avec l’énergie du désespoir à des phénomènes contemporains aussi capricieux qu’irrationnels. En adoptant le parti d’en rire, le coréalisateur de Case départ (2011), du Crocodile du Botswanga (2014) et de CoeXister (2017) fait bouger le centre de gravité de son humour en s’attaquant aux manifestations les plus aberrantes de la sclérose qui fissure notre société à petit feu, mais il n’épargne personne pour autant. Chez lui, la bêtise n’est pas toujours qu’un vilain défaut et la raison du plus fou est souvent la meilleure. À l’artisan boucher qui discute le bout de gras avec ses clients, il oppose l’industriel cynique pour qui la viande n’est qu’une marchandise comme les autres. Quant au vegan romantique issu de l’imagerie romantique hippie, il le confronte à des activistes intolérants. Reste que Barbaque se déguste saignant et que son interdiction aux moins de 12 ans fonctionne comme un gage de subversion garantie.

Jean-Philippe Guerand



Fabrice Eboué

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Le paradis des rêves brisés

La confession qui suit est bouleversante… © A Medvedkine Elle est le fait d’une jeune fille de 22 ans, Anna Bosc-Molinaro, qui a travaillé pendant cinq années à différents postes d’accueil à la Cinémathèque Française dont elle était par ailleurs une abonnée assidue. Au-delà de ce lieu mythique de la cinéphilie qui confie certaines tâches à une entreprise de sous-traitance aux méthodes pour le moins discutables, CityOne (http://www.cityone.fr/) -dont une responsable non identifiée s’auto-qualifie fièrement de “petit Mussolini”-, sans nécessairement connaître les dessous répugnants de ses “contrats ponctuels”, cette étudiante éprise de cinéma et idéaliste s’est retrouvée au cœur d’un mauvais film des frères Dardenne, victime de l'horreur économique dans toute sa monstruosité : harcèlement, contrats précaires, horaires variables, intimidation, etc. Ce n’est pas un hasard si sa vidéo est signée Medvedkine, clin d’œil pertinent aux fameux groupes qui signèrent dans la mouva

Bud Spencer (1929-2016) : Le colosse à la barbe fleurie

Bud Spencer © DR     De Dieu pardonne… Moi pas ! (1967) à Petit papa baston (1994), Bud Spencer a tenu auprès de Terence Hill le rôle de complice qu’Oliver Hardy jouait aux côtés de Stan Laurel. À 75 ans et après plus de cent films, l’ex-champion de natation Carlo Pedersoli, colosse bedonnant et affable, était la surprenante révélation d’ En chantant derrière les paravents  (2003) d’Ermanno Olmi, Palme d’or à Cannes pour L’arbre aux sabots . Une expérience faste pour un tournant inattendu au sein d’une carrière jusqu’alors tournée massivement vers la comédie et l’action d’où émergent des films comme On l’appelle Trinita (1970), Deux super-flics (1977), Pair et impair (1978), Salut l’ami, adieu le trésor (1981) et les aventures télévisées d’ Extralarge (1991-1993). Entrevue avec un phénomène du box-office.   Rencontre « Ermanno Olmi a insisté pour que je garde mon pseudonyme, car il évoque pour lui la puissance, la lutte et la violence. En outre, c’était

Jean-Christophe Averty (1928-2017) : Un jazzeur sachant jaser…

Jean-Christophe Averty © DR Né en 1928, Jean-Christophe Averty est élève de l'Institut des Hautes Etudes Cinématographiques (Idhec) avant de partir travailler en tant que banc-titreur pour les Studios Disney de Burbank où il reste deux ans en accumulant une expertise précieuse qu'il saura mettre à profit par la suite. De retour en France, il intègre la RTF en 1952 où il réalisera un demi-millier d'émissions de radio et de télévision dont Les raisins verts (1963-1964) qui assoit sa réputation de frondeur à travers l'image récurrente d'une poupée passé à la moulinette d'un hachoir à viande et pas moins de 1 805 numéros des Cinglés du music-hall (1982-2006) où il exprime sa passion pour la musique, sur France Inter, puis France Culture, lui, l'amateur de jazz à la voix inimitable chez qui les mots semblent se bousculer. Fin lettré et passionné par les images, l’iconoclaste Averty compte parmi les pionniers de la vidéo et se caract