Accéder au contenu principal

“Le braquage du siècle” d’Ariel Winograd




El robo del siglo Film argentin d’Ariel Winograd (2020), avec Guillermo Francella, Diego Peretti, Juan Alari, Pablo Rago, Rafael Ferro, Mariano Argento, Luis Luque… 1h54. Sortie le 8 septembre 2021.






Le coup du casse le plus extraordinaire, le cinéma nous le fait régulièrement. Au point que c’est devenu un sous-genre à part entière auquel la réalité s’ingénie à pratiquer une véritable surenchère. Le braquage du siècle s’inspire ainsi d’un fait divers mémorable qui a déjà donné du grain à moudre aux scénaristes de la série espagnole La Casa de Papel (sans toutefois citer leurs sources) qui compte déjà pas moins de cinq saisons. L’affaire s’est déroulée le 13 janvier 2006 à Buenos Aires, quand six hommes armés de fusils factices se sont introduits dans les locaux de la succursale de la Banco Río à Acassuso où ils ont pris en otage le personnel et les clients, après avoir préparé méticuleusement leur fuite par les égouts. Comme naguère leur modèle Albert Spaggiari, l’auteur du fameux casse de Nice, ces bourgeois tranquilles ont accompli leur forfait “sans haine ni violence”. C’est cet état d’esprit qui sous-tend le film d’Ariel Winograd dont on s’amusera à noter qu’il accomplit naguère ses premières armes comme stagiaire sur un autre film consacré à une attaque de banque, américain celui-là, Inside Man - L’homme de l’intérieur (2006) de Spike Lee.






Le braquage du siècle s’appuie sur une galerie de personnages pittoresques embarqués dans une folle aventure avec pour seul objectif d’avoir une vie meilleure. Ces gentlemen-cambrioleurs manifestent juste le goût du travail bien fait. Ce sont en quelque sorte des artisans du casse que rien ne destinait à un tel exploit. Ce spectacle ludique et gentiment amoral n’a cure des classiques du genre et n’aspire aucunement à s’en inspirer. Il repose sur la personnalité de ses protagonistes et leurs motivations parfaitement légitimes : s’assurer une fin de vie à l’abri du besoin. C’est là qu’Ariel Winograd affirme sa différence. Au-delà de la stricte mécanique policière, à laquelle le cinéma nous a habitués, le film se concentre sur son aspect humain à travers une galerie de portraits attachants pourvus d’un supplément d’âme par des interprètes d’une justesse à toute épreuve, pour la plupart inconnus en France, ce qui ajoute sans doute à la vraisemblance de ce portrait de groupe. Voici un film ludique qui ne boude jamais son plaisir… ni le nôtre.

Jean-Philippe Guerand






Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Le paradis des rêves brisés

La confession qui suit est bouleversante… © A Medvedkine Elle est le fait d’une jeune fille de 22 ans, Anna Bosc-Molinaro, qui a travaillé pendant cinq années à différents postes d’accueil à la Cinémathèque Française dont elle était par ailleurs une abonnée assidue. Au-delà de ce lieu mythique de la cinéphilie qui confie certaines tâches à une entreprise de sous-traitance aux méthodes pour le moins discutables, CityOne (http://www.cityone.fr/) -dont une responsable non identifiée s’auto-qualifie fièrement de “petit Mussolini”-, sans nécessairement connaître les dessous répugnants de ses “contrats ponctuels”, cette étudiante éprise de cinéma et idéaliste s’est retrouvée au cœur d’un mauvais film des frères Dardenne, victime de l'horreur économique dans toute sa monstruosité : harcèlement, contrats précaires, horaires variables, intimidation, etc. Ce n’est pas un hasard si sa vidéo est signée Medvedkine, clin d’œil pertinent aux fameux groupes qui signèrent dans la mouva

Bud Spencer (1929-2016) : Le colosse à la barbe fleurie

Bud Spencer © DR     De Dieu pardonne… Moi pas ! (1967) à Petit papa baston (1994), Bud Spencer a tenu auprès de Terence Hill le rôle de complice qu’Oliver Hardy jouait aux côtés de Stan Laurel. À 75 ans et après plus de cent films, l’ex-champion de natation Carlo Pedersoli, colosse bedonnant et affable, était la surprenante révélation d’ En chantant derrière les paravents  (2003) d’Ermanno Olmi, Palme d’or à Cannes pour L’arbre aux sabots . Une expérience faste pour un tournant inattendu au sein d’une carrière jusqu’alors tournée massivement vers la comédie et l’action d’où émergent des films comme On l’appelle Trinita (1970), Deux super-flics (1977), Pair et impair (1978), Salut l’ami, adieu le trésor (1981) et les aventures télévisées d’ Extralarge (1991-1993). Entrevue avec un phénomène du box-office.   Rencontre « Ermanno Olmi a insisté pour que je garde mon pseudonyme, car il évoque pour lui la puissance, la lutte et la violence. En outre, c’était

Jean-Christophe Averty (1928-2017) : Un jazzeur sachant jaser…

Jean-Christophe Averty © DR Né en 1928, Jean-Christophe Averty est élève de l'Institut des Hautes Etudes Cinématographiques (Idhec) avant de partir travailler en tant que banc-titreur pour les Studios Disney de Burbank où il reste deux ans en accumulant une expertise précieuse qu'il saura mettre à profit par la suite. De retour en France, il intègre la RTF en 1952 où il réalisera un demi-millier d'émissions de radio et de télévision dont Les raisins verts (1963-1964) qui assoit sa réputation de frondeur à travers l'image récurrente d'une poupée passé à la moulinette d'un hachoir à viande et pas moins de 1 805 numéros des Cinglés du music-hall (1982-2006) où il exprime sa passion pour la musique, sur France Inter, puis France Culture, lui, l'amateur de jazz à la voix inimitable chez qui les mots semblent se bousculer. Fin lettré et passionné par les images, l’iconoclaste Averty compte parmi les pionniers de la vidéo et se caract