Accéder au contenu principal

“Je m’appelle Bagdad” de Caru Alves de Souza




Meu Nome é Bagdá Film brésilien de Caru Alves de Souza (2019), avec Grace Orsato, Helena Luz, Karina Buhr, Williiam Costa, Carlota Joaquina, Gilda Nomacce, Marie Maymone, Suzy Rêgo… 1h36. Sortie le 22 septembre 2021.






Le titre pourrait prêter à confusion et donner l’impression que ce film brésilien traite de l’Irak donc de la guerre. Il n’en est absolument rien. Le combat que mène quotidiennement sa jeune héroïne est d’un tout autre ordre, mais il lui importe tout autant qu’une guerre en bonne et due forme. C’est celui d’une skateuse de 17 ans, plus sauvage que véritablement rebelle, qui vit dans un quartier populaire de São Paulo, entourée de sa famille et de ses amis. Sa rencontre avec un groupe de filles qui pratiquent son sport va lui ouvrir de nouveaux horizons et la faire basculer malgré elle dans cet âge adulte dont elle redoutait tant les contraintes, avec à la clé la découverte d’une sexualité alternative indissociable de la notion de tolérance. Avec sa moue boudeuse et sa coupe à la garçonne qui évoque celle de Jean Seberg dans À bout de souffle.






Sous les dehors d’une chronique adolescente filmée caméra à l’épaule, ce film en mouvement permanent est le magnifique portrait d’une jeune femme d’aujourd’hui interprété par une actrice étonnante, Grace Orsato, plasticienne et créatrice de mode éprise d’écologie et de commerce équitable pour qui le skateboard est un hobby, mais aussi l’occasion de faire de nouvelles rencontres. C’est autour de cette personnalité singulière que la transfuge du documentaire Caru Alves de Souza a bâti ce deuxième long métrage de fiction (après De Menor, en 2013) qui laisse une large part à l’improvisation, en jouant sur la fraîcheur et la spontanéité de ses interprètes pour la plupart non professionnels. Il s’appuie également pour cela sur une musique très présente de Will Robson qui lui confère un rythme particulièrement envoûtant. Grand Prix du jury de la section Generation 14plus à la Berlinale 2020, Je m’appelle Bagdad est un hymne à la tolérance extrêmement attachant qui pourrait devenir une référence générationnelle par sa justesse d’observation. Un paradoxe dans un Brésil en proie à un régime peu enclin à encourager l’épanouissement individuel.

Jean-Philippe Guerand








Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Le paradis des rêves brisés

La confession qui suit est bouleversante… © A Medvedkine Elle est le fait d’une jeune fille de 22 ans, Anna Bosc-Molinaro, qui a travaillé pendant cinq années à différents postes d’accueil à la Cinémathèque Française dont elle était par ailleurs une abonnée assidue. Au-delà de ce lieu mythique de la cinéphilie qui confie certaines tâches à une entreprise de sous-traitance aux méthodes pour le moins discutables, CityOne (http://www.cityone.fr/) -dont une responsable non identifiée s’auto-qualifie fièrement de “petit Mussolini”-, sans nécessairement connaître les dessous répugnants de ses “contrats ponctuels”, cette étudiante éprise de cinéma et idéaliste s’est retrouvée au cœur d’un mauvais film des frères Dardenne, victime de l'horreur économique dans toute sa monstruosité : harcèlement, contrats précaires, horaires variables, intimidation, etc. Ce n’est pas un hasard si sa vidéo est signée Medvedkine, clin d’œil pertinent aux fameux groupes qui signèrent dans la mouva

Bud Spencer (1929-2016) : Le colosse à la barbe fleurie

Bud Spencer © DR     De Dieu pardonne… Moi pas ! (1967) à Petit papa baston (1994), Bud Spencer a tenu auprès de Terence Hill le rôle de complice qu’Oliver Hardy jouait aux côtés de Stan Laurel. À 75 ans et après plus de cent films, l’ex-champion de natation Carlo Pedersoli, colosse bedonnant et affable, était la surprenante révélation d’ En chantant derrière les paravents  (2003) d’Ermanno Olmi, Palme d’or à Cannes pour L’arbre aux sabots . Une expérience faste pour un tournant inattendu au sein d’une carrière jusqu’alors tournée massivement vers la comédie et l’action d’où émergent des films comme On l’appelle Trinita (1970), Deux super-flics (1977), Pair et impair (1978), Salut l’ami, adieu le trésor (1981) et les aventures télévisées d’ Extralarge (1991-1993). Entrevue avec un phénomène du box-office.   Rencontre « Ermanno Olmi a insisté pour que je garde mon pseudonyme, car il évoque pour lui la puissance, la lutte et la violence. En outre, c’était

Jean-Christophe Averty (1928-2017) : Un jazzeur sachant jaser…

Jean-Christophe Averty © DR Né en 1928, Jean-Christophe Averty est élève de l'Institut des Hautes Etudes Cinématographiques (Idhec) avant de partir travailler en tant que banc-titreur pour les Studios Disney de Burbank où il reste deux ans en accumulant une expertise précieuse qu'il saura mettre à profit par la suite. De retour en France, il intègre la RTF en 1952 où il réalisera un demi-millier d'émissions de radio et de télévision dont Les raisins verts (1963-1964) qui assoit sa réputation de frondeur à travers l'image récurrente d'une poupée passé à la moulinette d'un hachoir à viande et pas moins de 1 805 numéros des Cinglés du music-hall (1982-2006) où il exprime sa passion pour la musique, sur France Inter, puis France Culture, lui, l'amateur de jazz à la voix inimitable chez qui les mots semblent se bousculer. Fin lettré et passionné par les images, l’iconoclaste Averty compte parmi les pionniers de la vidéo et se caract