Documentaire suédo-germano-américano-britannique de Nathan Grossman (2020) Avec Greta Thunberg, Svante Thunberg, Niclas Svenningsen, António Guterres, Kyra Gantois, Adélaïde Charlier, Emmanuel Macron… 1h37. Sortie le 29 septembre 2021.
Son visage poupin est mondialement connu. Ses colères publiques ont marqué notre époque. Parce que cette adolescente suédoise a décidé un beau jour de l’été 2018 de s’asseoir au pied du parlement de son pays, avec une pancarte manuscrite dénonçant l’inaction des politiciens contre le réchauffement climatique, elle a réussi par sa ténacité à mobiliser sa génération dans les rues du monde pour venir à la rescousse de la planète en danger. La fin du monde n’a jamais été aussi proche et pourtant certains se sont gaussés de cette gamine atteinte du syndrome d’Asperger qui est allée interpeller les adultes au pouvoir depuis la tribune de l’Organisation des Nations Unies, après avoir traversé l’Atlantique à bord d’un voilier. Ce documentaire a l’immense avantage de nous introduire dans l’intimité de cette enfant du siècle et d’aller un peu au-delà de ce que nous en ont montré les médias jusqu’alors. À une nuance près, toutefois : sa sortie ayant été reportée pour cause de pandémie, I Am Greta s’achève précisément au moment où celle-ci se profile et nous laisse face à l’inconnu, fin 2019. C’était hier… c’est-à-dire il y a une éternité !
Entre-temps, la jeune égérie scandinave est devenue adulte et a peu ou prou disparu des médias, littéralement escamotée par la surmédiatisation d’un virus planétaire, au moment même où le mouvement qu’elle a amorcé était en train de devenir un véritable phénomène de société en voie de mondialisation. C’est la limite involontaire de ce film qui dissèque habilement le phénomène mais assume son statut institutionnel, ne serait-ce que parce qu’il n’a pu voir le jour qu’avec le concours étroit de la famille Thunberg, soudée autour de sa fille prodigue qui manifeste aussi des goûts de son âge, ce qui a l’avantage de l’humaniser au-delà d’un engagement qui n’a vraiment rien d’opportuniste. Il faudra donc sans doute à Nathan Grossman un autre film pour rendre compte de l’évolution de cette Greta qui, comme le souligne le titre, s’exprime à la première personne, avec le risque qu’implique ce procédé : conforter ses défenseurs et braquer ses détracteurs, sans réellement faire bouger les lignes.
Jean-Philippe Guerand
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