Film franco-belge de Samuel Benchetrit (2020), avec François Damiens, Ramzy Bedia, Vanessa Paradis, Gustave Kervern, JoeyStarr, Bouli Lanners, Valeria Bruni Tedeschi, Vincent Macaigne, Raphaëlle Doyle, Constance Rousseau, Jules Benchetrit, Bruno Podalydès… 1h47. Sortie le 29 septembre 2021.
François Damiens, JoeyStarr, Ramzy Bedia,
Bouli Lanners et Gustave Kervern
Mine de rien, Samuel Benchetrit a de la suite dans les idées. Écrivain singulier, il a abordé le cinéma sur un mode choral avec en guise de fil rouge un goût prononcé pour les comédiens qui renvoie à l’âge d’or de ces seconds rôles dont le cinéma français semble avoir perdu le secret. Cette musique ne joue pour personne se présente ainsi comme une sorte de collage où des personnages excentriques sortent des rails, quitte à adopter des comportements parfois étranges. On énumèrera ici un tueur à gages qui va se retrouver acteur de comédie musicale dans le rôle de Jean-Paul Sartre face à la veuve qu’il devait exécuter dans celui de Simone de Beauvoir, Il y a aussi un chef de bande qui écrit des vers de mirliton pour séduire une caissière par procuration et use de l’intimidation pour que sa fille puisse danser avec le plus beau garçon du lycée. Et puis, des hommes de main, des pieds nickelés, des comédiens épris de leurs personnages et toutes sortes d’êtres pittoresques que Benchetrit filme avec tendresse et en les encourageant. Avec, en prime, une joyeuse bande de pince-sans-rire qui constitue un casting vraiment hors du commun.
Vanessa Paradis
Riche idée que d’associer François Damiens à Ramzy Bedia, Bouli Lanners à JoeyStarr ou Gustave Kervern à Vanessa Paradis. Des duos, des tandems et des couples aussi harmonieux que dissonants qui confèrent à cette comédie une gravité étonnante. Samuel Benchetrit n’aime rien tant que les losers qui provoquent l’hilarité par un subtil jeu de décalage. Il n’adopte toutefois jamais vis-à-vis d’eux une posture hautaine ou moqueuse. S’il les a choisis, c’est par tendresse. Ils transpirent leur humanité par tous les pores de la peau, mais se heurtent à des conventions et à des normes. Rien d’impossible dans ce film qui adopte une facture parfois burlesque pour distiller des vérités profondes sur notre monde de grandes solitudes. C’est parce qu’il est capable d’arpenter un périmètre extrêmement vaste que Samuel Benchetrit parvient à nous toucher en plein cœur. À l’instar de cette troupe qui entonne “On n’est pas femme, on le devient” et de cette adolescente dont la première boum ressemble à une consécration. Voici un film désopilant, narquois et tendre qui ne triche jamais avec les sentiments : ni ceux de ses protagonistes, ni les nôtres.
Jean-Philippe Guerand
Commentaires
Enregistrer un commentaire