Film français de Yann Gozlan (2020), avec Pierre Niney, Lou de Laâge, André Dussollier, Sébastien Pouderoux, Olivier Rabourdin, Guillaume Marquet, Mehdi Djaadi, Aurélien Recoing, André Marcon, Anne Azoulay… 2h09. Sortie le 8 septembre 2021.
Pierre Niney et André Dussollier
Voici un genre auquel le cinéma français ne s’est que rarement frotté : le techno-thriller. Technicien au sein du Bureau Enquête Accident (le fameux BEA), Mathieu Vasseur se voit chargé de procéder aux vérifications d’usage, à la suite du crash aérien dont a été victime le vol Dubaï-Paris dans les Alpes. L’analyse des boîtes noires l’entraîne dans des zones à haut risque sans que la cause exacte du crash soit expliquée, mais il se hasarde de son propre chef au-delà des apparences. Peu à peu affleure une autre vérité qui dérange car elle met en cause des intérêts stratégiques et économiques… Boîte noire repose sur le principe des poupées russes, chaque révélation ne contribuant en fait qu’à épaissir un peu plus le mystère de cette ténébreuse affaire. Pierre Niney retrouve Yann Gozlan qui lui avait déjà confié le rôle principal d’Un homme idéal et incarne avec une confondante ingénuité ce blanc-bec manipulé par ses supérieurs que son intime conviction va guider.
Pierre Niney
Prix du public aux festivals Reims Polar et d’Angoulême, Boîte noire témoigne d’une efficacité à toute épreuve qui sous-tend un suspense exponentiel non dénué d’un certain cynisme. Le mérite en revient notamment à des personnages secondaires jamais négligés qui apparaissent petit à petit comme autant d’éléments déterminants au sein de ce jeu de l’oie savamment organisé. D’André Dussollier à André Marcon en passant par Olivier Rabourdin et Aurélien Recoing, Gozlan n’a recruté que des solistes de prestige. Et puis, cherchez la femme…, c’est la délicieuse Lou de Laâge dans un revival séduisant de la fameuse blonde hitchcockienne. La logique de ce polar huilé comme une mécanique de précision par le réalisateur avec le concours de son confrère Jérémie Guez (dont on a vu récemment Sons of Philadelphia) et de Nicolas Bouvet, qui officie par ailleurs comme monteur son, évoque par son ambition atypique un autre film français récent : Le chant du loup d’Antonin Baudry. Le cinéma français est peut-être en train d’entrer dans une nouvelle ère, en investissant sans scrupules ce qu’on croyait être jusqu’alors le pré carré des Anglo-Saxons.
Jean-Philippe Guerand
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