Film américain d’Harmony Korine (2019), avec Matthew McConaughey, Isla Fisher, Snoop Dogg, Zac Efron, Jonah Hill, Martin Lawrence, Stefania Owen, Jimmy Buffett… 1h35. Mise en ligne le 22 juin 2021 sur OCS.
Matthew McConaughey
Véritable clochard céleste, Moondog a choisi de vivre en toute liberté sous le soleil de Floride où il tape des poèmes surréalistes sur sa machine à écrire, les pieds en éventail, joyeusement entretenu par son épouse. Sa vie, il n’a pas besoin de la gagner, alors il en jouit jusqu’à l’excès, évite les attaches et profite de chaque instant comme si c’était le dernier, tout en veillant de loin sur sa fille unique qu’il voit s’embourgeoiser sans se mêler de ce qui ne le regarde pas. Sa devise pourrait être « Sexe, drogue et rock’n’roll ». C’est sans doute aussi celle d’Harmony Korine, révélé en tant que scénariste par le premier long métrage de Larry Clark, Kids (1995), devenu un réalisateur inégal, auteur à ce jour de quelques films culte comme Gummo (1997), Julien Donkey-Boy (1999) et Spring Breakers (2012), mais aussi d’innombrables courts métrages et clips. On le retrouve fidèle à ses obsessions avec The Beach Bum, sorte de revival savoureux d’une communauté hippie qui détonne dans l’Amérique matérialiste d’aujourd’hui.
Matthew McConaughey et Snoop Dogg
Moondog perpétue le mythe des premiers beatniks en vivant sans contraintes ni attaches parmi ses amis, ses ex et ses conquêtes. Dans le contexte de l’Amérique puritaine, le cinéma d’Harmony Korine est de ceux qui étonnent et détonnent. Son auteur semble jouer les prolongations de l’utopie soixante-huitarde en célébrant un hédonisme presque anachronique, sur lequel n’aura sans doute pas davantage d’effet la pandémie de Covid-19 que le sida. Il s’y emploie ici autour d’un Matthew McConaughey en comble de la coolitude, à mi-chemin entre Ernest Hemingway, pour la pêche au gros dans les Keys, Hunter S. Thompson, le pape du journalisme gonzo, et The Dude des frères Coen dans The Big Lebowski (1998), en croquant une série de portraits assez savoureux qu’incarnent des interprètes aussi inattendus que Snoop Dogg, Martin Lawrence ou Zac Efron. Avec en prime la lumière paradisiaque sculptée par le chef opérateur belge de Gaspar Noé, Benoît Debie, et une bande originale comme toujours exceptionnelle chez cet incorrigible enfant du rock qu’est Harmony Korine. Pour le plaisir. Tout simplement.
Jean-Philippe Guerand
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