Documentaire français d’Anne-Claire Dolivet (2020) 1h31. Sortie le 25 août 2021.
Voici un film dont le titre pourrait prêter à confusion. Rien d’ambigu ou de douteux dans ce documentaire qui s’attache à montrer la grandeur et la servitude de la danse pratiquée de façon intensive, qui est plus est par des gamines prépubères de 6 à 11 ans qui vont devoir apprendre à dompter leur corps au moment où celui-ci subit des transformations physiologiques déterminantes, pour se plier à une discipline de fer qui relève autant du sport d’élite que de la démonstration artistique. Anne-Claire Dolivet a trouvé en Muriel une enseignante qui réussit à concilier exigence et bienveillance pour pousser ses jeunes élèves à se transcender sans que leur sacrifice vire au calvaire. Elle a en outre choisi d’écrire la continuité de son film avec Mathias Théry, lui-même réalisateur, remarqué l’an dernier pour La cravate. Celui-ci a enrichi le projet d’un point de vue masculin sur l’enfance, sans manifester aucun intérêt particulier pour la danse. Un double regard qui confère au film une approche d’autant plus intéressante que le partage des tâches s’est opéré naturellement, la réalisatrice gérant le tournage proprement dit, pendant que son complice assurait le montage.
À l’écran, la caméra s’approche délicatement des ballerines comme pour mieux les apprivoiser, surprenant des moments d’intimité étonnants, à l’instar de ces relations compliquées entre deux sœurs rivales malgré elles ou les états d’âme des unes et des autres. Chacune réagit avec sa personnalité et s’intègre à sa façon. C’est cette diversité et ces rêves fragiles que montre Petites danseuses avec une délicatesse et une empathie qu’accompagne un souci esthétique jamais prépondérant. Le travail sur la lumière évite pourtant ces références évidentes que sont d’un côté le sculpteur et peintre Edgar Degas, de l’autre le photographe David Hamilton. Les quatre personnalités qui se détachent de ce groupe se heurtent à des problématiques différentes, tout en partageant l’épreuve commune de l’effort dans des contextes familiaux divers et variés. Des situations qui ont inspiré la réalisatrice à emmener ses petites danseuses dans une forêt de conte de fées où ce qui les rapproche devient plus fort que ce qui les sépare et les pousse à se transcender, chacune avec ses rêves.
Jean-Philippe Guerand
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