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“McCartney 3,2,1” de Rick Rubin




Mini-série documentaire américaine de Zachary Heinzerling (2021), avec Paul McCartney et Rick Rubin. 6 épisodes d’une durée totale de 2h58. Mise en ligne sur Disney+ le 25 août 2021.



Rick Rubin et Paul McCartney



Trois heures pour se familiariser avec la naissance des Beatles et les souvenirs de Paul McCartney. Tel est le propos de ce document exceptionnel en six parties produit par Hulu qui donne la parole au très discret survivant du groupe sans doute le plus mythique de toute l’histoire du rock’n’roll. Une conversation à bâtons rompus autour d’une console de mixage avec le producteur Rick Rubin à laquelle l’usage du noir et blanc confère un éclat particulier par son usage des clairs-obscurs. En se racontant, McCartney évoque aussi ses contrastes saisissants avec John Lennon et leurs départs dans la vie très différents qui ont forgé leur inspiration et ont fourni au groupe une richesse d’inspiration et mélodique qui a sans doute fait toute la différence. Autant l’un était insouciant et prédestiné au bonheur, autant l’autre était fragile et parfois cynique. Parce que le premier avait vécu dans un cercle familial uni, là où le second avait grandi sans père à partir de l’âge de 3 ans.



Paul McCartney



Les deux guitaristes se sont connus à un âge où la notion d’aîné avait encore un sens. McCartney se remémore leur fascination commune pour les chanteuses françaises de l’époque, Juliette Gréco, Brigitte Bardot et le célèbre “Milord” d’Edith Piaf, qui les incitait à porter des cols roulés noirs pour avoir l’air d’être eux aussi… français ! Jusqu’à raconter que le garçon qui a présenté John et Paul enfants (ils s’asseyaient l’un à côté de l’autre dans le bus de ramassage scolaire qui les emmenait au collège) a épousé plus tard une prof de français à qui ce dernier a demandé une rime pour « Michelle » et qui lui a répondu « Ma belle » et a poursuivi par « sont des mots qui vont très bien ensemble, très bien ensemble », contribuant ainsi à un tube mythique. Côté harmonie, il revendique l’influence des Beach Boys. Étonnant aussi d’apprendre que c’est en s’étant vu demander « du sel et du poivre » qu’a émergé le fameux “Sargent Pepper” repris plus tard sur scène par… Jimi Hendrix !



Rick Rubin et Paul McCartney



Ce témoignage en six parties éclaire de multiples aspects la destinée d’un groupe qui a touché à tous les genres avec la même aisance et revendiquait autant l’influence de Jean-Sébastien Bach que de Jerry Lee Lewis, Chuck Berry ou les Aisley Brothers. Avec des surgissements fulgurants et des enchaînements inattendus qui résonnent un demi-siècle après leur séparation comme des évidences musicales. Paul McCartney s’en explique avec modestie et revendique le caractère expérimental de certaines des compositions du groupe et son audace quand il sollicitait de George Martin un orchestre symphonique ou partait se resourcer en Inde à l’instigation de George Harrison. Étonnante confession du musicien qui a intégré à ses propres concerts certains titres écrits pour les Beatles, mais a hésité pendant un certain temps à interpréter sur scène les compositions initiées par ses camarades, avant de réaliser qu’entre eux, c’était un pour tous à défaut d’être tous pour un. McCartney 3,2,1 est une perle de culture qui nous donnera la patience d’attendre le 25 novembre et la mise en ligne de The Beatles : Get Back de Peter Jackson, également en exclusivité sur Disney +.

Jean-Philippe Guerand




Rick Rubin et Paul McCartney


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