Film français de David et Stéphane Foenkinos (2020), avec Karin Viard, Jean-Paul Rouve, Ramzy Bedia, Monica Bellucci, Carole Bouquet, Joséphine Japy, William Lebghil, Suzanne Clément, Denis Podalydès, Alice Taglioni, Joséphine de Meaux, Céline Sallette, Nicolas Bedos… 1h41. Sortie le 18 août 2021.
Carole Bouquet et Monica Bellucci
Le film à sketches a connu son âge d’or dans les années 60, essentiellement en France et en Italie où il représentait un moyen habile de mobiliser des têtes d’affiche pendant un laps de temps limité, en offrant à des réalisateurs de renom l’occasion de se faire la main entre deux longs métrages. Sur le plan scénaristique, le principe consistait souvent à décliner plusieurs variations sur un même thème, chacun à sa façon. C’est le principe des Fantasmes, la nouvelle comédie coréalisée par les frères Foenkinos, qui exploite judicieusement leurs compétences respectives : David l’écrivain et Stéphane le directeur de casting. Le prétexte est plutôt plaisant : il s’attache à une demi-douzaine de pathologies assujetties à l’excitation sexuelle et s’inspire d’un film australien inédit en France, If You Love Me… (2014) de Josh Lawson dont les frères Altmayer ont acquis les droits de remake avant de le proposer à une autre fratrie.
Jean-Paul Rouve et Karin Viard
Les fantasmes est un film inégal, mais c’est le lot du cinéma à sketches dont le principe même incite à des comparaisons faciles. Certaines idées excellentes se heurtent parfois à leur traitement. D’autres demeurent à l’état de concept. On retiendra de cette panoplie croquignolette l’image d’un Nicolas Bedos en larmes, d’un Ramzy Bedia troublé par la sœur de sa dulcinée dans une ronde infernale et des pervers pépères sado-maso exhibitionnistes incarnés par Karin Viard et Jean-Paul Rouve. Avec une mention spéciale pour le couple explosif formé par Carole Bouquet et Monica Belluci, deux interprètes de Bertrand Blier auquel le dialogue rend un savoureux hommage quand l’une déclare à l’autre : « Tu es trop belle pour moi ! » Bref, ce film purement ludique remplit son cahier des charges en nous entraînant dans des univers souvent déroutants où règnent des déviances dont les dénominations auraient ravi les surréalistes : ludophilie, dacryphilie, sorophilie, thanatophilie, hypophilie, autagonistophilie… Tout un programme !
Jean-Philippe Guerand
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