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“Escape Game 2 – Le monde est un piège” d’Adam Robitel




Escape Room : Tournament of Champions Film américain d’Adam Robitel (2021), avec Taylor Russell McKenzie, Logan Miller, Thomas Cocquerel, Indya Moore, Holland Roden, Carlito Olivero, Tanya van Graan… 1h42. Sortie le 11 août 2021.






Le concept est élémentaire. Des gens venus d’horizons divers se retrouvent pris au piège d’un jeu de rôles qui va les contraindre à tout mettre en œuvre pour sauver leur peau. Alors quand les survivants entrevoient la perspective d’une nouvelle épreuve, cette fois ils savent que ce sera une question de vie ou de mort. Le postulat a fait ses preuves dans un premier opus efficace qui avait le mérite de ne revendiquer aucun alibi cartésien. Cette récidive réunit cette fois des concurrents d’autant plus aguerris qu’ils ont tous réussi à survivre à un véritable parcours du combattant et n’entendent pas échouer à cette seconde épreuve que leur impose un commanditaire invisible passé maître dans l’art de la manipulation. C’est leur solidarité qui va constituer leur meilleure arme dans ce dédale meurtrier dont les organisateurs paraissent motivés par des intentions nébuleuses.






Tout commence dans une rame de métro où aboutit une jeune femme victime d’un pickpocket. Commence alors un cauchemar infernal qui tient autant du train fantôme que du grand-huit et dont l’issue réclame moins de force que d’intelligence sinon d’instinct de survie. Ce cinéma là renvoie aux origines mêmes de l’art forain avec ses sensations à haute tension. Escape Game 2 – Le monde est un piège ne s’embarrasse d’aucun alibi logique et préfère s’en remettre à un tempo implacable qui interdit aux spectateurs comme aux protagonistes de perdre leur temps à réfléchir au pourquoi du comment pour sauver leur peau coûte que coûte. C’est d’ailleurs là la limite de l’exercice. Aligner les épreuves ne contribue jamais à faire évoluer le principe qui repose à la fois sur la personnalité des “joueurs” et une complémentarité qu’ils n’exploitent en fait qu’assez peu, faute de réussir à l’identifier.






Dans un marché cinématographique hollywoodien où les franchises rivalisent d’ingéniosité et pratiquent une sorte de surenchère permanente qui relègue les pionniers que furent George A. Romero, Wes Craven ou John Carpenter au rang d’aimables artisans, le public adolescent a atteint un degré de résistance à la violence et au sadisme qui semble bel et bien exponentiel depuis que Saw a transgressé toutes les règles du genre. Dès lors, chaque film qui s’aventure dans ce domaine est contraint à une escalade sans fin pour se singulariser. C’est même la limite de cet exercice qui s’est nourri des enseignements des jeux vidéo comme des Escape Games. Ici les protagonistes sont des proies manipulées par des organisateurs invisibles qui dépassent en perfidie les plus redoutables tueurs en série, sans jamais vraiment se salir les mains. Ici réside l’une des particularités de cette saga qui n’est ni plus ni moins que l’héritage lointain d’un jalon incontournable du genre : Cube (1999) du Canadien Vincenzo Natali dans lequel un groupe devait passer d’une pièce à l’autre pour échapper à une prison et ne pouvait s’en sortir qu’en s’associant. Escape Game 2 en est la déclinaison la plus triviale qui soit. Un thriller efficace mais qu’on jurerait conçu par une machine infernale, tant il croit pouvoir s’affranchir de la logique la plus prosaïque, au profit d’une inflation ininterrompue de scènes spectaculaires.

Jean-Philippe Guerand





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