The Forever Purge Film américain d’Everardo Gout (2021), avec Ana de La Reguera, Tenoch Huerta, Josh Lucas, Leven Rambin, Cassidy Freeman, Alejandro Edda, Will Patton… 1h44. Sortie le 4 août 2021.
Parmi les franchises récentes, American Nightmare est indéniablement l’une des plus en prise sur son époque dont elle a su capter les errements. Face à la recrudescence de la criminalité, les autorités décrètent douze heures de chaos organisé par an au cours desquels les adeptes du deuxième amendement de la constitution américaine peuvent profiter de leur droit de détenir des armes, promulgué en… 1791, pour éliminer qui bon leur semble, en assouvissant leurs pulsions meurtrières. Un permis de tuer qui a donné naissance à quatre films imaginés par James de Monaco dont le succès ne s’est pas démenti. Le cinquième pousse en quelque sorte le bouchon encore plus loin, avec l’intervention d’une milice qui entend rendre la purge permanente, quitte à instaurer une atmosphère insurrectionnelle et à contraindre les citoyens “normaux” à quitter le sol des États-Unis pour sauver leur peau. Un comble !
Tout l’intérêt du film réside dans sa capacité à prendre en compte certains signes de faiblesse récents de la démocratie américaine mise à mal sous le mandat de Donald Trump à travers la montée en puissance de la mouvance conspirationniste d’extrême droite QAnon et l’assaut du Capitole survenu le 6 janvier 2021. Sans se référer précisément à ces faits, American Nightmare 5 : sans limites décrit une situation extrême qui contraint les pacifistes à se réfugier au Mexique et à accomplir le parcours inverse de tous ces immigrants clandestins contre lesquels Trump a entrepris d’édifier un mur, en invoquant ce droit d’asile qu’ils refusent à leurs hôtes. Ironie du sort qui renverse la situation pour montrer que la démocratie la plus solide n’est peut-être pas celle qu’on croit et que tout peut basculer du jour au lendemain si les conspirationnistes et autres complotistes prennent les armes pour les retourner contre une démocratie fragilisée par le populisme. Derrière ce film de genre habilement réalisé par le transfuge mexicain Everardo Gout dont Días de gracia a été présenté en séance de minuit au festival de Cannes 2011, la franchise trouve un nouvel élan salvateur dont ce film ne pourrait être que l’amorce.
Jean-Philippe Guerand
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