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“Old” de M. Night Shyamalan




Film américain de M. Night Shyamalan (2021), avec Gael Garcia Bernal, Vicky Krieps, Rufus Sewell, Alex Wolff, Thomasin McKenzie, Abbey Lee, Eliza Scanlen… 1h48. Sortie le 21 juillet 2021.






Cinéaste culte, M. Night Shyamalan a longtemps flirté avec des sujets ésotériques où le fantastique flirtait avec l’irrationnel voire la superstition. De Sixième sens (1999) à Signes (2002) et Phénomènes (2008). Après plusieurs échecs, à partir de The Visit (2015), il est revenu à un cinéma plus cartésien dans lequel il a instillé son art de la mise en scène. Il persiste dans cette voie avec Old, adaptation d’un roman graphique imaginé par le réalisateur français Pierre-Oscar Lévy auquel son court métrage documentaire Je sais que j’ai tort, mais demandez à mes copains, ils disent la même chose a valu la Palme d’or à Cannes en 1983. Une famille en villégiature dans un club de vacances de luxe se voit proposer par le directeur de passer une journée dans une crique paradisiaque. Mais, sur place, des événements irrationnels commencent à se produire qui accréditent la thèse selon laquelle ce lieu isolé du monde serait régi par une sorte de micro-temporalité.






Shyamalan met son art consommé de la mise en scène au service d’une histoire vraiment hors du commun comme la série B les affectionnait naguère. Pour apprécier ce film, il convient en effet de mettre de côté son cartésianisme le temps d’une séance. Au deuxième degré, Old peut se lire comme une parabole passionnante sur la dictature de l’âge et l’ostracisme dont pâtissent les seniors éloignés peu à peu du regard des autres par une société obsédée par le jeunisme dont ils sont devenus les parias malgré eux. Autour de la famille formée par Vicky Krieps, Gael Garcia Bernal et leurs deux enfants, plusieurs de leurs compagnons d’infortune affichent les stigmates de cette jeunesse éternelle que caractérise notamment la chirurgie esthétique. À l’instar de l’affiche du film qui résume à la perfection son concept en établissant un raccourci saisissant entre le Paradis et l’Enfer. Avec entre les deux un malaise indicible qui va crescendo. On imagine toutefois ce qu'un grand cinéaste aurait pu faire d'un pareil sujet…

Jean-Philippe Guerand



 

Rufus Sewell

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