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“La conspiration des belettes” de Juan José Campanella




El cuento de las comadrejas Film argentino-espagnol de Juan José Campanella (2019), avec Clara Lago, Graciela Borges, Oscar Martinez, Luis Brandoni, Marcos Mundstock, Nicolás Francella… 2h09. Sortie le 21 juillet 2021.






Nous vieillirons ensemble : tel est l’objectif que se sont assigné quatre septuagénaires qui vivent retirés du bruit et de la fureur du monde dans une coquette maison de campagne régie par des rituels immuables. Jusqu’au moment où débarquent deux fringants agents immobiliers qui rêvent de les en déloger, mais ne mesurent visiblement pas dans quel guêpier ils se sont fourrés. C’est en effet compter sans la capacité de résistance inépuisable des occupants : un réalisateur, un scénariste, une comédienne et son époux auxquels leur expérience du cinéma à enseigné comment réagir aux situations les plus extrêmes. La première qualité de cette comédie grinçante est de ne jamais se prendre au sérieux, mais d'observer avec une certaine tendresse ces lointains cousins argentins des statues de cire hollywoodiennes de Boulevard du crépuscule rompus à tous les coups fourrés.






Derrière son titre saugrenu, La conspiration des belettes est en fait le remake d’un autre film argentin, Los muchachos de antes no usaban arsénico (1976), réalisé par José A. Martínez Suárez en pleine dictature, donc à une époque assez peu favorable au cinéma. Un projet caressé depuis 1997 par le réalisateur Juan José Campanella, couronné entre-temps de l’Oscar du meilleur film en langue étrangère pour Dans ses yeux, en 2010. Il exploite ici habilement les ressorts de la comédie noire avec le concours d’une bande d’acteurs rompus à l’exercice qui campent des soixante-huitards sur le retour que leur expérience de la liberté a préparés à défendre leur pré carré bec et ongles. Le résultat est une comédie chorale et jubilatoire qui assume son classicisme et en joue sans s’encombrer de préoccupations superfétatoires sur les infortunes de l’âge. Dans l’esprit de certaines classiques britanniques par sa mécanique narrative de précision et l’abattage malicieux de ses interprètes.

Jean-Philippe Guerand





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