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“Irmã” de Vincius Lopes et Luciana Mazeto




Film brésilien de Vincius Lopes et Luciana Mazeto (2020), avec Maria Galant, Anaís Grala Wegner, Felipe Kannenberg, Marina Mendo… 1h28. Sortie le 7 juillet 2021.



Maria Galant et Anaís Grala Wegner



Lorsque leur mère tombe gravement malade, Ana et Julia partent sur les routes en quête de leur père qu’elles connaissent à peine et qui les a abandonnées. Ce Road Movie en direction du Sud du Brésil prend l’allure d’un voyage initiatique où l’aînée assure la protection de sa petite sœur, face à un monde hostile où l’imaginaire vient télescoper la réalité, à l’instar d’un mystérieux astéroïde qui va auréoler de surnaturel ce périple entrepris pour des raisons prosaïques dont le symbole est un dinosaure. Les réalisateurs de ce premier film délicat et sensible jouent sur la grâce cumulée de leurs jeunes interprètes, Maria Galant et Anaís Grala Wegner, jetées malgré elles prématurément dans le grand bain de l’âge adulte. Ils jouent pour cela sur une poésie fantastique qui instaure une confusion rassérénante autour de thèmes plutôt lourds sur les plans moraux et psychologiques.



Maria Galant et Anaís Grala Wegner



C’est leur imaginaire qui préserve ces gamines d’une réalité triviale dont elles sont les victimes collatérales. D’où l’intelligence d’associer à une adolescente trop vite montée en graine une cadette à l’imagination fertile dont le pouvoir de rêver ressemble à un canot de sauvetage qui va l’empêcher de passer directement des rêves de l’enfance aux brutales désillusions de l’âge adulte. Les scènes mettant les filles avec leur père ne sont pas exactement celles auxquelles on pouvait s’attendre, tant l’homme associe son rôle à la seule autorité et voit ses maigres espoirs de rattraper le temps perdu se fracasser contre la détermination inflexible de ces deux “sœurs à la fin du monde” (comme le dit joliment le sous-titre), unies pour se libérer du joug des mâles dominants et tracer leur propre sillon vers un avenir incertain qui ne sera certainement pas conforme à celui de leurs parents. Ce film découvert en 2020 à la Berlinale nous montre qui plus est un Brésil rural de plus en plus rare au cinéma dont les paysages naturels prêtent aux rêves les plus fous.

Jean-Philippe Guerand



 

Maria Galant

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