Accéder au contenu principal

“Arnaque à Hollywood” de George Gallo




The Comeback Trail Film américain de George Gallo (2020), avec Robert de Niro, Tommy Lee Jones, Morgan Freeman, Zach Braff, Emile Hirsch, Sheryl Lee Ralph, Kate Katzman, Eddie Griffin… 1h44. Sortie en VOD le 23 juillet 2021.



Tommy Lee Jones



Voici un projet très étrange qui est lui-même le remake d’un film oublié intitulé The Comeback Trail tourné en 1974 par le non moins obscur Harry Hurwitz en référence aux Producteurs (1967) de Mel Brooks, mais sorti seulement huit ans plus tard dans une indifférence totale. Deux producteurs menacés de faillite dénommés… Eastman et Kodac caressent l’idée saugrenue de faire sortir de sa retraite un acteur de western cacochyme auquel ils vont faire prendre les risques les plus insensés, en escomptant que l’assurance les dédommage grassement si leur vedette vient à trépasser. Un rôle confié il y a quarante ans à la star des serials des années 30 et 40, Buster Crabbe, et dans le remake de George Gallo à Tommy Lee Jones. À cette différence près que ses commanditaires sont campés eux aussi par des stars sur le retour, en l’occurrence l'homme de l'art Robert de Niro et le mafieux Morgan Freeman qui ne boudent pas leur plaisir.



Robert de Niro et Emile Hirsch



Arnaque à Hollywood tient ses promesses et nous invite à une plongée dans les coulisses d’un cinéma de série B qui érige le système D au rang des beaux-arts et a l’insigne mérite de ne jamais se prendre au sérieux. Le réalisateur George Gallo exploite habilement les moindres ressources de son argument. Scénariste de Midnight Run (1988) interprété par de Niro alors au sommet de sa gloire, il entraîne ici dans des excès savoureux un acteur de légende qui semble désormais trouver une seconde jeunesse dans les emplois les plus farfelus et fut l’an dernier le plus imprévu des champions cinématographiques du confinement, en restant à l’affiche pendant des mois sur les écrans américains dans la comédie familiale Mon grand-père et moi.



Robert de Niro



Le metteur en scène a ici la bonne idée de pousser ses interprètes dans leurs retranchements les plus déraisonnables, ce qui suffit à colmater les brèches d’un scénario qui ne brille pas vraiment par sa vraisemblance. Tommy Lee Jones et Morgan Freeman cabotinent au diapason de cette folie douce, tandis que leurs sémillants cadets Zach Braff et Emile Hirsch jouent les faire-valoir de prestige. Cette comédie remplit son objectif avec une bonne humeur contagieuse, en perpétuant l’image d’une usine à rêves où tout est permis. Y compris d’accumuler les handicaps et les erreurs délibérées pour transformer miraculeusement un western ringard en un film irrésistible dont la star a pris tous les risques pour conjurer la dépression qui la ronge depuis qu'on a cessé de la solliciter. Une définition qui convient d’ailleurs aussi à cette savoureuse Arnaque à Hollywood où tout est permis.

Jean-Philippe Guerand





Robert de Niro et Tommy Lee Jones

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Le paradis des rêves brisés

La confession qui suit est bouleversante… © A Medvedkine Elle est le fait d’une jeune fille de 22 ans, Anna Bosc-Molinaro, qui a travaillé pendant cinq années à différents postes d’accueil à la Cinémathèque Française dont elle était par ailleurs une abonnée assidue. Au-delà de ce lieu mythique de la cinéphilie qui confie certaines tâches à une entreprise de sous-traitance aux méthodes pour le moins discutables, CityOne (http://www.cityone.fr/) -dont une responsable non identifiée s’auto-qualifie fièrement de “petit Mussolini”-, sans nécessairement connaître les dessous répugnants de ses “contrats ponctuels”, cette étudiante éprise de cinéma et idéaliste s’est retrouvée au cœur d’un mauvais film des frères Dardenne, victime de l'horreur économique dans toute sa monstruosité : harcèlement, contrats précaires, horaires variables, intimidation, etc. Ce n’est pas un hasard si sa vidéo est signée Medvedkine, clin d’œil pertinent aux fameux groupes qui signèrent dans la mouva

Bud Spencer (1929-2016) : Le colosse à la barbe fleurie

Bud Spencer © DR     De Dieu pardonne… Moi pas ! (1967) à Petit papa baston (1994), Bud Spencer a tenu auprès de Terence Hill le rôle de complice qu’Oliver Hardy jouait aux côtés de Stan Laurel. À 75 ans et après plus de cent films, l’ex-champion de natation Carlo Pedersoli, colosse bedonnant et affable, était la surprenante révélation d’ En chantant derrière les paravents  (2003) d’Ermanno Olmi, Palme d’or à Cannes pour L’arbre aux sabots . Une expérience faste pour un tournant inattendu au sein d’une carrière jusqu’alors tournée massivement vers la comédie et l’action d’où émergent des films comme On l’appelle Trinita (1970), Deux super-flics (1977), Pair et impair (1978), Salut l’ami, adieu le trésor (1981) et les aventures télévisées d’ Extralarge (1991-1993). Entrevue avec un phénomène du box-office.   Rencontre « Ermanno Olmi a insisté pour que je garde mon pseudonyme, car il évoque pour lui la puissance, la lutte et la violence. En outre, c’était

Jean-Christophe Averty (1928-2017) : Un jazzeur sachant jaser…

Jean-Christophe Averty © DR Né en 1928, Jean-Christophe Averty est élève de l'Institut des Hautes Etudes Cinématographiques (Idhec) avant de partir travailler en tant que banc-titreur pour les Studios Disney de Burbank où il reste deux ans en accumulant une expertise précieuse qu'il saura mettre à profit par la suite. De retour en France, il intègre la RTF en 1952 où il réalisera un demi-millier d'émissions de radio et de télévision dont Les raisins verts (1963-1964) qui assoit sa réputation de frondeur à travers l'image récurrente d'une poupée passé à la moulinette d'un hachoir à viande et pas moins de 1 805 numéros des Cinglés du music-hall (1982-2006) où il exprime sa passion pour la musique, sur France Inter, puis France Culture, lui, l'amateur de jazz à la voix inimitable chez qui les mots semblent se bousculer. Fin lettré et passionné par les images, l’iconoclaste Averty compte parmi les pionniers de la vidéo et se caract