Accéder au contenu principal

“The Amusement Park” de George A. Romero



Film américain de George A. Romero (1973), avec Lincoln Maazel, Harry Albacker, Phyllis Casterwiler, Pete Chovan, Marion Cook, Sally Erwin, Michael Gornick… 53 mn. Sortie le 2 juin 2021.



Lincoln Maazel



Curieuse histoire que celle de ce moyen métrage produit dans des circonstances pour le moins baroques et demeuré inédit depuis près d’un demi-siècle, faute d’avoir donné satisfaction à son commanditaire, lui aussi parfaitement atypique. C’est en effet l’Église luthérienne qui l’a financé dans le but de sensibiliser le public au vieillissement et à la maltraitance dont étaient déjà victimes les personnes âgées à cette époque. Muni de cette feuille de route, le réalisateur de Creepshow a décidé de situer son histoire dans un parc d’attraction d’un genre très particulier où se déroulent des faits bien peu avouables… Une visite présentée par Lincoln Maazel, interprète principal du film, qui débite un prêchi-prêcha plutôt édifiant mais a posteriori fort savoureux, évacuant en quelques phrases la contrainte du commanditaire. La suite se déroule comme une sorte de descente aux enfers où les différents manèges de la fête foraine constituent les étapes successives d’un véritable calvaire qui joue avec un tabou : le vieillissement.



Lincoln Maazel



L’ironie, c’est que ce film de commande jamais diffusé renaît de ses cendres près d’un demi-siècle après sa réalisation, sans doute parce qu’il y a prescription, et a même donné lieu à une restauration, en raison de la notoriété de son auteur décédé en 2017. Le sujet de The Amusement Park évoque un autre classique de la science-fiction, le fameux Soleil vert de Richard Fleischer tourné en cette même année 1973. On y perçoit l’inquiétude qui commençait à sourdre d’une société américaine opulente qui prônait le jeunisme et aspirait à rendre invisibles ceux qu’on n’appelait pas encore les seniors. La fable est cruelle. Elle évoque étrangement un crypto-remake de La nuit des morts vivants dans lequel les zombies seraient remplacés par des personnes âgées. George A. Romero avait assurément de la suite dans les idées et son œuvre n’a cessé de recycler les mêmes thèmes sous diverses formes. Ce film pas totalement abouti lui ressemble et séduit précisément par ses imperfections et une esthétique assez brouillonne.

Jean-Philippe Guerand




Lincoln Maazel

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Le paradis des rêves brisés

La confession qui suit est bouleversante… © A Medvedkine Elle est le fait d’une jeune fille de 22 ans, Anna Bosc-Molinaro, qui a travaillé pendant cinq années à différents postes d’accueil à la Cinémathèque Française dont elle était par ailleurs une abonnée assidue. Au-delà de ce lieu mythique de la cinéphilie qui confie certaines tâches à une entreprise de sous-traitance aux méthodes pour le moins discutables, CityOne (http://www.cityone.fr/) -dont une responsable non identifiée s’auto-qualifie fièrement de “petit Mussolini”-, sans nécessairement connaître les dessous répugnants de ses “contrats ponctuels”, cette étudiante éprise de cinéma et idéaliste s’est retrouvée au cœur d’un mauvais film des frères Dardenne, victime de l'horreur économique dans toute sa monstruosité : harcèlement, contrats précaires, horaires variables, intimidation, etc. Ce n’est pas un hasard si sa vidéo est signée Medvedkine, clin d’œil pertinent aux fameux groupes qui signèrent dans la mouva...

Berlinale Jour 2 - Mardi 2 mars 2021

Mr Bachmann and His Class (Herr Bachmann und seine Klasse) de Maria Speth (Compétition) Documentaire. 3h37 Dieter Bachmann est enseignant à l’école polyvalente Georg-Büchner de Stadtallendorf, dans le Nord de la province de Hesse. Au premier abord, il ressemble à un rocker sur le retour et mêle d’ailleurs à ses cours la pratique des instruments de musique qui l’entourent. Ses élèves sont pour l’essentiel des enfants de la classe moyenne en majorité issus de l’immigration. Une particularité qu’il prend constamment en compte pour les aider à s’intégrer dans cette Allemagne devenue une tour de Babel, sans perdre pour autant de vue leurs racines. La pédagogie exceptionnelle de ce professeur repose sur son absence totale de préjugés et sa foi en une jeunesse dont il apprécie et célèbre la diversité. Le documentaire fleuve que lui a consacré la réalisatrice allemande Maria Speth se déroule le temps d’une année scolaire au cours de laquelle le prof et ses élèves vont apprendre à se connaître...

Bud Spencer (1929-2016) : Le colosse à la barbe fleurie

Bud Spencer © DR     De Dieu pardonne… Moi pas ! (1967) à Petit papa baston (1994), Bud Spencer a tenu auprès de Terence Hill le rôle de complice qu’Oliver Hardy jouait aux côtés de Stan Laurel. À 75 ans et après plus de cent films, l’ex-champion de natation Carlo Pedersoli, colosse bedonnant et affable, était la surprenante révélation d’ En chantant derrière les paravents  (2003) d’Ermanno Olmi, Palme d’or à Cannes pour L’arbre aux sabots . Une expérience faste pour un tournant inattendu au sein d’une carrière jusqu’alors tournée massivement vers la comédie et l’action d’où émergent des films comme On l’appelle Trinita (1970), Deux super-flics (1977), Pair et impair (1978), Salut l’ami, adieu le trésor (1981) et les aventures télévisées d’ Extralarge (1991-1993). Entrevue avec un phénomène du box-office.   Rencontre « Ermanno Olmi a insisté pour que je garde mon pseudonyme, car il évoque pour lui la puissance, la lutte et la viol...