Film français de Chloé Mazlo (2020), avec Alba Rohrwacher, Wajdi Mouawad, Isabelle Zighondi, Mariah Tannoury, Jazde Breidi, Odette Makhlouf, Hany Tamba… 1h30. Sortie le 30 juin 2021.
Wajdi Mouawad et Alba Rohrwacher
C’est un conte de fées moderne dans lequel une jeune fille suisse part pour le Liban où elle rencontre le prince charmant en la personne d’un astrophysicien qui rêve d’envoyer l’un de ses compatriotes dans les étoiles, au moment où les États-Unis et l’URSS rivalisent d’audace pour partir à la conquête de l’espace. Tout irait pour le mieux dans le meilleur des mondes sans la guerre civile qui éclate et menace le bonheur parfait d’Alice et Joseph. Chloé Mazlo place son premier long métrage sous le signe de la poésie et s’en donne les moyens. Ses personnages évoluent dans un univers idéalisé où règne une forme de pureté qui semble les préserver des assauts extérieurs. Leur histoire d’amour idéalisée résiste à la sauvagerie ambiante par sa puissance à toute épreuve. Jouant la carte du chromo, la mise en scène privilégie les bons sentiments et aborde des sujets dramatiques avec une légèreté inaccoutumée. Un parti pris singulier qui déroute avant de séduire parce qu’il va de pair avec un casting inattendu. L’actrice italienne Alba Rohrwacher y trouve un partenaire idéal en la personne du dramaturge libanais Wajdi Mouawad (l'auteur d'Incendies). L’un et l’autre affichent une innocence qui fait d’autant plus chaud au cœur qu’il s’agit d’un choix délibéré. Tout semble glisser sur eux comme sur le plumage d’un cygne.
Wajdi Mouawad et Alba Rohrwacher
Sous le ciel d’Alice impose un regard original où rien ne semble vraiment tragique. La réussite du film réside sans doute dans le fait que sa réalisatrice croit à la beauté du monde et qu’elle sait nous convaincre de partager cette conviction. Ses personnages se comportent comme s’ils vivaient dans un monde parallèle où la bonté constitue le bouclier le plus efficace contre la barbarie. Souriez à la vie et la vie vous sourira, semble dire cette chronique d’un amour entre deux incorrigibles rêveurs qui a été inspiré à Chloé Mazlo par le destin authentique de sa grand-mère partie pour Beyrouth en tant que nourrice dans les années 50 et envoûtée sur place par un Orient des mille et une nuits que son romantisme n’a contribué qu’à embellir. À travers ce film tourné en super 16 pour coller à l’esthétique des albums photo familiaux des années 70, grâce au concours de la directrice de la photographie Hélène Louvart, la réalisatrice interroge ses propres racines et des choix existentiels qui ont précédé sa venue au monde. Difficile de résister au charme de ce cinéma dont la naïveté nous entraîne dans un univers dépaysant où aucun délire ne paraît excessif.
Jean-Philippe Guerand
Wajdi Mouawad et Alba Rohrwacher
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