Let Him Go Film américain de Thomas Bezucha (2020), avec Kevin Costner, Diane Lane, Lesley Manville, Kayli Carter, Booboo Stewart, Jeffrey Donovan, Will Brittain… 1h55. Sortie le 16 juin 2021.
Kevin Costner est l’un des derniers acteurs taillés pour jouer dans des westerns. Sans doute parce qu’il possède tous les atouts du héros solitaire tel que l’immortalisèrent Gary Cooper ou James Stewart, davantage que le trop inoxydable John Wayne. Ce n’est sans doute pas un hasard si le réalisateur de Danse avec les loups (1991) et Open Range (2003) y a remporté ses succès personnels les plus éclatants en tant qu’interprète. Il suffit qu’il apparaisse à l’écran pour qu’on se trouve transporté dans un autre monde. L’un des nôtres est un western d’aujourd’hui dans un cadre immuable. Un film habité par des personnages sur lesquels le temps ne semble exercer aucune prise. À la suite de la mort de leur fils, deux fermiers du Montana décident d’aller récupérer leur petit-fils que sa mère a emmené malgré elle dans sa famille du Dakota. Sur place, il s’avère qu’ils ne sont non seulement pas les bienvenus, mais que le gamin est l’otage d’une tribu bien décidée à tout faire pour le garder sous sa coupe. Le roman de Larry Watson se déroulait en 1951, son adaptation se situe une dizaine d’années plus tard, juste avant l’assassinat de JFK que le réalisateur Thomas Bezucha considère comme la fin de l’innocence américaine.
Face au couple uni que composent Kevin Costner et Diane Lane avec une innocence déconcertante, Thomas Bezucha a choisi pour interpréter la matrone qui les défie avec une autorité digne de Ma Dalton une actrice britannique étiquetée jusqu’alors comme l’une des égéries de Mike Leigh, Lesley Manville. Méconnaissable, elle campe une harpie d’anthologie qui règne sur une horde de demeurés avec une autorité désarmante. Le combat semble d’autant plus inégal entre le couple harmonieux et idéaliste qui pèche par excès de naïveté et ces primitifs qu’on jurerait exhumés de l’époque barbare des pionniers. Mais le masochisme fait aussi partie des qualités premières de Costner qui l’a souvent appliqué aux personnages d’idéalistes qu’il a immortalisés à l’écran. Sa façon de ne jamais voir le verre à moitié vide est devenue chez lui une seconde nature qui lui vaut immanquablement d’endurer un véritable calvaire avant de triompher. Un parcours qui est celui de certains héros emblématiques du cinéma américain en proie à un sentiment de transcendance. Rares sont les acteurs à pouvoir assumer ce statut impunément. La diction traînante de Costner lui facilite sans doute la tâche. Reste qu’on retrouve dans ce néo-western ce sentiment du travail bien fait qui caractérisait le cinéma à l’âge d’or des studios et que le couple formé par Diana Lane et Kevin Costner a du glamour à revendre.
Jean-Philippe Guerand
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