Accéder au contenu principal

“Luca” d’Enrico Casarosa




Film américain d’Enrico Casarosa (2021), avec (voix) Aloïs Le Labourier Tiêu, Matt Mouredon, Juliette Davis… 1h36. Mise en ligne sur Disney+ le 18 juin 2021.






Deux jeunes animaux marins en goguette incognito sur la terre ferme décident de se fondre dans la foule pour profiter des plaisirs de l’été en compagnie des humains qu’ils rencontrent et qui n’ont aucun moyen de les identifier comme des créatures venues d’ailleurs. La scène se déroule à Portorosso, un petit port pittoresque de la Riviera italienne où tout semble avoir été conçu pour le bonheur. L’intrigue du dernier-né des studios Pixar n’est qu’un prétexte. L’important réside davantage dans le parti qu’en tire le réalisateur Enrico Casarosa en sublimant ce cadre enchanteur. Luca ressemble à un dépliant touristique qui exalte ce que l’Italie a de meilleur avec une richesse graphique qui laisse pantois. Il y a dans ce film quelques morceaux d’anthologie qui renvoient au quotidien le plus prosaïque qui soit. Rarement un film d’animation a autant mis l’eau à la bouche que celui-ci par sa sensualité extrême. Son réalisme est tel que la simple image d’une plâtrée de pâtes frémissant dans une casserole d’eau bouillante devient un authentique morceau de bravoure. Mais ce film ludique va bien au-delà de ses exploits technologiques et de sa splendeur esthétique.






Luca propose une vision hédoniste de la douceur de vivre dans une Italie de carte postale qui n’a sans doute jamais autant ressemblé au paradis que dans ce film d’animation chatoyant qui permet au réalisateur italien Enrico Casarosa de célébrer une terre qu’il connaît mieux que personne, à travers une richesse chromatique exceptionnelle qui transcende un bonheur aux multiples facettes. Il le fait en prenant pour guides deux habitants des fonds marins qui possèdent un point commun avec les Gremlins : tout contact avec l’eau révèle leur véritable nature en teignant leur peau en bleu. On lira en filigrane de ce très joli film qui s’offre le luxe de paresser et de lézarder une parabole sur le droit à la différence et à l’intégration. C’est la force des productions Pixar de se placer systématiquement à la pointe de la modernité en s’adressant à tous les publics sans ostracisme. Luca le démontre une fois de plus en beauté et nous promet une heure et demie d’insouciance en dressant un éloge du farniente qui fleure bon les vacances.

Jean-Philippe Guerand





Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Le paradis des rêves brisés

La confession qui suit est bouleversante… © A Medvedkine Elle est le fait d’une jeune fille de 22 ans, Anna Bosc-Molinaro, qui a travaillé pendant cinq années à différents postes d’accueil à la Cinémathèque Française dont elle était par ailleurs une abonnée assidue. Au-delà de ce lieu mythique de la cinéphilie qui confie certaines tâches à une entreprise de sous-traitance aux méthodes pour le moins discutables, CityOne (http://www.cityone.fr/) -dont une responsable non identifiée s’auto-qualifie fièrement de “petit Mussolini”-, sans nécessairement connaître les dessous répugnants de ses “contrats ponctuels”, cette étudiante éprise de cinéma et idéaliste s’est retrouvée au cœur d’un mauvais film des frères Dardenne, victime de l'horreur économique dans toute sa monstruosité : harcèlement, contrats précaires, horaires variables, intimidation, etc. Ce n’est pas un hasard si sa vidéo est signée Medvedkine, clin d’œil pertinent aux fameux groupes qui signèrent dans la mouva

Bud Spencer (1929-2016) : Le colosse à la barbe fleurie

Bud Spencer © DR     De Dieu pardonne… Moi pas ! (1967) à Petit papa baston (1994), Bud Spencer a tenu auprès de Terence Hill le rôle de complice qu’Oliver Hardy jouait aux côtés de Stan Laurel. À 75 ans et après plus de cent films, l’ex-champion de natation Carlo Pedersoli, colosse bedonnant et affable, était la surprenante révélation d’ En chantant derrière les paravents  (2003) d’Ermanno Olmi, Palme d’or à Cannes pour L’arbre aux sabots . Une expérience faste pour un tournant inattendu au sein d’une carrière jusqu’alors tournée massivement vers la comédie et l’action d’où émergent des films comme On l’appelle Trinita (1970), Deux super-flics (1977), Pair et impair (1978), Salut l’ami, adieu le trésor (1981) et les aventures télévisées d’ Extralarge (1991-1993). Entrevue avec un phénomène du box-office.   Rencontre « Ermanno Olmi a insisté pour que je garde mon pseudonyme, car il évoque pour lui la puissance, la lutte et la violence. En outre, c’était

Jean-Christophe Averty (1928-2017) : Un jazzeur sachant jaser…

Jean-Christophe Averty © DR Né en 1928, Jean-Christophe Averty est élève de l'Institut des Hautes Etudes Cinématographiques (Idhec) avant de partir travailler en tant que banc-titreur pour les Studios Disney de Burbank où il reste deux ans en accumulant une expertise précieuse qu'il saura mettre à profit par la suite. De retour en France, il intègre la RTF en 1952 où il réalisera un demi-millier d'émissions de radio et de télévision dont Les raisins verts (1963-1964) qui assoit sa réputation de frondeur à travers l'image récurrente d'une poupée passé à la moulinette d'un hachoir à viande et pas moins de 1 805 numéros des Cinglés du music-hall (1982-2006) où il exprime sa passion pour la musique, sur France Inter, puis France Culture, lui, l'amateur de jazz à la voix inimitable chez qui les mots semblent se bousculer. Fin lettré et passionné par les images, l’iconoclaste Averty compte parmi les pionniers de la vidéo et se caract