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“L’oubli que nous serons” de Fernando Trueba




El olvido que seremos Film colombien de Fernando Trueba (2020), avec Javier Cámara, Nicolas Reyes, Juan Pablo Urrego, Patricia Tamayo, Maria Teresa Barreto, Laura Londoño, Aida Morales… 2h16. Sortie le 9 juin 2021.



Patricia Tamayo



Fernando Trueba est décidément l’un des cinéastes espagnols les plus atypiques. De Belle Époque (1992) à L’artiste et son modèle (2012), chacun de ses films constitue pour lui une sorte de jeu de l’oie dont il est le seul à connaître la règle. Cette curiosité insatiable lui a valu de s’essayer à tous les genres et d’aller tourner dans des pays différents grâce à une capacité d’adaptation remarquable. C’est ainsi qu’il est allé tourner en Colombie l’adaptation du roman d’Héctor Abad Faciolince L’oubli que nous serons paru en 2006. Il y raconte l’histoire véridique du père de l’auteur, un médecin qui s’est battu dans les années 80 pour conjurer la malédiction de la misère qui planait sur les habitants de Medellin et l’a payé de sa vie pour avoir perturbé les agissements d’une Mafia locale toujours prompte à commanditer des règlements de comptes sur la voie publique.



Javier Cámara



C’est avec sa compassion habituelle que Trueba filme le chemin de croix de ce saint laïc qu’incarne magistralement Javier Cámara. Au-delà de ce personnage hors du commun qui exerce son métier comme un sacerdoce, mais n’en néglige pas pour autant sa nombreuse famille, il décrit une société gangrénée par le mal qui sécrète aussi ses sauveurs providentiels, chaque martyr se voyant aussitôt remplacé par une autre âme charitable. L’adaptation écrite par David Trueba, le frère cadet du réalisateur, réussit à ménager un savant équilibre entre deux genres pas toujours compatibles : une étude de mœurs politico-historique et une chronique familiale qui vont converger en tragédie moderne. Le mérite en revient aussi à des acteurs remarquables qui réussissent à donner un supplément d’âme à cette fresque foisonnante par leur seule présence, parfois seulement le temps d’une scène.

Jean-Philippe Guerand



Javier Cámara


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