Die Adern der Welt Film mongolo-allemand de Byambasuren Davaa (2019), avec Bat-Ireedui Batmunkh, Enerel Tumen, Yalalt Namsrai, Algirchamin Baatarsuren, Ariunbyamba Sukhee… 1h36. Sortie le 16 juin 2021.
Depuis quelques années déjà, les Occidentaux, à commencer par les Allemands, ont compris le profit qu’ils pouvaient tirer de ces ex-républiques soviétiques d’Asie centrale où se perpétuent des traditions ancestrales menacées par la course au profit. C’est ainsi qu’ont vu le jour des films comme Ulzhan (2007) de Volker Schlöndorff, mais aussi L’histoire du chameau qui pleure (2003) cosigné avec le chef opérateur italien Luigi Falorni et signé à l’Oscar du meilleur documentaire, puis Le chien jaune de Mongolie (2005) et Les deux chevaux de Gengis Khan (2009) à travers lesquels la réalisatrice mongole d’adoption allemande Byambasuren Davaa a réussi à s’imposer en mettant au point un savant compromis de fiction et de documentaire, toujours en prenant soin de s’adresser au public le plus large possible. Son nouveau film témoigne de sa maturité galopante sur le plan esthétique, mais aussi d’une prise de conscience politique dont elle entend tirer parti pour sensibiliser ses compatriotes au danger écologique que représente une industrie minière toujours plus envahissante qui menace désormais les racines du monde.
Aujourd’hui installée en Allemagne, Byambasuren Davaa porte sur son pays natal un regard d’autant plus impitoyable que sa renommée est de nature à assurer à son film un retentissement international non négligeable. En équilibre précaire entre documentaire et fiction, sa vision du réel joue à dessein sur les deux tableaux en adoptant le parti de ces nomades qui luttent pour leur survie dans un combat inégal, mais âpre où la nouvelle génération se montre disposée à prendre le relais de celles qui l’ont précédée, l’innocence en moins, mais sans cynisme pour autant. Si le cinéma peut parfois changer le monde, ce conte cruel de la mondialisation est à minima de nature à éveiller les consciences. Son message universel constitue en ce sens son plus sérieux atout. L’expérience aidant, la réalisatrice s’est débarrassée des fioritures décoratives qui pouvaient amoindrir la portée de ses films précédents. Bien que son nouvel opus s’adresse à un large public, son propos est trop grave pour s’accommoder du moindre compromis commercial. Greta Thunberg est passée par là en mobilisant la jeunesse autour d’une cause juste : la protection de la planète. C’est très exactement le propos des Racines du monde dont le titre reflète l’urgence de la cause.
Jean-Philippe Guerand
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