Film français de Bruno Podalydès (2020), avec Denis Podalydès, Sandrine Kiberlain, Bruno Podalydès, Yann Frisch, Luàna Bajrami, Michel Vuillermoz, Isabelle Candelier, Samuel Benchetrit… 1h32. Sortie le 16 juin 2021.
Il y a déjà près de trente ans que Bruno Podalydès nous répète sans relâche qu’il s’est sans doute trompé d’époque. Il le démontre une nouvelle fois en orchestrant le télescopage de deux mondes antagonistes : celui dans lequel évolue Alexandre, chômeur à qui son épouse autoritaire a accordé deux mois pour démontrer qu’il peut devenir un père responsable, et celui d’Arcimboldo, une sorte de professeur Tournesol de la nouvelle économie. Lorsque Alexandre décroche une promesse d’embauche dans une start-up trop accueillante pour être tout à fait honnête, il lui faut toutefois dissimuler son statut de papa poule à sa patronne qui ne croit qu’en la technologie, mais a banni les enfants de son plan de carrière. Les deux frères Podalydès s’avèrent plus complices que jamais par leur détermination à s’accrocher à des valeurs humanistes en défiant un progrès exponentiel qui n’en arbore que les artifices.
Sandrine Kiberlain revient à la comédie avec un personnage extravagant de patronne psycho-rigide en voie de déshumanisation qui croit davantage aux leurres qu’à la réalité. Un personnage dont Les 2 Alfred (des peluches innocentes) refuse de cautionner la posture, mais qui s’adapte au principe de réalité et va peu à peu reprendre goût à la saveur de l’authenticité. Chassez le naturel… Dommage que ce film paré du label Sélection officielle Cannes 2020 n’ait pas eu les faveurs d’une présence effective en compétition. Elle aurait constitué un baptême du feu légitime pour cet incorrigible rêveur de Bruno Podalydès qui poursuit son petit bonhomme de chemin sans tapage, mais avec le soutien indéfectible d’un public fidèle qui se reconnaît dans son attachement souriant à des valeurs authentiques mais jamais rétrogrades. Sa petite musique se révèle une nouvelle fois délicieuse par le miroir qu’elle nous renvoie, sans la moindre complaisance. Moralité : t’as le bonjour des deux Alfred !
Jean-Philippe Guerand
Commentaires
Enregistrer un commentaire