Film américain de Craig Giillespie (2020), avec Emma Stone, Emma Thompson, Paul Walter Hauser, Emily Beecham, Joel Fry, Kirby Howell-Baptiste, Mark Strong… 2h14. Sortie le 23 juin 2021.
Estella a grandi sans sa mère, morte dans des circonstances confuses sous ses yeux, en grandissant comme une hors-la-loi dans le Londres des années 70 avec deux fidèles complices. Douée d’un don inné pour le dessin, elle se destine à une brillante carrière de styliste et met tout en œuvre pour entrer au service de la créatrice la plus renommée de Londres : la baronne von Hellman. Tandis qu’elle se fait une place enviable au sein de sa maison de couture, elle commence à laisser libre cours à sa face la plus sombre et devient Cruella, une créature impitoyable bien décidée à déboulonner l’idole de son piédestal qui multiplie les provocations. Ce prequel live des 101 dalmatiens est une réussite qui s’attache à la fabrication d’un mythe : la diabolique Cruella d’enfer immortalisée par les pelages canins tachetés avec lesquels elle confectionne ses célèbres manteaux de fourrure.
Contrairement aux deux déclinaisons live du fameux film d’animation de 1961 interprétées par Glenn Close, Les 101 dalmatiens (1996) et 102 dalmatiens (2000), Cruella noircit singulièrement le tableau en humanisant la méchante et en justifiant son comportement irrationnel. Emma Stone s’avère une fois de plus éblouissante dans ce personnage au double visage et trouve une partenaire de choix en Emma Thompson, quant à elle vraiment maléfique par nature, contrairement à Cruella que les circonstances ont contraint à contrarier sa nature. Il y a quelque chose de l’atmosphère des romans de Charles Dickens dans l’enfance et l’adolescence que met en scène le réalisateur australien Craig Gillespie, à travers cette détermination à ne pas succomber à une fatalité sociale écrasante, en se montrant plus fort que le diable lui-même.
Emma Stone, Joel Fry et Paul Walter Hauser
Cruella est une réussite éclatante qui s’offre le luxe suprême de raccorder malicieusement au générique de fin avec l’histoire immortelle imaginée par Dodie Smith. Le mérite en revient à un casting absolument remarquable qui oppose les deux Emma, Stone l’Américaine et Thompson la Britannique dans un affrontement dantesque où tous les coups semblent permis. Comme le Dumbo de Tim Burton, cette relecture de la légende s’avère d’une constante inventivité, notamment en s’inscrivant dans une époque de rébellion qui sied à son esprit frondeur. Dans cet affrontement méchante contre méchante, Cruella alias Estella échappe à la tradition des archétypes négatifs d’anthologie Disney en s’inscrivant dans la lignée actuelle des super-héros capables de toutes les provocations pour imposer leur règne. Le réalisateur de Moi, Tonya (2017) confirme son talent de directeur d’actrices, sans sacrifier pour autant ses personnages masculins, des acolytes Jasper et Horace campés par Joel Fry et Paul Walter Hauser au majordome au double visage qu’incarne Mark Strong. Excellente nouvelle : la suite est déjà en préparation…
Jean-Philippe Guerand
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