Accéder au contenu principal

“Crock of Gold” de Julien Temple




Crock of Gold : A Few Rounds with Shane MacGowan Documentaire musical britannique de Julien Temple (2020), avec Shane MacGowan, Johnny Depp, Siobhan MacGowan, Victoria Mary Clarke, Gerry Adams… 2h04. Sortie le 16 juin 2021.



Shane MacGowan



Inlassable témoin de son temps, Julien Temple a édifié en quelques décennies une véritable anthologie de la musique contemporaine qui l’a vu passer du statut de stakhanoviste du clip dans les années 80 et 90 à des formats plus longs et même quelques incursions inégales dans la fiction. Au sein de cette œuvre foisonnante, il a toujours voué une affection particulière aux empêcheurs de chanter en rond, à commencer par les Sex Pistols dont il a été un compagnon de route à ses débuts. Crock of Gold célèbre un autre franc-tireur en la personne de Shane Patrick Lysaght MacGowan, le leader irlandais des Pogues aujourd’hui rongé par un abus explosif de substances délétères. Un handicap qui n’a jamais empêché le gaillard de défendre ses convictions à travers un répertoire inclassable qu’il interprète la rage au cœur, d’une voix rauque inimitable. Devenu aujourd’hui une véritable institution, le chanteur s’accroche comme un beau diable à ses convictions et met sa gloire au service de sa patrie.




Shane MacGowan



Ce rebelle avec cause est devenu au fil du temps une véritable institution que célèbrent avec la même ferveur l’indépendantiste irlandais Gerry Adams et l’acteur Johnny Depp qui a d’ailleurs contribué à produire ce film incisif. Crock of Gold est comme la plupart des films de Julien Temple un documentaire de création inventif qui prend garde de ne jamais s’apitoyer sur son personnage principal, aujourd’hui très diminué physiquement, mais toujours d’une vivacité d’esprit réjouissante. Loin de baisser les bras, Shane MacGowan continue à mettre sa célébrité au service de la cause irlandaise, l’œil pétillant et le sourire en coin, dans jamais abuser d’un charisme demeuré intact malgré sa dégradation physique. Le réalisateur met sa virtuosité naturelle au service d’une juste cause qui passe par l’intégration d’images d’archive et d’extraits de concert qui font de ce film la formidable chronique d’une époque où l’engagement des artistes pouvait faire croirez à l’avènement d’un monde meilleur.

Jean-Philippe Guerand





Shane MacGowan, Victoria Mary Clarke et Johnny Depp

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Le paradis des rêves brisés

La confession qui suit est bouleversante… © A Medvedkine Elle est le fait d’une jeune fille de 22 ans, Anna Bosc-Molinaro, qui a travaillé pendant cinq années à différents postes d’accueil à la Cinémathèque Française dont elle était par ailleurs une abonnée assidue. Au-delà de ce lieu mythique de la cinéphilie qui confie certaines tâches à une entreprise de sous-traitance aux méthodes pour le moins discutables, CityOne (http://www.cityone.fr/) -dont une responsable non identifiée s’auto-qualifie fièrement de “petit Mussolini”-, sans nécessairement connaître les dessous répugnants de ses “contrats ponctuels”, cette étudiante éprise de cinéma et idéaliste s’est retrouvée au cœur d’un mauvais film des frères Dardenne, victime de l'horreur économique dans toute sa monstruosité : harcèlement, contrats précaires, horaires variables, intimidation, etc. Ce n’est pas un hasard si sa vidéo est signée Medvedkine, clin d’œil pertinent aux fameux groupes qui signèrent dans la mouva

Bud Spencer (1929-2016) : Le colosse à la barbe fleurie

Bud Spencer © DR     De Dieu pardonne… Moi pas ! (1967) à Petit papa baston (1994), Bud Spencer a tenu auprès de Terence Hill le rôle de complice qu’Oliver Hardy jouait aux côtés de Stan Laurel. À 75 ans et après plus de cent films, l’ex-champion de natation Carlo Pedersoli, colosse bedonnant et affable, était la surprenante révélation d’ En chantant derrière les paravents  (2003) d’Ermanno Olmi, Palme d’or à Cannes pour L’arbre aux sabots . Une expérience faste pour un tournant inattendu au sein d’une carrière jusqu’alors tournée massivement vers la comédie et l’action d’où émergent des films comme On l’appelle Trinita (1970), Deux super-flics (1977), Pair et impair (1978), Salut l’ami, adieu le trésor (1981) et les aventures télévisées d’ Extralarge (1991-1993). Entrevue avec un phénomène du box-office.   Rencontre « Ermanno Olmi a insisté pour que je garde mon pseudonyme, car il évoque pour lui la puissance, la lutte et la violence. En outre, c’était

Jean-Christophe Averty (1928-2017) : Un jazzeur sachant jaser…

Jean-Christophe Averty © DR Né en 1928, Jean-Christophe Averty est élève de l'Institut des Hautes Etudes Cinématographiques (Idhec) avant de partir travailler en tant que banc-titreur pour les Studios Disney de Burbank où il reste deux ans en accumulant une expertise précieuse qu'il saura mettre à profit par la suite. De retour en France, il intègre la RTF en 1952 où il réalisera un demi-millier d'émissions de radio et de télévision dont Les raisins verts (1963-1964) qui assoit sa réputation de frondeur à travers l'image récurrente d'une poupée passé à la moulinette d'un hachoir à viande et pas moins de 1 805 numéros des Cinglés du music-hall (1982-2006) où il exprime sa passion pour la musique, sur France Inter, puis France Culture, lui, l'amateur de jazz à la voix inimitable chez qui les mots semblent se bousculer. Fin lettré et passionné par les images, l’iconoclaste Averty compte parmi les pionniers de la vidéo et se caract