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“Sons of Philadelphia” de Jérémie Guez




The Sound of Philadelphia Film américano-franco-belge de Jérémie Guez (2020), avec Matthias Schoenaerts, Joel Kinnaman, Maika Monroe, Ryan Phillippe, Paul Schneider… 1h30. Sortie le 26 mai 2021.



Matthias Schoenaerts


Difficile de ne pas penser en découvrant Sons of Philadelphia à un autre film américain réalisé par un Belge et interprété par Matthias Schoenaerts : Quand vient la nuit (2014) de Michaël R. Roskam, Même ambiance crapoteuse, mêmes relations toxiques. Peter a été recueilli par la famille de Michael à la mort de son père. Trente ans plus tard, ces faux frères sont devenus de véritables complices au service de la pègre. Alors quand l’un d’eux devient l’homme à abattre pour un caïd de la mafia italienne, c’est le passé de l’autre qui refait surface. Remarqué pour sa contribution à l’adaptation de La nuit a dévoré le monde de Dominique Rocher et un premier film prometteur, Bluebeard, Jérémie Guez appartient à cette nouvelle génération qui croit au cinéma de genre comme terrain de prédilection pour exprimer sa vision du monde. Par ailleurs romancier, il s’inspire dans son nouvel opus du livre de Peter Dexer Un amour fraternel qui décrit le crépuscule d’un monde.



Joel Kinnaman et Matthias Schoenaerts



Ses protagonistes évoluent dans un univers dominé par l’endogamie où règne une solidarité criminelle qui lie ses membres. Le ton est amer, car il s’agit d’un monde en déclin dont l’atmosphère délétère évoque le ton de The Yards (2000) et La nuit nous appartient (2007) de James Gray. On y retrouve cette dépendance des individus à un groupe qui dicte leur conduite et conditionne leur rapport au monde. Une fracture s’incarne toutefois à travers les personnages qu’incarnent Matthias Schoenaerts, qui excelle sur le registre taiseux et taciturne, et l’acteur suédois Joel Kinnaman qui fut le RoboCop (2014) de José Padilha. Sons of Philadelphia est constitué de vignettes qui évitent le piège de la reconstitution des années 70 au profit de la vérité humaine qui suinte de ces petites mains du grand banditisme qu’on qualifie parfois de “fourmis”. Cette immersion se révèle plutôt efficace et fait de Jérémie Guez un cinéaste à suivre.

Jean-Philippe Guerand




Matthias Schoenaerts


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