Film américano-britannique d’Emerald Fennell (2020), avec Carey Mulligan, Bo Burnham, Alison Brie, Connie Britton, Adam Brody, Jennifer Coolidge, Christopher Mintz-Plasse… 1h48. Sortie le 26 mai 2021.
Carey Mulligan
Le mouvement #Metoo ne s’est pas contenté de provoquer un raz de marée au sein du cinéma américain, en éliminant des personnalités parfois importantes et en accordant davantage d’espace aux réalisatrices, comme l’a prouvé la récente consécration aux Oscars de Chloé Zhao avec Nomadland. Il impacte aujourd’hui la tonalité même de certains scripts. C’est le cas de celui de Promising Young Woman, un thriller militant sur lequel aucun producteur n’aurait sans doute osé parier il y a seulement trois ans, mais qui a valu l’Oscar du meilleur scénario original à la britannique Emerald Fennell dès son premier film. Carey Mulligan y incarne une jeune femme prête à sacrifier un avenir prometteur pour empêcher de nuire une bande de machos immatures et irresponsables. Une justicière idéaliste qui échappe aux archétypes traditionnels pour faire triompher la vérité, dans un grand écart acrobatique entre les doux rêveurs chers à Frank Capra et les redresseurs de tort campés par Charles Bronson dans les thrillers de Michael Winner.
Carey Mulligan et Christopher Mintz-Plasse
Promising Young Woman pratique avec habileté le mélange des genres en désamorçant les clichés grâce à un humour parfois féroce. Exit les bandes de mecs que certaines substances délétères transforment en barbares adeptes du droit de cuissage sinon en violeurs impunis. C’est la banalisation de ces pratiques qui a fini par conditionner le public à un spectacle qui s’apparentait purement et simplement à du voyeurisme, sans que quiconque se risque à y voir aussi une affaire de morale. Si féminisme il y a dans le propos d’Emerald Fennell, il est moins revanchard qu’inventif et confère à ce film savoureux et volontiers frondeur un impact sociétal qui va bien au-delà de son intrigue par sa manière irrésistible de manier l’ironie et de tordre le cou à des clichés qu’on espère désormais caducs. Le tout en renversant la table d’un cinéma qui appartient désormais au passé et ne pourra plus jamais répéter les mêmes erreurs. Sous peine de se voir stigmatisé par le public.
Jean-Philippe Guerand
Carey Mulligan et Bo Burnham
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