Film français de Christophe Barratier (2020), avec Victor Belmondo, Yoann Eloundou, Gérard Lanvin, Marie-Sohna Condé, Ornella Fleury… 1h31. Sortie le 19 mai 2021.
Victor Belmondo et Gérard Lanvin
On assiste depuis quelques années à une étonnante mutualisation des talents. Un film qui connaît un joli succès dans son pays d’origine bénéficie d’une valeur ajoutée à l’exportation. Mieux, désormais, c’est son scénario qui fait l’objet de toutes les attentions et donne lieu à un voire plusieurs remakes ou adaptations. On le sait peu, mais des films comme Un homme à la hauteur (2016) de Laurent Tirard ou Le jeu (2018) de Fred Cavayé sont en fait respectivement des “localisations” des longs métrages argentin Corazón de León (2013) et italien Perfetti sconosciuti (2016). Dernier exemple en date, c’est le film allemand de Marc Rothemund Dieses bescheuerte Herz (2017) qui a inspiré Envole-moi. Un scénario tiré d’une histoire vraie et confié par le producteur Dimitri Rassam au réalisateur des Choristes (2004), auquel il a adjoint trois autres pointures à l’adaptation : le tandem formé par Matthieu Delaporte et Alexandre de La Patellière, les duettistes du Prénom (2012), et le réalisateur Anthony Marciano (Les gamins, 2013). L’affaire a donc été d’autant moins livrée au hasard que le thème de ce Feel Good Movie n’est pas sans évoquer celui d’un modèle du genre : Intouchables (2011) de Nakache et Toledano, deuxième plus gros succès français de tous les temps. Rien de tel qu'une association a priori contre nature pour attirer les foules.
Victor Belmondo et Yoann Eloundou
Un chirurgien décide de donner une bonne leçon à son fils oisif et jouisseur, en lui confiant la surveillance rapprochée d’un petit garçon atteint d’une maladie orpheline. Une leçon de vie radicale qui va permettre au jeune homme de donner un sens à sa vie de patachon et au gamin de découvrir le plaisir de l’insouciance associé à une enfance traditionnelle. Envole-moi est une mécanique de précision dont chaque rouage a été huilé avec soin dans le but de plaire au public le plus large possible, sans mièvrerie ni vulgarité. Christophe Barratier n’a pas à forcer sa nature pour être en empathie avec ces personnages qui bénéficient par ailleurs d’interprètes idéaux. Après une série de seconds rôles de plus en plus remarqués, Victor Belmondo, petit-fils de Jean-Paul, ne fait qu’une bouchée de son personnage d’enfant gâté dépourvu d’idéal, face au petit Yoann Eloundou, dont le personnage requiert une gamme de jeu assez variée. Last But Not Least, Gérard Lanvin excelle sur le registre du mandarin bougon capable de briser l’armure quand les circonstances l’y obligent. C’est sans doute la force de vie qui émane de ce mélo souriant qui fera son succès. Il le mérite d’autant plus en cette période où les hommes en blanc ont occupé une telle place dans nos vies en accroissant son prix.
Jean-Philippe Guerand
Commentaires
Enregistrer un commentaire