Accéder au contenu principal

“Music” de Sia



Film américain de Sia (2020), avec Maddie Ziegler, Kate Hudson, Leslie Odom Jr., Mary Kay Place… 1h37. Mise en ligne en VOD premium le 29 mars 2021.



Maddie Ziegler



Le cinéma constitue pour bien des artistes une sorte d’aboutissement qui ne se caractérise parfois que par un petit tour de piste et puis s’en vont. On ne compte plus les chanteurs, les écrivains, les peintres, les danseurs voire les animateurs de télévision qui s’y sont brûlés les ailes. Juste pour pouvoir ajouter cette ligne de vanité à leur curriculum vitae. C’est au tour de la chanteuse australienne Sia de se jeter dans le grand bain avec un film dont on constatera que le scénario n’est qu’un prétexte minimum à une débauche visuelle et sonore démultipliée. Music, une jeune fille autiste qui vit avec un casque vissé sur les oreilles et sourit en permanence à tous ceux qu’elle croise, se retrouve sous l’autorité contraignante de sa demi-sœur aînée, une junkie en voie de sevrage qui va trouver un soutien inattendu en la personne de leur voisin compatissant, un type au cœur gros comme ça. C’est dès lors à trois qu’ils vont se serrer les coudes pour conjurer la grisaille du monde que Music conjure par les couleurs éclatantes qu’elle a dans la tête et une frénésie de danser communicative.



Maddie Ziegler, Kate Hudson



Un trio de personnages en quête de hauteur pour un film conçu autour de dix chansons inédites de Sia et une série de numéros musicaux assez époustouflants qui jouent autant sur leur chorégraphie réglée au cordeau que sur une gamme chromatique particulièrement spectaculaire. Ce sont d’ailleurs ces intermèdes hauts en couleur qui constituent l’aspect le plus réussi de ce Feel Good Movie parfois à la limite de la mièvrerie, mais dont il faut se garder à l’esprit qu’il s’adresse en premier lieu aux inconditionnels de la chanteuse. Aux profanes de suivre le mouvement ! Le reste du public en retiendra surtout une formidable énergie et l’interprétation de Kate Hudson dans un contre-emploi spectaculaire qui contraste avec la composition de Maddie Ziegler, déjà remarquée dans des clips de Sia, dont le personnage s’inspire d’un jeune garçon croisé par la chanteuse au cours d’une réunion d’alcooliques anonymes. Par son caractère conceptuel, ce méli-mélo enthousiaste insuffle un nouvel élan à la comédie musicale sous l’impulsion d’une artiste polyvalente qui affirme d’entrée de jeu une maîtrise pleine et entière de son art, mais a parfois la main un peu lourde sur l’émotion.

Jean-Philippe Guerand




Maddie Ziegler

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Le paradis des rêves brisés

La confession qui suit est bouleversante… © A Medvedkine Elle est le fait d’une jeune fille de 22 ans, Anna Bosc-Molinaro, qui a travaillé pendant cinq années à différents postes d’accueil à la Cinémathèque Française dont elle était par ailleurs une abonnée assidue. Au-delà de ce lieu mythique de la cinéphilie qui confie certaines tâches à une entreprise de sous-traitance aux méthodes pour le moins discutables, CityOne (http://www.cityone.fr/) -dont une responsable non identifiée s’auto-qualifie fièrement de “petit Mussolini”-, sans nécessairement connaître les dessous répugnants de ses “contrats ponctuels”, cette étudiante éprise de cinéma et idéaliste s’est retrouvée au cœur d’un mauvais film des frères Dardenne, victime de l'horreur économique dans toute sa monstruosité : harcèlement, contrats précaires, horaires variables, intimidation, etc. Ce n’est pas un hasard si sa vidéo est signée Medvedkine, clin d’œil pertinent aux fameux groupes qui signèrent dans la mouva

Bud Spencer (1929-2016) : Le colosse à la barbe fleurie

Bud Spencer © DR     De Dieu pardonne… Moi pas ! (1967) à Petit papa baston (1994), Bud Spencer a tenu auprès de Terence Hill le rôle de complice qu’Oliver Hardy jouait aux côtés de Stan Laurel. À 75 ans et après plus de cent films, l’ex-champion de natation Carlo Pedersoli, colosse bedonnant et affable, était la surprenante révélation d’ En chantant derrière les paravents  (2003) d’Ermanno Olmi, Palme d’or à Cannes pour L’arbre aux sabots . Une expérience faste pour un tournant inattendu au sein d’une carrière jusqu’alors tournée massivement vers la comédie et l’action d’où émergent des films comme On l’appelle Trinita (1970), Deux super-flics (1977), Pair et impair (1978), Salut l’ami, adieu le trésor (1981) et les aventures télévisées d’ Extralarge (1991-1993). Entrevue avec un phénomène du box-office.   Rencontre « Ermanno Olmi a insisté pour que je garde mon pseudonyme, car il évoque pour lui la puissance, la lutte et la violence. En outre, c’était

Jean-Christophe Averty (1928-2017) : Un jazzeur sachant jaser…

Jean-Christophe Averty © DR Né en 1928, Jean-Christophe Averty est élève de l'Institut des Hautes Etudes Cinématographiques (Idhec) avant de partir travailler en tant que banc-titreur pour les Studios Disney de Burbank où il reste deux ans en accumulant une expertise précieuse qu'il saura mettre à profit par la suite. De retour en France, il intègre la RTF en 1952 où il réalisera un demi-millier d'émissions de radio et de télévision dont Les raisins verts (1963-1964) qui assoit sa réputation de frondeur à travers l'image récurrente d'une poupée passé à la moulinette d'un hachoir à viande et pas moins de 1 805 numéros des Cinglés du music-hall (1982-2006) où il exprime sa passion pour la musique, sur France Inter, puis France Culture, lui, l'amateur de jazz à la voix inimitable chez qui les mots semblent se bousculer. Fin lettré et passionné par les images, l’iconoclaste Averty compte parmi les pionniers de la vidéo et se caract