Film français de Ruben Alves (2019), avec Alexandre Wetter, Pascale Arbillot, Isabelle Nanty… 1h47. Sortie le 21 octobre 2020.
Alexandre Wetter
Voici un film qui revient de loin. Présenté en janvier dernier en clôture du festival du film de comédie de l’Alpe d’Huez, annoncé le 4 puis le 11 mars, déprogrammé au 23 septembre en raison de la tiédeur des premières réactions de la presse, sous couvert du confinement, puis au 28 octobre, Miss a vu sa sortie avancée in extremis d’une semaine sous l’effet du couvre-feu. Entre-temps, en juillet dernier, l’interprète principal du deuxième film de Ruben Alves (La cage dorée), Alexandre Wetter, a été couronné pour sa composition du Prix du premier rendez-vous au festival du film de Cabourg, Journées romantiques. Une reconnaissance méritée pour ce comédien subtil qui campe une transsexuelle embarquée dans un concours de miss réservé aux filles. Derrière la comédie de mœurs, affleure en effet un drame psychologique au diapason du trouble identitaire de son héros/héroïne qui ne se sent pourtant pas si mal dans un monde trop binaire pour l’accepter.
La subtilité de Miss repose sur sa détermination à refuser le sempiternel cas de conscience qu’implique la confrontation d’un personnage “différent” avec une collectivité troublée. Son personnage principal poursuit un rêve fou : gagner un concours de miss. Un fantasme de midinette… réservé aux filles. L’audace du propos est à la mesure de son point de vue qui échappe à tous les clichés et stéréotypes en usage dans ce domaine. Pas question de se faire passer pour ce qu’il n’est pas, mais plutôt de s’intégrer parmi le sexe qu’il a choisi et d’obtenir sa reconnaissance. Miss va en ce sens beaucoup plus loin que les films belges récents Girl et Lola vers la mer, par exemple, en balayant le thème de la quête identitaire au profit d’une “normalisation” qui évoque celle de la comédie danoise décomplexée A Perfect Family sorti en août dernier. Avec à la clé l’aboutissement d’un rêve de gosse qui nécessitait juste un autre corps. Avec le sourire !
Jean-Philippe Guerand
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