Accéder au contenu principal

"Sapphire Crystal" de Virgil Vernier

Sapphire Crystal de Virgil Vernier

Film français de Virgil Vernier (2019), avec Maxime Brueggler, Lou Cohen, Olivia de La Baume… 31 mn. Sortie le 14 juillet 2020.




Immersion en apnée parmi la jeunesse dorée de Genève. Des pauvres petites filles riches et des fils de… qui tuent leur ennui en sniffant des rails de coke coupés de poudre d’or pur. Après Orléans (2012) Mercuriales (2014) et Sophia Antipolis (2018), Virgil Vernier nous offre une plongée en apnée, qu’on pourrait qualifier de descente aux enfers, dans un monde de la nuit où l’argent est roi, mais n’achète visiblement pas le bonheur. Il émane de ces conversations un indicible parfum de mort. Chez ces gens-là, tout est permis et il n’existe aucune limite. Sapphire Crystal est un témoignage prodigieux sur un monde à part où règnent à la fois un ennui incoercible et une endogamie suicidaire. Ces jeunes héritiers de bonnes familles n’ont nul besoin de poursuivre un idéal. Leur destin est déjà tracé : ils sont riches et le deviendront sans doute plus encore. Leur seule préoccupation est de tuer le temps avant qu’il n’ait raison d’eux. Alors, ils se livrent aux expériences les plus extrêmes. Le plus surprenant est que le réalisateur ait réussi à les apprivoiser et à les filmer, sans jamais donner l’impression d’être sur leurs gardes ou de s’autocensurer. C’est à la visite d’un véritable zoo humain que nous invite ce bref opuscule. En l’espace d’une demi-heure, ces conversations d’une insondable vacuité nous entraînent dans un cercle moins fermé qu’il n’y paraît dont on rêverait de pouvoir découvrir les à-côtés. La parole y est libérée autant qu’est exacerbé le sentiment de supériorité sur le commun des mortels de ce microcosme fin de race confit dans une douceur de vivre bien illusoire. Il y a davantage de décadence que de grandeur dans ce Sapphire Crystal grand cru.
Jean-Philippe Guerand




Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Le paradis des rêves brisés

La confession qui suit est bouleversante… © A Medvedkine Elle est le fait d’une jeune fille de 22 ans, Anna Bosc-Molinaro, qui a travaillé pendant cinq années à différents postes d’accueil à la Cinémathèque Française dont elle était par ailleurs une abonnée assidue. Au-delà de ce lieu mythique de la cinéphilie qui confie certaines tâches à une entreprise de sous-traitance aux méthodes pour le moins discutables, CityOne (http://www.cityone.fr/) -dont une responsable non identifiée s’auto-qualifie fièrement de “petit Mussolini”-, sans nécessairement connaître les dessous répugnants de ses “contrats ponctuels”, cette étudiante éprise de cinéma et idéaliste s’est retrouvée au cœur d’un mauvais film des frères Dardenne, victime de l'horreur économique dans toute sa monstruosité : harcèlement, contrats précaires, horaires variables, intimidation, etc. Ce n’est pas un hasard si sa vidéo est signée Medvedkine, clin d’œil pertinent aux fameux groupes qui signèrent dans la mouva

Bud Spencer (1929-2016) : Le colosse à la barbe fleurie

Bud Spencer © DR     De Dieu pardonne… Moi pas ! (1967) à Petit papa baston (1994), Bud Spencer a tenu auprès de Terence Hill le rôle de complice qu’Oliver Hardy jouait aux côtés de Stan Laurel. À 75 ans et après plus de cent films, l’ex-champion de natation Carlo Pedersoli, colosse bedonnant et affable, était la surprenante révélation d’ En chantant derrière les paravents  (2003) d’Ermanno Olmi, Palme d’or à Cannes pour L’arbre aux sabots . Une expérience faste pour un tournant inattendu au sein d’une carrière jusqu’alors tournée massivement vers la comédie et l’action d’où émergent des films comme On l’appelle Trinita (1970), Deux super-flics (1977), Pair et impair (1978), Salut l’ami, adieu le trésor (1981) et les aventures télévisées d’ Extralarge (1991-1993). Entrevue avec un phénomène du box-office.   Rencontre « Ermanno Olmi a insisté pour que je garde mon pseudonyme, car il évoque pour lui la puissance, la lutte et la violence. En outre, c’était

Jean-Christophe Averty (1928-2017) : Un jazzeur sachant jaser…

Jean-Christophe Averty © DR Né en 1928, Jean-Christophe Averty est élève de l'Institut des Hautes Etudes Cinématographiques (Idhec) avant de partir travailler en tant que banc-titreur pour les Studios Disney de Burbank où il reste deux ans en accumulant une expertise précieuse qu'il saura mettre à profit par la suite. De retour en France, il intègre la RTF en 1952 où il réalisera un demi-millier d'émissions de radio et de télévision dont Les raisins verts (1963-1964) qui assoit sa réputation de frondeur à travers l'image récurrente d'une poupée passé à la moulinette d'un hachoir à viande et pas moins de 1 805 numéros des Cinglés du music-hall (1982-2006) où il exprime sa passion pour la musique, sur France Inter, puis France Culture, lui, l'amateur de jazz à la voix inimitable chez qui les mots semblent se bousculer. Fin lettré et passionné par les images, l’iconoclaste Averty compte parmi les pionniers de la vidéo et se caract