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Bouli Lanners : La belgitude des choses


Bouli Lanners ©DR

 
C’est dans un film emblématique du jeune cinéma belge, Toto le héros de Jaco van Dormael (1990), que Bouli Lanners apparaît pour la première fois sur grand écran. Il a alors 25 ans, une scolarité interrompue aux Beaux-Arts de Liège et une succession de petits boulots à son actif. De régisseur, il devient acteur, un peu par accident, puis prend goût à cette activité. Les court-métragistes et les réalisateurs de télévision puis de cinéma le sollicitent. Il se prend au jeu et s’essaie à son tour à la mise en scène. Les six courts qu’il signe entre 1995 et 2001 lui valent d’écumer les festivals et de s’y nourrir des images des autres. De plus en plus sollicité en tant que comédien, Lanners, né en 1965, noue des relations à long terme avec Benoît Mariage, les frères Malandrin, le tandem formé par Gustave Kervern et Benoît Delépine, et un autre acteur réalisateur, Albert Dupontel, avec lequel il fait une nouvelle fois équipe dans Les premiers les derniers, son quatrième long métrage après Ultranova (2005), Eldorado (2008) et Les géants (2011). Un Road Movie crépusculaire en forme de tragédie burlesque à mi-chemin entre la chasse à l’homme et le jeu de massacre, perdu dans un grand nulle part où foisonnent les situations extrêmes et où des personnages pittoresques errent dans un décor d'apocalypse. Parmi les guest-stars : Suzanne Clément, Max von Sydow, et Michael Lonsdale. Malgré un échec commercial injuste, son dernier film a valu à Bouli Lanners la reconnaissance de ses pairs et compatriotes sous la forme de cinq Magritte, les cousins belges des César, en février 2017.




De film en film resurgit votre goût pour le Road Movie. D’où vous vient cette fascination?
Bouli Lanners J’ai passé beaucoup de temps sur les routes quand on était petits, parce que mes parents étaient ardennais, mais on était nés à la frontière germanophone et on rentrait tous les week-ends dans les Ardennes. J’ai gardé des souvenirs très heureux de ces voyages qu’on faisait tous les week-ends en voiture et en famille, à regarder à travers la fenêtre. À ce moment-là, comme il n’existait aucune autoroute qui reliait ces deux points, il y avait plusieurs circuits possibles, en fonction de l’oncle ou de la tante qu’on passait voir au retour. Donc j’aimais beaucoup anticiper, voir les lignes droites et les virages et, assez vite, j’ai pris la route à vélo. À treize ans, mes parents m’ont laissé partir seul pour mon premier voyage et j’ai toujours été fasciné par cette possibilité de prendre la route et d’aller quelque part.

Au cinéma aussi ?
B. L. Quand je fais le bilan des films que j’aime, ils se passent effectivement plus souvent en extérieur, car il y a quelque chose d’anxiogène pour moi à regarder des gens confinés en huis clos. J’aime bien les films dans lesquels les grands espaces sont mis en scène, à savoir les westerns, mais aussi Heureux qui comme Ulysse, Les vieux de la vieille, La vache et le prisonnier ou La grande vadrouille. Ce sont des Road Movies avant l’heure dans lesquels on suit des personnages qui ont une trajectoire à accomplir. J’évoque évidemment là la culture populaire qui était la mienne quand j’étais petit, parce que dans mon village, il n’y avait pas de cinéma et je regardais surtout les films qui passaient à la télé. Après, quand j’ai été adolescent, il y a eu les premiers Wenders, les Jarmusch et les Kaurismäki : Ariel, c’est aussi un film qui se passe sur la route avec une décapotable. Même dans Dersou Ouzala d’Akira Kurosawa, on suit le voyage d’un géologue et de son équipe à travers la taïga. L’itinérance, le voyage a quelque chose pour moi de réconfortant et en même temps d’exaltant.

Vers où mène la route, pour vous ?
B. L. La transhumance fait toujours qu’on essaie d’aller vers un mieux et durant cette trajectoire se créent les histoires, les liens ou se résolvent les questions existentielles. C’est à travers ce voyage que quelque chose se forme. En littérature aussi. J’adore Lonesome Dove [de Larry McMurtry], par exemple.

Comment avez-vous trouvé les décors des Premiers les derniers ?
B. L. Ça a été l’un des points de départ dans l’envie d’écrire ce film. Je voulais parler de la fin du monde et de l’échéance potentielle et puis il y a eu ce flash que j’ai eu en revenant en train de Toulouse, quand j’ai vu cette espèce d’aqueduc qui avait l’air infini et était en fait le monorail destiné à l’aérotrain construit par l’ingénieur Bertin dans la région d’Orléans. J’ai repéré des noms de gares, je suis revenu sur place et c’est comme ça que j’ai découvert la Beauce, un terrain de jeu formidable. Il y a dans cette région une patine et un aspect graphique qu’on a du mal à trouver en Belgique où il n’existe aucun décor équivalent. Il y a dans cette plaine une immensité qu’on ne trouve plus chez nous.

Bande annonce des Premiers les derniers (2015) de Bouli Lanners

Est-ce la première fois que vous êtes inspiré par un décor ?
B. L. Non, c’est le cas pour tous mes films. Les décors et la musique font toujours partie intégrante de l’écriture. J’ai besoin de les trouver assez vite pour alimenter mon inspiration.

Pourquoi avez-vous tourné six courts métrages avant de passer au long ?
B. L. Tout simplement parce que je ne connaissais pas le métier. Comme je n’ai pas fait d’études de cinéma, je n’en maîtrisais pas la grammaire et jusqu’à ce que je réalise mes premiers vrais courts métrages dans lesquels il y a des champs-contrechamps, en 1996-1997, je ne connaissais vraiment rien à ce langage. C’est donc quelque chose que j’ai dû apprendre. Et c’est grâce à ma rencontre avec un jeune type qui était stagiaire dans une boîte de prod,, Jacques-Henri Bronckart de chez Versus Production, qui est devenu mon producteur et avec qui je travaille toujours. Il avait vu des rushes de ce que j’avais tourné, mais c’était juste un personnage qui parlait à la caméra, entrecoupé de décors que j’avais filmés, donc c’était basique au niveau de la mise en scène. Et c’est lui qui m’a poussé à réaliser des travellings, des champs-contrechamps, puis à passer au long métrage. À l’époque de mes premiers courts, je découpais tout avec l’aide de mon chef opérateur et une petite caméra, on essayait et je voyais ce qui marchait et ce qui ne marchait pas. C’est comme ça que j’ai compris le principe fondateur de l’axe, mais j’ai vraiment tout appris sur le tas. Au début, on se contente juste de raccorder le mieux possible pour que la scène soit compréhensible. Et puis, à un moment donné, ce sont les techniciens dont vous vous entourez qui vous aident et corrigent vos erreurs. La meilleure école, c’est le plateau et surtout son propre plateau, car là on n’a pas le choix.

Avez-vous également beaucoup observé les réalisateurs qui vous ont dirigé comme acteur ?
B. L. J’ai toujours fait attention à leur façon de travailler, et plus particulièrement à la direction d’acteurs et à leur manière de se comporter avec leur équipe, car on se rend compte que chaque réalisateur insuffle une atmosphère différente sur le plateau : certains vous angoissent, d’autres vous rassurent. Concernant la mise en scène, je n’ai jamais essayé de m’inspirer de personne, sinon peut-être de Jacques Audiard, avec qui j’ai tourné De rouille et d’os, car chez lui rien n’est figé et il est constamment en train de réécrire. Ça m’a poussé à aller loin.

Avez-vous beaucoup improvisé sur Les premiers les derniers ?
B. L. Beaucoup moins que sur mes trois premiers films, parce que le plan de travail ne me le permettait pas et qu’il était conditionné par la disponibilité des acteurs, ce qui m’empêchait de le modifier, sous peine d’en perdre certains en cours de route. Paradoxalement je disposais de moins de jours de tournage que sur mes films précédents.

Sur le plan esthétique, Les premiers les derniers est aussi votre film le plus noir. Pourquoi ce choix ?
B. L. Eldorado et Les géants étaient des films lumineux et même solaires, alors que Les premiers les derniers est délibérément crépusculaire, sans être jamais glauque, parce que je voulais parler de ce sentiment de fin du monde et de cette pensée pessimiste qui nous habitent aujourd’hui. Il fallait donc que l’image corrobore le propos et qu’il y ait très peu de césures entre le jour et la nuit.

Pourquoi avez-vous entrepris des études aux Beaux-Arts ?
B. L. À l’origine, je voulais y étudier la peinture, mais ma mère avait vu La vie passionnée de Vincent Van Gogh, avec Kirk Douglas. Or, le film de Vincente Minnelli dresse un portrait de l’artiste qui a de quoi inquiéter et elle s’est dit : « Mon fils va être pauvre. » Donc, pour la rassurer, je me suis inscrit en section bande dessinée. Du coup, je n’ai pas appris grand-chose aux Beaux-Arts, mais j’y ai rencontré des gens vraiment intéressants, à commencer par Jacques Charlier, un plasticien belge mondialement connu avec qui j’ai beaucoup parlé. Je me suis littéralement déniaisé à son contact. Mais l’acte de peindre est solitaire, et ça je l’ai pratiqué en autodidacte.

Quel genre de peinture pratiquez-vous ?
B. L. Je peins de grands paysages, assez sombres, et des ciels, avec des bâtiments, mais jamais d’êtres humains. En fait, l’esthétique des Premiers les derniers est très proche de ce que je fais, notamment les premières images avec ces ciels et ces horizons très bas, y compris les couleurs comme le brun et le noir. C’est en fait la première fois que je me réfère directement à ma peinture dans un film. Au point que je pourrais établir un parallèle entre certains plans et des toiles que j’ai réalisées. Quand je peins, j’ai beau essayer de faire des choses colorées, je n’y arrive pas. C’est plus fort que moi : c’est un état d’âme. Alors qu’au cinéma, je fais des choses qui me sont impossibles en peinture. Peut-être parce que j’y raconte des histoires humaines…

Continuez-vous à peindre ?
B. L. Non. Le cinéma me prend trop de temps. Mais ça me manque beaucoup. Quand j’aurai dit ce que j’ai à dire, je retournerai vers la peinture.

 Bande annonce d'Eldorado (2008) de Bouli Lanners

Comment êtes-vous devenu acteur ?
B. L. J’ai fait tous les métiers. Pendant que j’étais aux Beaux-Arts, je bossais dans les bistrots à Liège et j’ai rencontré une équipe de télé pour laquelle j’ai commencé à travailler sur des décors. Du coup, c’est mon absentéisme qui m’a valu d’être renvoyé de l’école. C’est comme ça que j’ai fait mes premiers plateaux à dix-neuf ans. J’ai été décorateur et accessoiriste sur une émission intitulée Rox Box qui était composée d’interviews et d’images de concert entrecoupées de sketches mettant en scène des personnages récurrents et animée par le présentateur anglais Ray Cokes. J’intervenais également comme personnage et c’est comme ça que j’ai commencé à jouer. Par la suite, j’ai tourné plus de cent vingt épisode d’une émission humoristique intitulée Les Snuls sur laquelle j’étais aussi régisseur et décorateur. Là, c’était vraiment le Far-West !

Avez-vous conservé un souvenir particulier de votre premier film de cinéma, Toto le héros ?
B. L. J’entendais parler du tournage de “Jaco”, sans savoir de qui il s’agissait. Jusqu’au jour où le fameux Jaco [van Dormael] a dû tourner des retakes, il a refait un casting et comme il avait entendu parler de moi, il m’a engagé. Je me suis donc retrouvé sur ce plateau pendant trois jours où l’équipe était énorme, l’éclairage impressionnant et où l’on tournait en pellicule, alors que j’étais habitué à la Betacam. En plus, mes scènes étaient des rêves situés dans les années 30 et je jouais un gangster qui se faisait dézinguer à la mitraillette : il y avait des éclaboussures de sang et des impacts de balles ! En tant qu’accessoiriste et décorateur habitué à des budgets hyper-réduits, j’avais été épaté en surprenant une conversation au cours de laquelle l’artificier demandait au chef déco ce qu’il pouvait péter et où il lui avait répondu qu’il avait carte blanche… pour tout casser ! C’est d’ailleurs comme ça que j’ai rencontré les artificiers avec lesquels j’ai travaillé par la suite, notamment sur le téléfilm de guerre d’Yves Boisset, Le pantalon, dans lequel je tenais aussi un rôle, ce qui énervait très fortement le réalisateur. Du coup, j’ai dû lui expliquer qu’en Belgique, comme il n’y avait pas encore de véritable industrie du cinéma à l’époque, on avait l’habitude de cumuler les tâches, ce qui n’avait rien d’incompatible. J’ai aussi été accessoiriste de Catherine Corsini sur Jeunesse sans Dieu dans lequel j’avais également deux jours de tournage comme acteur. Avant de commencer à jouer vraiment, j’ai aussi tenu une cantine.

Au fil de votre carrière, vous avez croisé plusieurs fois les mêmes réalisateurs, notamment les frères Malandrin. Comment se sont construites vos relations ?
B. L. C’est la famille ! Guillaume Malandrin a longtemps travaillé dans une société dirigée par Vincent Tavier, La Parti, qui a produit C’est arrivé près de chez vous, puis Pic Pic André (et leurs amis) et Panique au village de Stéphane Aubier et Vincent Patar pour lesquels on a fait des voix avec Benoît Poelvoorde. C’est d’ailleurs la spécificité du cinéma belge d’être un peu à part. On ne cesse de se croiser, ne serait-ce qu’une fois par an à la cérémonie des Magritte où l’on est toujours nominés, et on est, pour l’essentiel, de la même génération.

Quelles relations entretenez-vous avec Gustave Kervern et Benoît Delépine ou Albert Dupontel ?
B. L. J’ai fait tous les films de Kervern et Delépine, à part Saint-Amour, le dernier [sortie le 2 mars], qu’ils ont tourné en même temps que le mien. Même si on fait des cinémas très différents, il y a quelque chose qui nous unit. Dupontel réalise des comédies très pamphlétaires, Kervern et Delépine sont plus politisés dans un univers assez absurde et moi j’évoque davantage les questions existentielles et le rapport de l’homme à la mort. Mais, en fait, on a un même regard et c’est ce qui nous a rapprochés, même si, au bout du compte, nos films sont assez différents.

Vous arrive-t-il de regarder certains de vos films pour mesurer le chemin parcouru ?
B. L. Non ! Pourtant j’ai revu récemment le premier, Ultranova. Et là, dix ans plus tard, j’ai découvert un autre film : j’avais oublié certains dialogues et je ne me rappelais plus du rythme, même si je savais qu’il était assez lent. Certes, c’était un premier film dans lequel on pouvait tout se permettre, mais c’était un Ovni : je n’ai d’ailleurs jamais réussi à le résumer…

 Bande annonce d'Ultranova (2005) de Bouli Lanners
Pensez-vous déjà à votre prochain film ?
B. L. Je trouve que c’est bien de se renouveler. Avec Les premiers les derniers, j’ai la sensation d’avoir achevé un cycle. Mon prochain film sera donc différent et en tout cas à nouveau lumineux. On m’a même proposé d’adapter un scénario écrit par quelqu’un d’autre, mais j’hésite…

N’avez-vous pas envie d’accélérer votre rythme de tournage en tant que réalisateur ?
B. L. Il s’est passé trois ans entre Ultranova, Eldorado et Les géants, puis quatre avant Les premiers les derniers. C’est l’écriture qui prend du temps, car je tourne beaucoup comme acteur et je n’arrive pas à faire les deux choses en même temps. Donc j’ai besoin de longues périodes d’immersion, ce qui implique que j’aie mis de l’argent de côté pour pouvoir me permettre de ne pas travailler pendant ce laps de temps. C’est donc tout un équilibre.

Qu’est-ce qui vous a décidé à jouer dans Les premiers les derniers ?
B. L. D’abord, le fait que mon personnage de Gilou me ressemble. Je ne l’avais fait jusqu’alors que dans Eldorado, parce qu’il n’y avait rien pour moi ni dans Ultranova, ni dans Les géants. Mais c’est fatiguant de jouer dans ses propres films. Cette fois, je ne m’y attendais pas, mais j’étais confronté à un casting de très haut niveau et j’ai développé le syndrome du type qui ne se sent pas à la hauteur, face à la qualité de jeu des autres. Du coup, il m’a fallu trois semaines pour rentrer dans mon personnage, mais j’ai besoin que mes plateaux soient heureux.

Quels sont vos rapports avec vos collègues flamands ?
B. L. La Belgique a été scindée en deux pour des raisons politiques, y compris dans le domaine du cinéma. Là où les Flamands ont misé sur la starification de leurs acteurs les plus populaires et revisitent leur patrimoine, on surnomme la mentalité wallonne la “sous-France”, ce qui correspond aussi à une souffrance qu’on s’inflige à soi-même. En gros, si l’on n’a pas la reconnaissance du grand frère français, on n’existe pas chez nous. Mais comme les Belges francophones s’intéressent très peu à ce qu’on fait, les résultats sont médiocres. Si un film flamand obtenait la Palme d’or à Cannes, il susciterait un engouement considérable parmi cette communauté de cinq millions de personnes, là où les Dardenne plafonnent à cent mille entrées en Wallonie. Il est même arrivé qu’on me propose des films flamands, notamment Alabama Monroe et Belgica de Felix van Groeningen, mais ils se tournaient aux mêmes dates que les miens. Je dois d’ailleurs participer au cours de l’été 2016 au premier film de François Troukens et Jean-François Hensgens, intitulé Tueurs, qui réunira à la fois des acteurs wallons et flamands.

Y’a-t-il d’autres réalisateurs avec lesquels vous auriez envie de tourner en tant qu’interprète ?
B. L. J’ai très envie de travailler à nouveau avec Audiard et avec Delépine et Kervern. Mais mon plus grand rêve serait de tourner avec Aki Kaurismäki.
Propos recueillis par
Jean-Philippe Guerand
en janvier 2016



 Bande annonce des Géants (2011) de Bouli Lanners

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