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Natascha McElhone : Identifications d’une femme

Natasha McElhone dans la série Californication © DR

Née en 1971, Natasha McElhone a eu pour partenaires Anthony Hopkins, Jim Carrey, Gérard Depardieu, George Clooney et Robert de Niro, mais ne s’est pas laissée griser pour autant. Résultat, de Surviving Picasso (1996) de James Ivory à Mrs. Dalloway (1997) et Heaven & Earth (2012) de Marleen Gorris, en passant par Ennemis rapprochés (1997) d’Alan J. Pakula, Truman Show de Peter Weir et Ronin (1998) de John FrankenheimerPeines d’amour perdues (2000) de Kenneth Branagh, Solaris (2002) de Steven Soderbergh et Company (2003) de Robert Altman, les choix de cette longue dame brune irlandaise reflètent ses coups de cœur autant que ses exigences, y compris la série Californication dont elle incarne l’un des personnages principaux depuis sept saisons. De passage au Festival du film britannique de Dinard à l’automne 2005 pour y présenter le premier film du comédien Charles Dance, Les dames de Cornouailles, cette comédienne insaisissable s’est confiée…


La dame de la côte
« J’ai toujours décidé de mes choix en fonction de la qualité des scripts et de la personnalité des réalisateurs et de mes partenaires. J’avais croisé Charles Dance en 1998 sur le tournage de What Rats Won’t Do d’Alastair Reed, où j’incarnais une avocate, et il m’a appelée un jour chez moi pour me proposer de jouer dans son film. Avant lui, j’ai tourné sous la direction de deux autres acteurs-réalisateurs : Kenneth Branagh et Matt Dillon. Ils ont en commun une folie qui m’a plue. Dans le cas des Dames de Cornouailles, le rôle ne représentait en soi aucune difficulté particulière… hormis le fait que je ne parlais pas un mot d’allemand, ce qui constituait un défi agréable à relever. »

Lignes de vie
« À la naissance de mon premier fils, j’ai beaucoup voyagé, notamment au Cambodge où j’ai tourné Jimmy sous la direction de Matt Dillon. Quand j’ai accouché du deuxième, je me suis dit qu’il fallait que j’essaie de moins bouger. Malheureusement, depuis quelques années, il y a peu de projets intéressants qui se montent en Angleterre, et ailleurs les films qui se tournent sont de moins en moins intéressants : soit ils s’inspirent de la télé-réalité soit il s’agit de suites ou de remakes entrepris dans un but purement commercial. Or je ne vois pas l’intérêt de tourner la énième aventure de Lara Croft, ce qui me laisse peu de regrets quant aux propositions que j’ai déclinées. Quand on a joué dans Truman Show, on est en droit d’être exigeante [rires] ! La première fois que j’ai lu le scénario de Ronin, je l’ai purement et simplement refusé. Quelque temps plus tard, John Frankenheimer m’a téléphoné en personne pour m’annoncer qu’il tournait avec Robert de Niro et Jean Reno et j’ai accepté. Le problème, c’est qu’entre-temps, le script ne s’était pas vraiment amélioré ! »

Bande annonce des Dames de Cornouailles de Charles Dance (2005)

Imprégnation
« Pour interpréter le rôle de Françoise Gilot dans Surviving Picasso, mon premier film, je me suis imprégné de ses mémoires dont j’ai fait mon livre de chevet pendant le tournage. James Ivory m’a repérée dans une pièce, nous nous sommes rencontrés et il m’a proposé le rôle. J’ai eu la chance qu’il aime faire confiance à des inconnus. Quand je me suis mariée, quelques années plus tard, comme mon époux était à moitié français, nous avons choisi de le faire dans l’église de Ménerbes où nous avions tourné. »

Vie privée
« J’évolue en marge du monde du cinéma. J’ai peu d’amis producteurs ou réalisateurs. Je ne vis pas sur un nuage, mais je préfère garder les pieds sur terre et fréquenter des personnes avec qui j’ai établi des relations personnelles profondes et sincères. Du coup, quand j’assiste à une première, c’est plus parce que j’ai envie de voir le film que pour le plaisir d’y croiser des gens influents. J’ai besoin de mener une existence normale pour pouvoir me mettre dans la peau des personnages que j’interprète. J’ai trouvé un équilibre qui me satisfait, mais je sais que ça marcherait mieux si je me montrais plus souvent dans les dîners en ville [rires]. »
Propos recueillis par
Jean-Philippe Guerand

en octobre 2005


Bande annonce de la série Californication

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