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Marta Larralde : Conte d’Ibère

Marta Larralde dans la série Seis hermanas (2015) © DR

En relevant le défi qui consistait à avoir pour partenaire un jeune homme trisomique dans Leon et Olvido (2004) de Xavier Bermúdez, la comédienne espagnole Marta Larralde, née en 1981 en Galice, a vécu une expérience humaine autant que cinématographique. Quant aux divers trophées qu’elle a obtenus pour ce rôle, à Toulouse, Karlovy-Vary, Talinn et Ourense, elle regrette seulement qu’ils n’aient pas été décernés aussi à Guillem Jimenez, à l’image du prix d’interprétation cannois qui avait associé Daniel Auteuil et Pascal Duquenne pour Le huitième jour (1996) de Jaco van Dormael. Elle a tenu par la suite un petit rôle dans Mar Adentro (2004) d’Alejandro Amenábar et bien d'autres dans des courts métrages, des séries télé, parmi lesquelles Seis hermanas (2015), et des films pour la plupart inédits en France, dont Le pénalty le plus long du monde (2005) de Roberto Santiago, Dos miradas (2007) de Sergio Candel, 4000 euros (2008) de Richard Jordan, Todas la mujeres (2013) de Mariano Barroso et La playa de los ahogados (2015) de Gerardo Herrero.


Leon
« Pour me préparer à ce rôle, j’ai passé plusieurs semaines dans un centre pour trisomiques et j’ai côtoyé plus particulièrement cinq d’entre eux. Mais finalement, l’interprète pressenti pour le rôle de Leon ayant dû déclarer forfait quinze jours avant le début du tournage, Guillem Jimenez a été choisi au dernier moment, ce qui nous a contraints à apprendre à nous connaître sur le plateau. Il ne nous a toutefois fallu que peu de temps pour devenir extrêmement complices et nos rapports ont été ceux de deux acteurs professionnels comme les autres, même si Guillem se fatiguait parfois un peu plus vite. Depuis Leon et Olvido, il a joué dans un court métrage et je sais qu’il aimerait poursuivre dans cette voie. En tout cas, il en a largement les moyens. »

Émulation
« Le cinéma espagnol me fait l’effet d’avancer en ordre dispersé. Il y a d’un côté les grands maîtres comme Pedro Almodovar, Alejandro Amenábar et Julio Medem, de l’autre des réalisateurs qui se battent en ordre dispersé. Xavier Bermúdez en fait partie. Il vient du journalisme. En tant que comédienne, j’aspire à devenir la muse du cinéma indépendant espagnol car c’est de là qu’émane désormais l’énergie la plus stimulante. Je viens d’ailleurs de tenir le rôle principal féminin du Pénalty le plus long du monde, un film de Roberto Santiago sorti en mars 2005 en Espagne. »

Vocation
« J’ai suivi des études de cinéma dans l’intention de devenir metteur en scène, mais chaque fois qu’on tournait un film d’école, je me retrouvais aussi devant la caméra. Un jour, en 2001, je me suis présentée au casting d’un film intitulé Lena pour faire de la figuration et pouvoir ainsi assister à une partie du tournage. Le réalisateur, Gonzalo Tapia, m’a remarquée et m’a engagée pour jouer le rôle principal grâce auquel j’ai obtenu deux prix en Espagne. C’est comme ça, un peu par hasard, que je suis devenue comédienne, mais ce n’était absolument pas une idée préméditée de ma part. Sur les tournages, je profite toujours des pauses entre les plans pour observer le travail de l’équipe. Une scripte m’a d’ailleurs dit un jour que je serais sûrement très douée pour ce métier car je suis attentive à tout. À moyen terme, mon objectif est de devenir réalisatrice car je n’ai jamais considéré mon activité de comédienne comme une fin en soi mais plutôt comme une étape vers la mise en scène qui me permet d’apprendre confortablement mon futur métier [rires]. »
Propos recueillis par
Jean-Philippe Guerand

en mars 2005


Bande annonce de Leon et Olvido (2004) de Xavier Bermúdez

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