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Les 100 premières fois du cinéma


La sortie des usines Lumière de Louis et Auguste Lumière (1895)  © DR

1. Premier tournage de film
La sortie des usines Lumière de Louis et Auguste Lumière est tourné le 19 mars 1895, parce que la température de la veille était trop basse et posait des problèmes techniques. Le film est d’abord présenté sous le titre Sortie d’usine. Savoureuse mise en abîme, on y voit des ouvrières sortir à pied ou à bicyclette de l’usine où étaient fabriqués… les premiers appareils de cinématographe. Ce lieu de tournage mythique est aujourd’hui baptisé Rue du Premier Film et compte, à Lyon, parmi ses riverains le célèbre Institut Lumière, fondé en 1982 et dirigé par Thierry Frémaux et Bertrand Tavernier. La journée du 19 mars 1995 a donné lieu sur Canal + à la projection de toute une série de films tournés pour l’occasion à travers le monde par des cinéastes et des acteurs désireux de rendre hommage à l’art qu’ils servent.

2. Première projection publique
Une première présentation du cinématographe Lumière est organisée devant deux cents personnes, le 22 mars 1895, dans le cadre de la Société d’encouragement à l’industrie nationale. En juin, sont montrés huit films Lumière au Congrès des sociétés françaises de photographie qui se tient à Lyon. Mais c’est le 28 décembre 1895, dans le salon indien, une ancienne salle de billard située au sous-sol du Grand Café, boulevard des Capucines, que trente-trois spectateurs acquittent 1 F leur place afin d’assister à la première séance publique et payante. Au programme : dix films.

3. Premier studio
Le premier studio a été construit pour Edison, avant même la naissance officielle du cinéma, le 1er février 1893 à West Orange, dans l’Etat du New Jersey. En novembre 1896, à Berlin, Oskar Messter édifie les premiers studios européens à utiliser l’éclairage artificiel. C’est l’année suivante que Georges Méliès fait construire le premier plateau de tournage français à Montreuil-sous-Bois. Mais il faut attendre décembre 1906 pour qu’ouvrent aux Buttes-Chaumont des studios, édifiés rue des Alouettes en mai 1905, qui intègrent toutes les étapes de la fabrication d’un film, à l’instigation du pionnier Léon Gaumont.

4. Premier long métrage
The Story of the Kelly Gang des frères Tait, tourné en Australie en 1906, est le premier film de fiction à avoir dépassé une heure. En 1909, les 735 mètres de L’assommoir d’Albert Capellani en font ce que Georges Fagot appelle à l’époque un “énorme métrage”. En 1911, La vie de Buffalo Bill puis La Bastille de William Humphrey (943 mètres) consacrent définitivement ce nouveau format.

L’arroseur arrosé d’Auguste Lumière (1895) © DR

5. Premier film de fiction
Le tout est de s’entendre sur ce que revêt le terme “fiction”. Si l’on s’en tient à la définition du dictionnaire, le pionnier du genre est probablement L’arroseur arrosé d’Auguste Lumière, tourné en 1895, qui contient également le premier gag jamais immortalisé sur un écran. Si l’on prend en compte la forme cinématographique, la première œuvre du genre est une autre «scène comique», L’arroseur de Georges Méliès (1896), réalisateur qui a débuté en imitant certaines bandes tournées par les frères Lumière. Le premier film à avoir fait officiellement appel à des acteurs est L’exécution de Mary reine d’Ecosse d’Alfred Clark, en 1895.

6. Premier film en couleurs
Dès les débuts du cinéma, les films ont été teintés selon diverses techniques. Après plusieurs courts métrages, c’est The Durbar at Delhi qui constitue la première application marquante du procédé Kinemacolor. Le 5 décembre 1913 se déroule la première projection expérimentale de films en trichromie, réalisés selon le procédé Chronochrome de Gaumont : il s’agit de vues de la plage de Deauville. Le premier long métrage en couleurs s’intitule The World, The Flesh and the Devil. Il date de 1914. Le premier long métrage en “couleurs naturelles” est Le vagabond du désert d’Irvin C. Willat, en 1921. Pourtant, il est à noter que dès 1908, Albert Capellani tourne La vestale, un film de 225 mètres dont 168 en couleurs.

7. Premier film sonore
C'est en septembre 1896 à Berlin qu’est présenté pour la première fois de l’histoire un programme sonorisé au moyen de disques synchronisés. Par la suite, le 27 décembre 1910 a lieu à l’Académie des sciences la démonstration du Chronophone Gaumont conçu par René Decaux, P. Frély et Georges Laudet. A cette occasion est projeté un portrait parlant du professeur Jacques d’Arsonval. Dans le domaine du long métrage, le précurseur, La rue des rêves, de David W. Griffith a été tourné en 1921. Le 6 août 1926 est projeté au Warner’s Theater de New York Don Juan, le premier film intégralement sonorisé sur disque. Le premier long métrage sonore (avec des effets synchronisés) et en couleurs, The Viking de Roy William Neill, a été présenté au public le 2 novembre 1928. En France, le premier film sonore convaincant, Le collier de la reine de Gaston Ravel, en 1929.

Le chanteur de jazz d’Alan Crosland (1927) © DR

8. Premier film parlant
« Hey Mom, Listen to this… » : cette phrase anodine prononcée par Al Jolson dans Le chanteur de jazz, présenté pour la première fois le 6 octobre 1927, marque la fin officielle du muet. Le premier film cent pour cent parlant est présenté l’année suivante : il s’agit de Lights of New York. Le premier tourné en extérieurs dans lequel la bande son figure sur la pellicule est In Old Arizona de Raoul Walsh, et Irving Cummings, sorti le 26 décembre 1928 au Criterion de Los Angeles. A noter toutefois que les premiers essais de film parlant projetés en public l'ont été à Hollywood dès le 17 février 1913. Quant au premier film parlant en couleurs, il s’agit d’On with the Show, une comédie musicale réalisée par le vétéran Alan Crosland, en 1929. En France, les deux premiers films parlants conçus en tant que tels apparaissent en septembre-octobre 1929 : il s’agit du Requin  d’Henri Chomette (le frère de René Clair) et Les trois masques d’André Hugon Le roi des resquilleurs de Pière Colombier est le premier succès populaire du genre, en 1930.

9. Premier dessin animé
Projeté à partir du 17 août 1908 au Théâtre du Gymnase à Paris, Fantasmagorie d’Emile Cohl, un film de 36 mètres durant 1 mn 57, marque officiellement en France la naissance d’un genre sous la plume d’un ex-dessinateur de caricature satirique qui en réalisera 117 avant de partir pour l’Amérique en 1912. Il a toutefois été précédé en 1906 aux États-Unis par Le stylo magique de James Stuart Blackton. C’est d’ailleurs en découvrant l’année suivante L’hôtel hanté du même réalisateur américain que Cohl comprend toutes les possibilités du cinéma image par image qu’il contribuera à élever au rang d’art à part entière. L’adoption du cellulo, en 1915, constituera un pas en avant décisif en évitant aux graphistes de dessiner à chaque image l’ensemble du décor, d’où une productivité accrue.

10. Premier film doublé
Dès l’avénement du parlant, et à partir de La nuit est à nous qui sort à Paris en décembre 1929, on tourne les films en de multiples versions, le plus souvent à Berlin, un ou plusieurs metteurs en scène dirigeant des interprètes (c’est le cas de le dire) dans plusieurs langues différentes. Certains films, comme Chantage d’Alfred Hitchcock, dès 1929, font l’objet d’un doublage en direct, une comédienne ayant prêté sa voix à une actrrice étrangère sur le plateau du tournage. Un an et demi plus tard, les résultats n’étant pas vraiment probants, les multiples versions sont abandonnées au profit de la post-synchronisation. Dès lors, on assiste à la naissance de deux techniques concurrentes : le doublage et le sous-titrage. En outre, les intertitres continuent à être utilisés pour ponctuer le récit et fournir des repères. Bien qu’il n’ait pas la faveur des spectateurs français, le sous-titrage fait son apparition après l’échec des versions multiples mais demeure cantonné dans un ghetto.

11. Premier film colorisé
Dès les origines du cinéma, on colorise des films copie par copie. Certains pays optent pour le travail au pinceau, chaque image étant coloriée., d’autres pour la méthode du pochoir qui permet de reprendre les mêmes découpes pour plusieurs copies successives. La colorisation électronique par ordinateur voit le jour en 1984 à l’instigation de deux firmes rivales de Los Angeles et de Toronto associées à des producteurs de télévision qui trouvent là un moyen de faire de l’audience avec des classiques en noir et blanc devenus impossibles à diffuser pour cause d’Audimat trop faible. Premier exemple du genre, en France : Quand la ville dort est diffusé sur la Cinq contre l’avis des héritiers de John Huston (lequel avait déjà protesté dès 1986 contre la chaîne américaine WTBS pour la même raison) qui portent plainte et obtiennent gain de cause, alors même que la chaîne incriminée n’existe plus. Pionnier du genre aux États-Unis, Ted Turner fait coloriser électroniquement son catalogue, en commençant symboliquement par Docteur Jekyll et Mr. Hyde de Victor Fleming, et certaines chaînes de télévision se lancent dans la bataille avec le soutien technologique de la firme scélérate Color System Technology. Aujourd’hui, des films tels que La vache et le prisonnier ou Le jour le plus long ne sont plus diffusés que dans leur version colorisée et plus personne n’y trouve rien à redire, Godard et Carné s’étant d’ailleurs déclarés favorables à la colorisation d’A bout de souffle et Les enfants du paradis, au grand dam des cinéphiles purs et durs.


12. Premier film en Technicolor
Dès 1915, Herbert T. Kalmus et Daniel F. Comstock expérimentent un procédé de synthèse additive qu’ils appellent Technicolor. En 1917, The Gulf Between constitue le premier film tourné à l’aide de cette technique. En revanche, il faut attendre 1922 et Toll of the Sea pour découvrir le premier long métrage réalisé selon ce système dont le fleuron demeure incontestablement Le pirate noir de Douglas Fairbanks. Mais ce n’est qu’avec le passage de deux à trois films couleurs que la technique additive du Technicolor devient réellement opérationnelle. Après quelques courts métrages tournés dès 1932 dont La Cucaracha, en 1933, le premier long métrage à bénéficier de cette avancée technique déterminante est Becky Sharp de Rouben Mamoulian, réalisé en 1935.

13. Premier film en Cinémascope
Inspiré par les travaux réalisés à la fin des années vingt par le savant français Henri Chrétien, ce procédé d’anamorphose a été développé sous la houlette de la Twentieth Century Fox qui a acquis le brevet de l’Hypergonar. Le premier film réalisé selon ce procédé, La tunique de Henry Koster, un peplum dont le tournage avait commencé dans le format habituel, est sorti en septembre 1953 au Roxy Theatre de New York. Son succès public a suscité la naissance des techniques dérivés que sont le Warnerscope, le Techniscope (lancé en 1960), le Panascope, le Superscope (procédé initié par la RKO et dont le premier exemple est Vera Cruz de Robert Aldrich, en 1954), le Sovscope (développé en URSS) et autre Panavision. Le premier film exploité en Cinémascope 55 est Carousel de Henry King, en 1956. Dès l’année suivante, Technicolor lance à son tour le Technirama. En 1971, le Todd-AO 35 est une variante du Scope qui utilise un objectif conçu à cet effet. En France, Fortune carrée de Bernard Borderie est le premier film tourné en Cinémascope, à partir du 29 septembre 1954.

Napoléon d’Abel Gance (1927) © DR

14. Premier film en Cinérama
A l’origine était le fameux triptyque du Napoléon d’Abel Gance, projeté en Polyvision au Marivaux de Paris, en avril 1927. Après trois années de recherches, en 1956, Gance et Nelly Kaplan signent Magirama, un programme projeté sur triple écran, au Studio 28. Présenté dès 1939 sous l’appellation de Vitarama dans le cadre de l’exposition universelle de New York, le Cinérama est le fruit des recherches effectuées par Fred Waller dans le cadre du département des effets spéciaux de la Paramount. Ce n’est que fin 1952 à New York qu’est expérimentée pour la première fois cette technique qui nécessite l’utilisation simultanée de trois projecteurs 35 mm et d’un écran incurvé, remplacé plus tard par une image unique en 70 mm. Le film de démonstration s’intitule This is Cinerama. Il est réalisé par Michael Todd, F. Rickey et W. Thompson. Sorti en France en 1955 sous le titre Place au Cinérama, il réalise plus d’1,2 M d’entrées à Paris et devient le champion incontesté des années cinquante en consacrant cette innovation. L’Empire, auquel est associé pour l’occasion le nom d’Abel Gance, est alors le temple parisien de cette technique. Deux ans plus tard, Cinérama Holiday attire encore près de 700 000 Parisiens. Le film le plus célèbre réalisé à l’aide de cette technique complexe demeure La conquête de l’Ouest. Ce procédé inspiré du Cineorama inventé en 1896 par le Français Raoul Grimoin-Samson a donné naissance par la suite à d’autres techniques dérivées baptisées Cinemiracle (en 1958), Thrillerama, Wonderama, Circarama, Quadravision, ou les répliques de l’URSS nommées Krougorama et Kinopanorama (lancé en 1957 et dont le prototype, Deux heures en URSS, attire plus de 600 000 spectateurs à Paris en 1959). En 1960, Panavision lance l’ultra Panavision 70 destiné au Cinérama. L’année suivante, enfin, le Super Cinerama voit le jour. En 1963, Un monde fou, fou, fou de Stanley Kramer est exploité dans une ultime variante en 70 mm.

15. Premier film exploité en 70 mm
Lancé en 1955 sous l’appellation de Todd-AO, avec le 65 mm (employé pour le négatif de prise de vues), ce format réservé à l’exploitation a fait ses débuts à l’occasion du film Le tour du monde en quatre-vingt jours de Michael Anderson qui a été projeté sur des copies de 70 mm dotées de six pistes sonores magnétiques. La comédie musicale Oklahoma ! de Fred Zinnemann a également utilisé le même procédé cette année là. Procédés concurrents : Camera 65 est lancé par la MGM, en 1957, puis Technicolor présente le Super Technirama, en 1959, et Exodus d’Otto Preminger inaugure le règne éphémère de la Super Panavision 70, l’année suivante. En 1966, La Bible de John Huston est exploité à l’aide du procédé Dimension 150. C’est en 1970 qu’est lancé le procédé Imax, ultime application du 70 mm sur un écran vertical. Enfin, en 1983, Douglas Trumbull invente le Showscan qui conduit le 70 mm classique à être projeté au rythme de soixante images par seconde.

La communion de la 3D © DR

16. Premier film en relief
Il s’agit de The Power of Love de Nat Deverich, un long métrage tourné en 3 D en 1922. En revanche il a été précédé par la première séance payante d’un programme de trois bobines en relief, organisée à l’Astor Theater de New York, le 10 juin 1915. Le premier 3D parlant est le film italien Nozze Vagabonde de Sante Bonaldo, en 1936. Le premier long métrage 3 D parlant en couleurs est le film russe de 1947, Robinson Crusoë d’Alexander Andreievski. Mais la grande vogue du cinéma en relief date des années cinquante, lorsque tous les stratagèmes techniques étaient bons pour éloigner les spectateurs du petit écran et les attirer vers le grand. Le pionnier du genre a été Bwana le diable d’Arch Oboler, sorti en 1952 et suivi par L’homme au masque de cire d’André de Toth (1953) et Le crime était presque parfait d’Alfred Hitchcock (1954). Cette technique nécessitant le port de lunettes polarisantes a connu un nouveau regain au tournant des années soixante-dix avec Chair pour Frankenstein de Paul Morrissey (1974) puis l’avénement du procédé Optimax 3 mis au service de séries B telles que Dynasty de Mei Chung Chang (1980), Parasite de Charles Band (1981) ou Western de Ferdinando Baldi (1982). L’avénement du numérique a donné une nouvelle vie à la 3D qui a connu un renouveau spectaculaire avec le triomphe mondial d’Avatar de James Cameron (2009).

17. Premier film odorant
Le prototype du genre demeure le singulier et décapant Polyester de John Waters, exploité en Odorama en 1981. A l’entrée des salles, les spectateurs se voyaient remettre une carte comprenant plusieurs pastilles numérotées. Au moment où un chiffre s’inscrivait dans un coin de l’écran, il leur suffisait de gratter avec le doigt la pastille correspondante pour profiter de l’effluve en même temps que le personnage du film. Autre technique utilisée : le 12 janvier 1960, le Cinestage de Chicago fait sensation en présentant le thriller en Smell-O-Vision Scent of Mystery réalisé par Michael Todd Junior en 70 mm Technicolor et doté d’une “piste à odeurs” commandant des tuyaux disséminés dans la salle.

18. Premier film en Sensurround
Développé par la compagnie Universal au début des années soixante-dix, ce procédé d’effets spéciaux sonores sans lendemain n’a été utilisé que pour rehausser les scènes d’action les plus marquantes de trois films catastrophe : Tremblement de terre de Mark Robson (1974), La bataille de Midway de Jack Smight (1976) et Le toboggan de la mort de James Goldstone (1977). Il nécessitait un décodeur et un amplificateur particuliers, plus une série de dix à vingt hauts-parleurs géants installés à cet effet dans les salles.


19. Première Dolly
Cette petite grue très maniable d’emploi voit le jour aux États-Unis en 1932. Son invention a été conditionnée par les nouvelles conditions de tournage en son direct, de même que les caméras de plus en plus silencieuses. Les bruits parasites obligent en effet à installer la caméra, son pied, l’opérateur, son assistant, et parfois le réalisateur, à l’intérieur d’un caisson isolant phoniquement appelé Blimp.

20. Premier Steadycam
Garett Brown et au point la Steadycam dès 1970. Lauréat d’un Oscar technique et scientifique, en 1977, l’inventeur de ce stabilisateur doté d’un harnais et d’un balancier, commercialisé en France à partir de 1976, ont beaucoup contribué à l’essor du cinéma moderne en affranchissant les opérateurs d’une certaine pesanteur. Le premier film majeur à avoir exploité les possibilités de la Steadycam a été Shining de Stanley Kubrick, en 1977.

21. Première Louma
C’est en 1970 que les Français Jean-Marie Lavalou et Alain Masseron mettent au point un système de bras télescopique télécommandé et doté d’une visée vidéo.

22. Premier film en Dolby
Ce procédé a été mis au point par Ray Dolby dès 1967. Le pionnier du genre a été Orange mécanique de Stanley Kubrick (1971) qui a inauguré la technique du Dolby Sound System mais seulement au stade du pré-mixagee. Le premier film exploité commercialement et comprenant un signal Dolby dans la bande son (en mono) a été Callan, en 1974. C’est Lisztomania de Ken Russell qui a inauguré cette technique en stéréo, l’année suivante. Ce système de réduction du souffle avait notamment été exploité avec succès dans Quiet Revolution (1972) avant d’être associé cinq ans plus tard aux effets spéciaux sonores spectaculaires réalisés pour des films tels que La guerre des étoiles de George Lucas ou Rencontres du troisième type de Steven Spielberg, qui correspondront à l’avènement du Dolby stéréo.

23. Premier film exploité en son numérique
La stéréophonie a fait ses débuts à l’occasion du Napoléon d’Abel Gance, en 1927. Le procédé de son numérique DTS inauguré en 1993 à l’occasion de Jurassic Park de Steven Spielberg n’accomplit ses débuts en France qu’un an plus tard, en absorbant le système concurrent français LC Concept. Le nouveau monde d’Alain Corneau, sorti en février 1995 est le premier long métrage français conçu directement pour le DTS.


24. Premier film monté en numérique
En France, le premier film de fiction à avoir été monté en virtuel (sur système Avid chez VDM) est une œuvre d’origine… américaine, Friends and Enemies d’Andrew Frank. Bien que tourné aux États-Unis, ce long métrage a bénéficié du soutien de la société de production Sideral qui s’est lancée dans cette aventure en octobre 1992. Par ailleurs, Regarde les hommes tomber est le premier film français monté en virtuel, par Juliette Welfling, à avoir obtenu un César dans sa catégorie, en février 1995.

25. Premier gros plan
Dans Le grand avaleur, en 1900. Le gros plan le plus serré se trouve dans L’adieu aux armes de Frank Borzage, en 1932. Les yeux d’Helen Hayes y étaient filmés à une distance de cinq centimètres.

26. Premier truquage
Il est visible dès 1895 dans L’exécution de Marie reine d’Écosse d’Alfred Clark, produit par Edison, où la tête d’un mannequin est substituée à celle de la comédienne R. L. Thomar qui incarne la souveraine.

27. Premier fondu enchaîné
Il figure dans Cendrillon de Georges Méliès, réalisé en 1899. Aux États-Unis, c’est Edwin S. Porter qui signe le premier du genre deux ans plus tard, dans Life Rescue at Long Beach.

28. Premier travelling
Il est tourné à l’occasion de Vues de Venise par Alexandre Promio, un opérateur Lumière, à partir d’une gondole qui glisse le long du Grand Canal de Venise, en octobre 1896. Le premier véritable travelling intégré dans un film de fiction figure, lui, dans Le massacre de David W. Griffith, en 1913 mais cette figure de style trouve son épanouissement l’année suivante à l’occasion de Cabiria de Giovanni Pastrone, péplum pour lequel l’opérateur imagine un chariot spécial à bord duquel est installée la caméra.

29. Première transparence
Just Imagine, tourné en 1930, marque la naissance de la rétroprojection. Abondamment utilisée jusqu’aux années soixante, cette technique était souvent associée à des tournages en décors dans lesquels l’image projetée se mêle plus ou moins heureusement à des éléments de studio dont la définition est rarement raccord et dont le rapport d’échelle est parfois hautement fantaisiste. En France, Claude Sautet a été l’un des derniers cinéastes à utiliser cette technique, souvent pour des scènes de voiture et à des fins poétiques.


30. Premier zoom
On en compte pas moins de trois dans le pionnier du genre : Aimez-moi ce soir de Rouben Mamoulian, en 1932. Cette prouesse technique, fortement controversée par les puristes qui lui préfèrent le travelling, est due au directeur de la photographie Victor Milner.

31. Premier flash-back
Cette figure de style, qui consiste à évoquer un événement passé au sein d’une action présente, voit le jour dans A Yiddisher Boy, en 1908. Elle est adaptée au cinéma parlant à l’occasion des Carrefours de la ville de Rouben Mamoulian, en 1931, mais la technique en tant que telle a véritablement été utilisée pour la première fois en tant que procédé narratif concerté dans un film de Wiliam K. Howard intitulé Thomas Garner, en 1933. C’est Citizen Kane d’Orson Welles (1941) qui l’a poussée à la perfection, Les nuits de Chicago de Josef von Sternberg pratiquant l’effet inverse, dit “flash forward”.

32. Premier acteur sous contrat
Les premiers acteurs rémunérés à la journée l’ont été par la Star Films, compagnie créée par Georges Méliès qui leur versait un cachet quotidien d’un Louis d’or dès la fin du siècle dernier.

33. Premier enfant star
Jackie Coogan. Né à Los Angeles en 1914, il débute à l’écran à l’âge d’un an et demi dans Skinner’s Baby d’Harry Beaumont, mais c’est dans Une journée de plaisir (1919) et surtout Le Kid (1921) qui lui valent d’être l’enfant le mieux payé d’Hollywood. Son seul transfert de la First National à la MGM fait l’objet d’une transaction d’un demi-million de dollars. Il tient encore les rôles principaux des adaptations de Tom Sawyer et Huckleberry Finn réalisées au début des années 30 et amasse un pactole estimé à quatre millions de dollars. Son argent ayant été dilapidé par sa famille qui s’est lancées dans des investissements hasardeux, le procès retentissant qu’intente Coogan à ses parents est à l’origine d’une loi connue sous le nom de Coogan Act, au terme de laquelle les enfants stars seront désormais protégés des frasques des adultes dont ils dépendent. Devenu adulte, Jackie Coogan poursuit une carrière cahotique et tient finalement le rôle de l’oncle Fenster dans la version télévisée de La famille Addams avant de mourir, en 1984.


34. Premier visa d’exploitation
C’est Lumière d’été de Jean Grémillon qui a obtenu le visa numéro un délivré en 1944 par le Registre public nouvellement créé. Ironie du sort pour un cinéaste qui avait vu la déclaration de guerre différer la sortie de Remorques. Cinquante ans plus tard, 85 000 films ont obtenu ce précieux sésame délivré par le Centre National du Cinéma.

35. Premier film interdit par la censure
En France, le 11 janvier 1909, une circulaire émanant du ministère de l’Intérieur incite les préfets à encourager les maires à faire respecter l’ordre public. Le prétexte est un film d’actualités Pathé présentant une quadruple exécution capitale. En 1912, un article d’Henri Rochefort paru dans La Patrie dénonce cet abus de pouvoir. Un arrêté du 16 juin 1916 institue une commission de censure composée de cinq fonctionnaires de police qui doit statuer sur tous les films faisant l’objet d’une distribution commerciale. Ce n’est qu’en 1931 qu’est créé un Comité national du cinéma qui classe et contrôle systématiquement les films. Présenté le 7 avril 1933 à l’Artistic de la rue de Douai, à Paris, Zéro de conduite est aussitôt interdit par la censure pour «dénigrement de l’instruction publique». Il sortira finalement le 15 février 1946 après avoir été présenté au Panthéon en novembre 1945, avec Espoir. En 1960, dix films sont totalement interdits d’exploitation dont Le petit soldat. Autres exemples fameux : Les sentiers de la gloire, interdit d’exploitation en France de 1957 à 1975, Le juge Fayard dit le Shériff dont les allusions au SAC ont été bipées, et Le rendez-vous des quais, bloqué pendant… 35 ans. Ce n’est que le 10 juillet 1969 que le contrôle des films passe du ministère de l’Intérieur à celui des Affaires culturelles.

36. Premier film interdit pour imbécillité
Pendant l’Occupation, ainsi que le note Roger Régent dans Cinéma de France, Pension Jonas de Pierre Caron a fait l’objet de cet acte de censure inédit, avant d’être finalement livré en pâture au public et de sonner le glas de la carrière de son médiocre réalisateur. On y suit les aventures d’un clochard (interprété par Pierre Larquey) qui a élu domicile dans le corps d’une baleine empaillée.


37. Premier film classé X
La catégorie des “films pornographiques ou d’incitation à la violence” est instituée par l’article 11 de la loi de finances du 30 décembre 1975 et correspond à une censure économique radicale qui relègue ces productions dans un véritable ghetto et les marginalise de fait. Le premier film classé X aux États-Unis a été… Greetings de Brian de Palma, en 1968. En France, le pionnier du genre est un film pornographique, le décret instituant des salles classées X paraissant le 29 février 1976.

38. Premier festival de cinéma
La Mostra de Venise, dont la première édition débute le 6 août 1932 sur l’île du Lido, constitue l’un des éléments de la biennale d’art du comte Volpi, mais aussi l’une des vitrines les plus éclatantes du fascisme selon Mussolini. Vingt-neuf films sont présentés lors de sa première édition. Nikolai Ekk est consacré meilleur metteur en scène, Helen Hayes meilleure actrice, Fredric March meilleur acteur, A nous la liberté «film le plus amusant» et Docteur Jekyll et Mr. Hyde «le plus original». Ce n’est toutefois qu’au cours de la deuxième, en 1934, que sont remises des récompenses officielles, le fameux Lion de Saint-Marc ne faisant son apparition officielle en lieu et place du Grand Prix qu’en 1950. Le festival de Venise a subi plusieurs interruptions au cours de sa longue histoire, les plus importantes s’étant déroulées de 1942 à 1945 et de 1973 à 1978.


39. Premier Festival de Cannes
Annoncé en juin 1939, le festival qui n’a jamais eu lieu doit se dérouler du 1er au 20 septembre suivant, mais l’invasion de la Pologne par l’armée hitlérienne en décide autrement. Sous la présidence d’honneur de Louis Lumière, une première sélection est même établie qui comprend des films de Duvivier, Feyder, Baroncelli et Christian-Jaque, Le magicien d’Oz de Victor Fleming, Stanley et Livingstone d’Henry King, À chaque aube je meurs de William Keighley et Pacific Express de Cecil B. de Mille. L’affiche de la manifestation est signée Jean-Gabriel Domergue. Venus spécialement en paquebot, Norma Shearer, Tyrone Power, George Raft et Mae West repartent bredouille. C’est finalement du 20 septembre au 5 octobre 1946 que se déroule la première édition du Festival auquel participent dix-huit nations. Pas moins de onze films se partagent le Grand Prix, dont La symphonie pastorale de Jean Delannoy, une vingtaine d’autres étant par ailleurs distingués.

40. Première édition de la Quinzaine des réalisateurs
Née en mai 1969 sous le nom Cinéma en Liberté, cette manifestation parallèle créée par Pierre-Henri Deleau s’est déroulée pour sa première édition dans deux salles : le Rex  et l’Olympia. Elle devient peu à peu le vivier du jeune cinéma international, voire un empire dans l’empire cannois pour s’installer définitivement dans l’ancien palais transformé en palace. Parmi la sélection présentée la première année, on remarque notamment les noms de Robert Bresson (Une femme douce), Louis Malle (Calcutta), André Téchiné (Paulina s’en va), Bernardo Bertolucci (Partner), Nagisa Oshima (Le journal du voleur de Shinjuku et La pendaison), Gabriel Axel (Le joujou chéri), Gilles Carle (Le viol d’une jeune fille douce), Bob Rafelson (Heat), Roger Corman (The trip), Gérard Vergez (Ballade pour un chien), Jean-Daniel Pollet (Tu imagines, Robinson), Luc Moullet (Les contrebandières), Philippe Garrel (Le lit de la vierge), Marcel Hanoun (L’été), Miklos Jancso (Sirocco), Marta Meszaros (Marie), Pierre Kast (Drôle de jeu), Hugo Santiago (Invasion), Glauber Rocha (Barravento), Francis Reusser (Vive la mort) et même Francis Leroi (La poupée rouge). Côté courts métrages, on relève la présence de Pascal Aubier, Frank Cassenti, Daniel Duval, Christian Lara et Jacques Poitrenaud.

41. Première Caméra d’or
Dès 1978, le Festival de Cannes décide de couronner le meilleur premier film présenté en sélection officielle ou dans l’une des sections parallèles. Le premier lauréat est Alambrista de Robert M. Young qui vaut à son réalisateur une caméra Aäton mais ne suscite pas d’effet public notable. Il faudra attendre en fait la Caméra d’or décernée à Romain Goupil pour Mourir à trente ans, en 1982, et surtout celle de Jim Jarmush avec Stranger than Paradise, deux ans plus tard, pour que cette distinction prenne tout son sens. Les résultats commerciaux de L’odeur de la papaye verte et de Petits arrangements avec les morts ont confirmé que cette distinction représentait désormais aujourd’hui une valeur sûre et reconnue des professionnels et du public.


42. Premier Prix Louis-Delluc
Les bas-fonds de Jean Renoir, en 1937, est le premier lauréat de ce prix, décerné par une assemblée de critique à l’œuvre française la plus prometteuse de l’année, qui s’impose rapidement comme le Goncourt du cinéma et a couronné au fil des ans les principaux réalisateurs français, le champion toutes catégories étant Alain Resnais qui l’a obtenu à trois reprises : en 1966 pour La guerre est finie, en 1993 pour son diptyque Smoking/No Smoking et en 1997 pour On connaît la chanson.

43. Premier Festival d’Avoriaz
Il se déroule du 9 au 12 février 1973. Dans le jury : Abel Gance, Costa Gavras, Alain Robbe-Grillet, Jacques Doniol-Valcroze, Jean Seberg et Christopher Lee. La France est représentée par Le moine d’Ado Kyrou et Themroc de Claude Faraldo. Grand Prix : Soleil vert de Richard Fleischer. Le cinéma français a remplacé le fantastique à Avoriaz en janvier 1994, celui-ci ayant migré vers une autre station de sports d’hiver, Gérardmer.

44. Premier Festival de Deauville
Le 2 septembre 1975 naît le Festival européen du cinéma américain de Deauville, sous le parrainage de célébrités telles qu’Henri Langlois, Claude Lelouch, Jacques Demy, Jacques Deray, Philippe Labro, Jean-Pierre Mocky, Gérard Oury, Bertrand Tavernier et Roger Vadim. En sélection, on remarque notamment Nashville de Robert Altman, Guerre et amour de Woody Allen et Jonathan Livingstone le goéland de Hal Bartlett.

45. Première cérémonie des Oscars
Elle se déroule le 16 mai 1929 sous la présidence de Douglas Fairbanks. Une statuette en bronze plaqué or de 35 cm et 4 kilos, dessinée par le décorateur de la MGM, Cedric Gibbons, et réalisée par le sculpteur George Stanley, est remise aux lauréats. Les premiers du genre sont Ailes de William Wellman (meilleur film), Frank Borzage et Lewis Milestone (meilleurs réalisateurs ex aequo pour L’heure suprême et Two arabian Nights), Emil Jannings (meilleur acteur pour Crépuscule de gloire et Quand la chair succombe) et Janet Gaynor (meilleure actrice pour L’heure suprême, L’aurore et L’ange de la rue). C’est en 1931 que cette récompense prestigieuse prend son appellation définitive, une secrétaire, Margaret Herrick, ayant trouvé au chevalier représenté par ce trophée un air de famille avec son oncle Oscar Pierce. Ce n’est qu’en 1936 qu’ont été instituées les catégories du meilleur second rôle masculin et féminin.


46. Premier film français Oscar du meilleur film étranger
Incroyable mais vrai, entre deux films majeurs de Vittorio de Sica (Sciuscia et Le voleur de bicyclette), ce fut en 1948… Monsieur Vincent de Maurice Cloche, avec Pierre Fresnay. Suivirent Au-delà des grilles (1950) et Jeux interdits (1952) de René Clément, Mon oncle de Jacques Tati (1958), Orfeu Negro de Marcel Camus (1959), Les dimanches de Ville d’Avray de Serge Bourguignon (1962), Un homme et une femme de Claude Lelouch (1966), Z de Costa-Gavras (1969), Le charme discret de la bourgeoisie (1972), La nuit américaine de François Truffaut (1973), La victoire en chantant de Jean-Jacques Annaud rebaptisé Noirs et Blancs en couleurs (1976), La vie devant soi de Moshe Mizrahi (1977), Préparez vos mouchoirs de Bertrand Blier (1978), La diagonale du fou de Richard Dembo (1984) et Indochine de Régis Wargnier (1993).

47. Première comédienne française récompensée par un Oscar
Simone Signoret pour Les chemins de la haute ville, un film anglais de Jack Clayton, le 4 avril 1960. Elle a été suivie par Juliette Binoche (Oscar du meilleur second rôle féminin pour Le patient anglais d’Anthony Minghella, en 1997), Marion Cotillard (Oscar de la meilleure actrice pour La môme d’Olivier Dahan, en 2008). Le champion français toutes catégories est The Artist de Michel Hazanavicius qui a obtenu cinq statuettes en 2012 dont celles du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur acteur (décerné à Jean Dujardin).

48. Première cérémonie des Césars
Jean Gabin est le premier président de cette manifestation annoncée le 5 avril 1975. Inspirée à Georges Cravenne par les Oscars, elle voit le jour un an plus tard, le 3 avril 1976. Les premiers lauréats sont Le vieux fusil de Robert Enrico (meilleur film), Bertrand Tavernier (meilleur réalisateur pour Le juge et l’assassin), Philippe Noiret (meilleur acteur pour Le vieux fusil) et Romy Schneider (meilleure actrice pour L’important c’est d’aimer). Le trophée remis est une compression réalisée par le sculpteur César, distribuée cette année là à treize exemplaires.

49. Premier César du premier film
Diva de Jean-Jacques Beineix, en 1982. Après une carrière étrange, ce petit film mal lancé (sorti le 11 mars 1981, il ne réalise qu’un peu plus de 17 000 entrées Paris-périphérie en 19 salles), puis réhabilité par sa sortie aux États-Unis associée à un impressionnant phénomène de bouche-à-oreille, rencontre peu à peu son public (2,2 millions de spectateurs en France dont 775 000 sur Paris-périphérie) et demeure à l’affiche pendant près de quatre ans. Son César du premier film, associé à trois autres, consacre la reconnaissance d’un nouvel enfant terrible du cinéma français qui sera tantôt descendu en flamme (Pour La lune dans le caniveau et Roselyne et les lions) tantôt porté au pinacle (pour 37,2° le matin). À noter que seul Les nuits fauves de Cyril Collard a été le premier à obtenir simultanément les Césars du meilleur premier film et du meilleur film, en 1993… mais à titre posthume.

Alice Guy © DR

50. Première femme cinéaste
La pionnière est incontestablement la secrétaire de Léon Gaumont, Alice Guy, qui a débuté dans ce métier sans rien en connaître, à l’âge de vingt-six ans. De novembre 1899 à 1906, elle a réalisé, souvent en dehors de ses heures de travail habituelles, plus de 200 films. Le premier, La fée aux choux, est l’adaptation poétique et naïve d’une image d’Epinal. Caroline Huppert lui a consacré un téléfilm intitulé Elle voulait faire du cinéma dans lequel son rôle est tenu par Christine Pascal.

51. Premier film tourné à Hollywood
Au début était un ranch qui a donné son nom à un village, en 1903, devenu un quartier de Los Angeles, sept ans plus tard. Entre-temps, en 1907, le producteur et colonel William N. Selig, rival d’Edison auquel l’oppose une guerre des brevets, et le metteur en scène Frank Boggs sont venus tourner quelques scènes d’extérieur du Comte de Monte-Cristo et ont découvert la fameuse colline sur laquelle seront bientôt apposées les lettres géantes d’“Hollywoodland” qui deviendra par la suite “Hollywood”.

52. Premier acteur français à avoir fait carrière aux États-Unis
Dès 1905, Max Linder entreprend une fructueuse carrière sous la houlette des films Pathé. Cinq ans plus tard, il est considéré comme l’acteur comique le plus populaire de part et d’autre de l’Atlantique. Devenu réalisateur en 1911, il est engagé par la firme Essanay qui lui vaut de faire carrière aux États-Unis à partir de 1916. Après trois films, il doit subir une interruption de près d’un an de sa carrière. De retour en Amérique, en 1921, il fonde sa propre maison de production et conclut un accord de distribution avec les Artistes Associés dont l’un des créateurs n’est autre que l’un de ses plus fidèles admirateurs : Charlie Chaplin. Il tourne trois nouveaux films aux États-Unis, dont L’étroit mousquetaire, pour lequel il réutilise les décors de la version des Trois mousquetaires interprétée par son ami Douglas Fairbanks, puis retourne en Europe où il se suicidera avec son épouse, en 1925. Parmi les autres grenouilles à avoir fait leur trou dans la Grande Pomme, on peut citer Maurice Chevalier, Charles Boyer, Louis Jourdan, Leslie Caron ou Capucine.

53. Premier acteur devenu Président des États-Unis
C’était impossible, il l’a fait. Melina Mercouri et Jorge Semprun ont respectivement été ministres de la Culture en Grèce et en Espagne, Clint Eastwood a été longtemps maire de Carmel, Kim Basinger s’est même offert une ville, mais seul Ronald Reagan a réussi à se faire élire, et même réélire, Président des États-Unis. Contrairement à ce qu’on a pu dire, et même si ses films ont été mal ou pas distribués en France, Reagan a tout de même été un second rôle marquant de la Warner puis une authentique vedette de série B. Sabotage à Berlin de Raoul Walsh (1942), Le mariage est pour demain d’Alan Dwan (1955) et A bout portant de Don Siegel (1964) comptent parmi ses films les plus célèbres. Il est même désigné par ses pairs comme président de la Guilde des Acteurs américains, en 1947. Elu gouverneur de Californie en 1966, il accède à la présidence en 1980 sous la bannière républicaine. Son destin étant décidément lié à celui du cinéma, il est victime d’un attentat dont le responsable clame avoir agi par amour pour… Jodie Foster.


54. Premier film sorti en “exclusivité” en France
L’Atlantide de Jacques Feyder, sorti le 30 septembre 1921 au Gaumont-Palace. C’est aussi à cette époque que l’exploitation se structure en salles de première, de deuxième ou de troisième exclusivité, le prix des places étant déterminé par la fraîcheur du film.

55. Première empreinte apposée sur Hollywood Boulevard
Tout a commencé en mars 1927 devant le 6295 Hollywood Boulevard. Venu surveiller la construction du fameux Chinese Theatre, dont il est le commanditaire, l’entrepreneur de spectacles Sid Grauman marche par inadvertance dans le ciment frais du dallage extérieur. Il vient en fait involontairement d’inaugurer une tradition associée depuis à la cérémonie des Oscars qui se perpétue aujourd’hui et qui a été reprise sur le parvis du Palais des festivals de Cannes et à l’entrée du Fouquet’s à Paris.

56. Premier film diffusé à la télévision
Aux États-Unis, la Republic est la première société à vendre des films à la télévision, dès 1951. En mai 1950, plusieurs syndicats d’exploitants européens organisent un congrès consacré à la télévision au terme duquel ils prônent un allongement du délai de rigueur de diffusion des films fixés alors à cinq ans. Dans les années quarante, malgré le faible nombre de téléviseurs en service, il est fréquent que certains films soient programmés à la télévision… avant même leur sortie. Pierre Billard cite ainsi dans L’âge classique du cinéma français Une si jolie petite plage et Allemagne année zéro qui ont été télédiffusés dès janvier 1949 et n’ont été distribués en salle que quelques jours plus tard.

57. Première émission de télévision française consacrée au cinéma
C’est La cinémathèque imaginaire de Marcel Lherbier diffusé en mars 1952 sur l’antenne unique de la Radio Télévision Française, pour les quelques dizaines de milliers de téléspectateurs équipés d’un récepteur de télévision. À noter que cette même année, 240 films dont 160 français étaient programmés sur le petit écran.


58. Première coproduction française cinéma-télévision
Le testament du docteur Cordelier de Jean Renoir marque, en 1961, le début d’une pratique qui s’est aujourd’hui généralisée. Présenté aux téléspectateurs le 16 novembre, il sort le lendemain. Autre exemple, le 15 mars 1978, Ne pleure pas de Jacques Ertaud connaît une forte audience télévisée mais un échec public cuisant. Cette pratique peu convaincante sur le plan commercial, a été renouvelée par Canal + avec Le rayon vert d’Eric Rohmer (dont la sortie en salle n’a pas été altérée) puis de Stan the Flasher de Serge Gainsbourg (résultat décevant). Les téléfilms exploités en salle ont quant à eux connu des sorts très divers, qu’il s’agisse de La fracture du myocarde de Jacques Fansten ou des versions longues que sont Les roseaux sauvages d’André Téchiné ou Le péril jeune de Cedric Klapisch. Les doubles versions conçues en tant que telles ont pour la plupart pâti de cette identité confuse.

59. Premier ministre de la Culture
Ecrivain, homme politique et cinéaste, lui-même victime de la censure pour raisons politiques, André Malraux devient le premier ministre de ce qu’on appelait alors les Affaires culturelles, le 3 février 1959. Sa phrase la plus célèbre : «Le cinéma est un art, mais c’est aussi une industrie.»

60. Premier Président de la Commission d’avance sur recettes
Constituée en juin 1959, elle comprend notamment Jacques Audiberti, Marguerite Duras, Julien Gracq, Raymond Queneau, Roger Nimier, Henri Queffelec et Pierre Moinot. Présidée par Pierre-Henri Lichtenberg, de 1960-1964, elle commence par accorder des subsides à dix-neuf films signés Alain Resnais, Abel Gance, Henri Colpi, Claude Chabrol, Jean-Pierre Mocky, Etienne Périer, Jean Rouch, Armand Gatti, mais aussi Alex Joffé, Jean Delannoy, André Cayatte et Albert Lamorisse.

Bande annonce du Beau Serge de Claude Chabrol (1959)

61. Premier film de la Nouvelle Vague
Après Et Dieu créa la femme de Roger Vadim, Ascenseur pour l’échafaud de Louis Malle et Les tricheurs de Marcel Carné, trois œuvres annonciatrices d’un renouveau imminent, Le beau Serge de Claude Chabrol, présenté le 11 février 1959, marque historiquement l’avénement d’une nouvelle génération sortie tout droit des pages des Cahiers du Cinéma. Le 15 mai suivant, François Truffaut reçoit le Prix de la mise en scène à Cannes grâce aux Quatre cents coups. C’est Françoise Giroud qui invente dans L’Express le terme de Nouvelle Vague qui sera tant galvaudé par la suite.

62. Premier syndicat de réalisateurs
C’est en 1968 que naît la Société des Réalisateurs de Films, dans la foulée des Etats généraux du cinéma français qui se sont tenus le 5 juin à Suresnes.

63. Premier film exploité en vidéo
Les premiers films exploités en vidéo sortent aux États-Unis en 1977 à l’instigation de la Fox. L’invention préalable du Pan-Scan par la Warner en 1969 est à l’origine de la mutilation de nombreuses œuvres cinématographiques exploitées par la suite en vidéo dans des versions tronquées artificiellement. Les premiers vidéo-disques sont commercialisés aux États-Unis en 1980. Le premier film français exploité simultanément en salle et en vidéo est Je vais craquer de François Leterrier, la même année.

64. Premier jour d’exploitation à tarif réduit
Le 1er septembre 1980, le lundi devient le jour de la semaine où les entrées sont moins chères. Imitée dans de nombreux pays, ctte initiative relance la fréquentation cinématographique. Depuis 1993, le jour à tarif réduit a été déplacé au jeudi.

65. Première Fête du cinéma
Elle a lieu le 1er juin 1984 dans l’euphorie. Un seul ticket donne droit à autant de séances qu’on veut dans la même journée. De multiples manifestations sont organisées dont une grande vente aux enchères à l’hôtel Drouot qui ne produit pas les résultats escomptés. En instituant cette célébration annuelle qui correspond au début de l’été et à une baisse de la fréquentation, Jack Lang décline le concept qu’il avait déjà appliqué à la musique et qu’il renouvellera pour le livre. L’exploitation est dopée et les files d’attente s’allongent devant les salles de cinéma


66. Premier film diffusé à la télévision française avec une coupure publicitaire
L’Africain de Philippe de Broca (sur la Cinq).

67. Premier théoricien du cinéma
Le cinéma considéré comme un art à part entière est l’œuvre de deux hommes qui commencent à le disséquer dès 1908 avec un souci esthétique et analytique : le Tchèque Vaclav Tille et l’Italien de Paris Ricciotto Canudo (1879-1923) qui publie le 28 mars 1911 un ouvrage intitulé le Manifeste des sept arts dans lequel il invente l’expression «septième art». Il crée également un terme qui aura moins d’avenir, celui d’“écraniste”. En 1920, Canudo fonde le Club des amis du septième art qui préfigure les ciné-clubs de Louis Delluc.

68. Première revue de cinéma
Pendant l’été 1899 paraît le premier numéro d’un bimensuel français intitulé Le bulletin phonographique et cinématographique. Il est suivi quelques années plus tard par Le fascinateur, mensuel publié par La Bonne Presse et fondé par G. Michel Coissac, en 1903. Les films n’y sont ni disséqués ni même analysés. En revanche, cette publication fournit d’innombrables informations sur l’évolution de cet art naissant et ceux qui le fabriquent.

69. Première critique de film
Le 17 novembre 1908, la sortie de L’assassinat du Duc de Guise, un film d’art de dix-huit minutes réalisé par Charles Le Bargy et André Calmettes fait l’objet d’un compte-rendu en règle qui paraît dans Le Figaro sous la plume d’André Brisson. Aux États-Unis, il faut attendre le 4 octobre 1909 pour que paraisse dans The New York Times une critique consacrée au film de David W. Griffith Pippa Passes. Le premier critique permanent a néanmoins été Frank Woods qui a publié son premier article dans le New York Dramatic Mirror, le 1er mai 1909.

70. Premier numéro des Cahiers du Cinéma
Parution en avril 1951, sous la direction de Jacques Doniol-Valcroze, Lo Duca et André Bazin (oublié dans l’ourse). Au sommaire de ce numéro dédié à la mémoire de Jean-Georges Auriol, le directeur de la défunte Revue du Cinéma : un éditorial virulent contre le système en place et une analyse en règle de Boulevard du crépuscule de Billy Wilder.


71. Premier numéro du Film Français
En couverture du numéro un paru le 8 décembre 1944 : l’affiche d’Échec au roi de Jean-Paul Paulin. C’est en 1966 que Le Film Français fusionne avec son principal concurrent, La Cinématographie française.

72. Premières projections-tests ou sneak previews
Organisées par Harold Lloyd en 1923. Désireux de mesurer l’impact de certains effets comiques, il soumet un panel de spectateurs à un questionnaire détaillé. Il écoute également les réactions du public et revoit ensuite son montage afin de caler le tempo du film sur l’attente supposée des spectateurs. Cette méthode a ensuite été généralisée par les studios qui n’ont parfois pas hésité à modifier des éléments aussi importants que le titre, la musique, le montage ou la date de sortie afin de s’assurer de l’impact maximum.

73. Premier ciné-club
Fondé le 12 juin 1920 par le journaliste et cinéaste Louis Delluc, qui a créé en janvier de la même année Le Journal du ciné-club, le premier film suivi d’un débat est présenté à Paris, au cinéma La Pépinière, le 12 juin 1921, en présence des réalisateurs Emile Cohl et Antoine. C’est à partir du titre de la revue qu’il fonde la même année, Cinéa, que Louis Delluc imagine le néologisme “cinéaste”. La Fédération Internationale des Ciné-Clubs est fondée quant à elle en 1947.

74. Première cinémathèque
Dès janvier 1914, le sous-secrétaire d’Etat français aux Beaux-Arts, Paul Jacquier suggère la création d’un service d’“archives de la projection animée”. Ce n’est pourtant que le 2 septembre 1936, après plus de trois ans de tractations, qu’Henri Langlois fonde officiellement la Cinémathèque française qui deviendra le modèle du genre et le demeure aujourd’hui encore. Entre-temps, la première grande cinémathèque a vu le jour en Suède, suivie du British Film Institute (en 1933). C’est toutefois le Musée d’Art Moderne de New York qui organise les premières projections rétrospectives ouvertes au public, dès 1935.


75. Première école de cinéma
L’Institut Des Hautes Études Cinématographiques a été fondé en 1943 par le cinéaste Marcel Lherbier. Parmi ceux qui en sont sortis : Louis Malle, Alain Resnais, Pierre Tchernia, Claude Sautet, Jean-Christophe AvertyAlain Corneau, Patrice Leconte, Christian Vincent, Eric Rochant, Arnaud Desplechin. En 1986, l’IDHEC cède la place à la Fondation Européenne des Métiers de l’Image et du Son (FEMIS).

76. Première salle
Le 25 janvier 1896 ouvre à Lyon un Cinématographe Lumière qui doit servir de vitrine à cette nouvelle technique et à ses applications. Le 16 avril 1902, l’Electric Theatre de Los Angeles devient la première salle américaine exclusivement consacrée au cinéma. Le 6 février 1906, le premier Nickelodeon ouvre à New York et inaugure une nouvelle ère. En France, à l’initiative d’Edmond Benoît-Lévy, c’est l’ouverture de l’Omnia-Pathé, le 1er décembre 1906, sur les grands boulevards, qui donne le coup d’envoi de l’exploitation cinématographique jusqu’ici assurée par les forains. La France a compté jusqu’à 5 834 salles de cinéma, en 1959.

77. Première fédération d’exploitants
A l’occasion du Congrès de Paris qui s’ouvre le 2 février 1908 sous la présidence de Georges Méliès, un comité international des éditeurs de films est fondé qui institue un système de location de films et met un terme à l’exploitation foraine qui cessera définitivement en France en février 1910. Le 8 mai 1909, les membres du Syndicat français des loueurs de films établissent un tarif minimum de location.

78. Première salle classée art et essai
Le 20 mai 1955 est créée l’Association Française des Cinémas d’Art et Essai (AFCAE). C’est en 1959 qu’est institué officiellement le classement de ces salles, alors même que le Centre National du Cinéma est rattaché au ministère des Affaires culturelles. Le 9 juillet 1970, les salles classées art et essai héritent d’un abattement de vingt pour cent sur la TVA. Au nombre de 53 en 1962, de 616 en 1974, de 669 en 1995, de 1046 en 2005, il y en avait 1148 en 2014.


79. Premier drive-in
Implantées principalement aux États-Unis au début des années cinquante pour lutter contre la concurrence du petit écran, ces salles de cinéma à ciel ouvert immortalisées dans des films comme American graffiti ou Outsiders constituent aujourd’hui encore un quart du parc des salles américaines. Il y en avait 2 200 en 1950, 4 500 en 1952 (sur 17 000 salles), 4 700 en 1960 (sur 12 300 salles) et 4 600 à la fin des années soixante, époque à laquelle la plupart d’entre elles se sont consacrées à la projection de films pornographiques. Dans La cible, Peter Bogdanovich raconte l’histoire singulière d’un tueur fou qui tire à l’aveuglette sur les spectateurs d’un drive-in. Le premier drive-in français a ouvert en 1970 à Rungis.

80. Première projection de film dans un avion
Le premier film l’a été en avril 1925 sur une ligne d’Imperial Airways : il s’agissait du Monde perdu d’Harry O. Hoyt. Quant à la première projection officielle destinée à des voyageurs utilisant un vol commercial, elle s’est déroulée le 19 juillet 1961, pour les passagers de première classe de la ligne New York-Los Angeles desservie par la compagnie aérienne américaine Trans World Airlines. Film projeté : Par l’amour possédé de John Sturges.

81. Premier multisalle
Avec la concurrence grandissante de la télévision, les salles se scindent pour offrir davantage de choix à leur public. C’est à Marseille en 1936, qu’a vu le jour le premier complexe. Dix ans plus tard, le Royal Haussmann offre trois écrans. Ce n’est toutefois qu’en 1967, avec l’ouverture des Troix Luxembourg que cette tendance se généralise et, dès l’année suivante, les grands circuits suivent l’exemple des indépendants.

82. Premier multiplexe
Ce nouveau concept développé en Grande-Bretagne en 1985 avec le cinéma… Multiplex, comprenant dix salles, puis en Belgique avec le fameux complexe de vingt-quatre salles Kinepolis inauguré près de Bruxelles en 1988, a donné lieu en France à la naissance d’ensembles tels que le Pathé Belle-Epine, en 1993. Il se caractérise par une délocalisation à l’écart des grandes métropoles et un grand nombre de salles couplé avec un centre commercial.

83. Premier film au box-office mondial de tous les temps
Le champion universel de tous les temps n’a conquis sa place qu’en 1994, lorsqu’il a coiffé sur le poteau E.T. de Steven Spielberg. En janvier 1995, on estimait, en effet, que Jurassic Park du même incontournable Spielberg avait engrangé des recettes-salles de 909 M$ aux États-Unis et de 556 M$ dans le reste du monde, soit un total de 1 465 M$. À noter que la chute des pays de l’Est et l’ouverture de la Chine au cinéma occidental ont grandement contribué à élargir le public potentiel. En septembre 2015, et en tenant compte de l’inflation, c'est Autant en emporte le vent de Victor Fleming (1939) qui détiendrait le record de recettes aux USA avec 1,740 Md$, le champion du monde étant Avatar de James Cameron (2009) avec 2,788 Md$.


84. Première année au palmarès de la production
États-Unis : 1921, avec 854 longs métrages sortis sur les écrans. Japon : 1960, avec 555 titres produits.

85. Premier film au box-office français de tous les temps
La grande vadrouille de Gérard Oury attire en 1966 la bagatelle de 17,226 millions de spectateurs. Recordman d’entrées et de longévité sur Paris-périphérie, Emmanuelle de Just Jaeckin demeure pour sa part à l’affiche pendant 553 semaines ininterrompues, soit du 26 juin 1974 au 6 février 1985, en attirant 3 269 000 spectateurs.

86. Première semaine au box-office Paris-périphérie
Très convoité par les distributeurs, ce record a fait l’objet de toutes les attentions au début des années 80, époque à laquelle l’instantanéité constituait la meilleure garantie du succès. C’est ainsi que le champion de cette catégorie est Rambo 2 la mission, sorti le 16 octobre 1985, qui a attiré plus de 510 000 spectateurs dans 64 salles au cours de sa première semaine d’exploitation Paris-périphérie (dont 85 000 le premier jour !). À titre de comparaison, le champion français, Le marginal de Jacques Deray, sorti le 26 octobre 1983, n’a réuni que 468 000 personnes en 55 salles, L’as des as de Gérard Oury ayant quant à lui été plébiscité par plus de 72 000 personnes en 49 salles, le 27 octobre 1982, jour de sa sortie.

87. Première année au box-office de l’exploitation française
1947 : près de 424 millions de spectateurs se pressent dans les salles pour applaudir L’aventure de madame Muir, Monsieur Verdoux, Le diable au corps, Les passagers de la nuit, Le procès Paradine, Les assassins sont parmi nous, Antoine et Antoinette, Boomerang, Le charlatan, Farrebique, Quelque part en Europe, Vivre en paix, Les maudits, Dieu est mort, Duel au soleil, Quai des Orfèvres, Monsieur Vincent, Voyage surprise, Le narcisse noir, Le silence est d’or, La vie secrète de Walter Mitty et Panique.

88. Premier bide de l’histoire du cinéma
Le plus mauvais rapport coût-recettes de l’histoire du cinéma a été établi par Inchon de Terence Young, un film produit par le grand maître de l’église de scientologie, Ron Hubbard. Parmi ses challengers immédiats, on peut citer La porte du paradis de Michael Cimino dont les dépassements faramineux et l’échec commercial (1,5 M$ de recettes aux États-Unis pour 57 M$ de budget) ont entraîné la faillite des Artistes Associés et son rachat par la MGM, en 1981, soixante-deux ans après sa création.

89. Premier baiser
John Rice et May Irwin dans La veuve Jones, en 1896. Le plus long (trois minutes et cinq secondes) a uni Regis Toomey et Jane Wyman dans You’re In the Army Now de Lewis Seiler, en 1941, suivi de près (deux minutes trente) par celui échangé par Cary Grant et Ingrid Bergman dans Les enchaînés d’Alfred Hitchcock, en 1947.


90. Premier film à épisodes
Le 15 septembre 1908, Nick Carter, le roi des détectives de Victorin Jasset lance la mode du serial qui connaîtra bien des avatars, des séries Z présentées en complément de programme dans les salles de quartier aux sagas modernes que constituent Star Trek, Rocky ou Emmanuelle. Entre-temps, dès mars 1914, Edison a lancé la production de films en série dont chaque épisode exploite le succès du précédent.

91. Premier remake
Il s’agit de Cendrillon dont plus de soixante-dix versions ont été tournées à ce jour : la première en Angleterre, Cinderella and the Fairy Godmother, en 1898, et la deuxième l’année suivante par Georges Méliès sous le titre Cendrillon.

92. Première comédie musicale
Lié à l’avénement du parlant, ce genre royal du cinéma hollywoodien est né avec Le chanteur de jazz d’Alan Crosland, en 1927. Il demeure pourtant associé à des ballets grandioses tels que ceux qu’on voit dans Broadway melody d’Harry Beaumont, produit par la MGM en 1929.

93. Premier long métrage d’animation en couleurs
Blanche-Neige et les sept nains de Walt Disney, sorti aux États-Unis le 21 décembre 1937. C’est l’aboutissement de tous les courts métrages produits par Disney et récompensés d’un Oscar au cours des années 30.

94. Premier western
En 1903, Le vol du rapide d’Edwin S. Porter contient un gros plan de George Barnes qui vise et tire de face sur les spectateurs. Le film est livré avec une notice explicative destinée aux exploitants qui précise que ledit plan peut être présenté au début ou à la fin du film. Le réalisateur s’acharne à y alterner. En 1912, Jean Durand réalise Le railway de la mort qui est le premier d’une longue série de westerns français… tournés en Camargue. En août 1913, Lawrence B. McGill signe le premier western de long métrage : Arizona. Quant au premier cow-boy du cinéma américain, c’est indéniablement G. M. Anderson, producteur et interprète de la série Bronco Billy, à la même époque.


95. Premier documentaire
C’est Nanouk l’esquimau de Robert Flaherty, sorti en juin 1922, et toujours considéré comme le meilleur du genre par un jury réuni à la Cinémathèque royale de Belgique en 1965. Bien que le documentaire ait constitué dès l’origine le style fondateur du cinéma, ainsi qu’en témoignent les premiers films des frères Lumière puis de leurs opérateurs envoyés à travers le monde, il convient de distinguer ici le travail purement anthropologique de Flaherty qui raconte une histoire structurée à partir d’images authentiques. La façon de filmer, le rythme du montage et, plus tard, le travail sur la bande son sont des éléments déterminants du cinéma documentaire.

96. Premier film dans l’ordre alphabétique
Pas de doute, c’est A de Jan Lenica, titre lapidaire auquel fait pendant le célèbre Z de Costa-Gavras. A moins qu’un fantaisiste ne décide de consacrer à l’Association Amicale des Amateurs d’Andouillette Authentique (AAAAA), cette performance valable dans toutes les langues n’est pas près d’être contestée. A armes égales de John Frankenheimer et Abattoir 5 de George Roy Hill suivent.

97. Premier film en durée de projection
Le recordman de la longueur est indéniablement le film d’avant-garde britannique intitulé The Longest Most Meaningless Movie in the World produit par Anthony Scott et réalisé par Vincent Patouillard (sic !). Ce film d’une durée de quarante-huit heures a été présenté une seule fois, à la Cinémathèque française en octobre 1970. On peut également citer les cent seize heures que représentent les quelque 1750 Cinématons tournés en super-huit par le Français Gérard Courant. Commercialement, ce sont deux films allemands qui tiennent la corde : Heimat d’Edgar Reitz (quinze heures quarante, projeté en deux fois) et Berlin Alexanderplatz de Rainer Werner Fassbinder (quinze heures vingt-et-une), Heimat 2 n’ayant pas vraiment connu de diffusion en salles. A noter que le film chinois L’incendie du temple du Lotus rouge, tourné de 1928 à 1931, durait vingt-sept heures. Toutefois il a été exploité en dix-huit épisodes, mais jamais dans son intégralité.

98. Premier film français plébiscité
Les enfants du paradis de Marcel Carné. Il a successivement été désigné Meilleur film français de tous les temps, aux Césars 1978 Meilleur film français au cours de La plus belle nuit du cinéma organisée par Canal +, en 1990 et Meilleur film des 50 ans du “Film français”, en 1994,.


99. Premier film culte
Le principe est élémentaire : est considéré comme culte, tout film qui rencontre son public à une époque donnée et devient un phénomène de société en rencontrant l’air du temps. Le premier du genre est difficile à situer. Drôle de drame («Bizarre, bizarre, vous avez dit bizarre…»), Buffet froid, Le Père Noël est une ordure («C’est cela, oui…»), mais aussi Les tontons flingueurs (consacré en tant que tel plus de 25 ans après sa sortie par une mystérieuse alchimie du temps) Emmanuelle, Diva, Bagdad Café, Le grand bleu ou Le cercle des poètes disparus appartiennent à cette catégorie aux contours flous. Rocky Horror Picture Show, dont les spectateurs répètent indéfiniment le rituel sacré partout dans le monde depuis près de vingt ans, représente l’archétype du genre, au même titre que Le graphique de Boscop, devenu un film culte… à Lyon. Outsiders (le genre fantastique en est riche) : La nuit des morts vivants, Massacre à la tronçonneuse et la série Star Trek. Ah, au fait, rien n’empêche un mauvais film de devenir culte et de le rester.

100. Premier Siècle du cinéma
Dirigée par Serge Toubiana, Michel Piccoli et Serge Crombecque, cette association créée pour coordonner les célébrations du centenaire a constitué le nœud gordien de toutes les manifestations organisées en France au cours de l’année 1995.
Jean-Philippe Guerand
paru dans Le Film Français
du 17 mars 1995
et remis à jour





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