La sortie des usines Lumière
de Louis et Auguste Lumière (1895)
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1. Premier tournage de film
La sortie des usines Lumière
de Louis et Auguste Lumière est tourné le 19 mars 1895, parce que la
température de la veille était trop basse et posait des problèmes techniques.
Le film est d’abord présenté sous le titre Sortie
d’usine. Savoureuse mise en abîme, on y voit des ouvrières sortir à pied ou
à bicyclette de l’usine où étaient fabriqués… les premiers appareils de
cinématographe. Ce lieu de tournage mythique est aujourd’hui baptisé Rue du
Premier Film et compte, à Lyon, parmi ses riverains le célèbre Institut
Lumière, fondé en 1982 et dirigé par Thierry Frémaux et Bertrand Tavernier. La
journée du 19 mars 1995 a donné lieu sur Canal + à la projection de toute une
série de films tournés pour l’occasion à travers le monde par des cinéastes et
des acteurs désireux de rendre hommage à l’art qu’ils servent.
2. Première projection publique
Une
première présentation du cinématographe Lumière est organisée devant deux cents
personnes, le 22 mars 1895, dans le cadre de la Société d’encouragement à
l’industrie nationale. En juin, sont montrés huit films Lumière au Congrès des
sociétés françaises de photographie qui se tient à Lyon. Mais c’est le 28
décembre 1895, dans le salon indien, une ancienne salle de billard située au
sous-sol du Grand Café, boulevard des Capucines, que trente-trois spectateurs
acquittent 1 F leur place afin d’assister à la première séance publique et
payante. Au programme : dix films.
3. Premier studio
Le
premier studio a été construit pour Edison, avant même la naissance officielle
du cinéma, le 1er février 1893 à West Orange, dans l’Etat
du New Jersey. En novembre 1896, à Berlin, Oskar Messter édifie les premiers
studios européens à utiliser l’éclairage artificiel. C’est l’année suivante que
Georges Méliès fait construire le premier plateau de tournage français à
Montreuil-sous-Bois. Mais il faut attendre décembre 1906 pour qu’ouvrent aux
Buttes-Chaumont des studios, édifiés rue des Alouettes en mai 1905, qui
intègrent toutes les étapes de la fabrication d’un film, à l’instigation du
pionnier Léon Gaumont.
4. Premier long métrage
The Story of the Kelly Gang
des frères Tait, tourné en Australie en 1906, est le premier film de fiction à
avoir dépassé une heure. En 1909, les 735 mètres de L’assommoir d’Albert Capellani en font ce que Georges Fagot appelle
à l’époque un “énorme métrage”. En 1911, La
vie de Buffalo Bill puis La Bastille
de William Humphrey (943 mètres) consacrent définitivement ce nouveau format.
L’arroseur arrosé d’Auguste Lumière (1895)
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5. Premier film de fiction
Le
tout est de s’entendre sur ce que revêt le terme “fiction”. Si l’on s’en tient
à la définition du dictionnaire, le pionnier du genre est probablement L’arroseur arrosé d’Auguste Lumière,
tourné en 1895, qui contient également le premier gag jamais immortalisé sur un
écran. Si l’on prend en compte la forme cinématographique, la première œuvre du
genre est une autre «scène comique», L’arroseur
de Georges Méliès (1896), réalisateur qui a débuté en imitant certaines bandes
tournées par les frères Lumière. Le premier film à avoir fait officiellement
appel à des acteurs est L’exécution de
Mary reine d’Ecosse d’Alfred Clark, en 1895.
6. Premier film en couleurs
Dès
les débuts du cinéma, les films ont été teintés selon diverses techniques.
Après plusieurs courts métrages, c’est The
Durbar at Delhi qui constitue la première application marquante du procédé
Kinemacolor. Le 5 décembre 1913 se déroule la première projection expérimentale
de films en trichromie, réalisés selon le procédé Chronochrome de Gaumont : il
s’agit de vues de la plage de Deauville. Le premier long métrage en couleurs
s’intitule The World, The Flesh and the
Devil. Il date de 1914. Le premier long métrage en “couleurs naturelles”
est Le vagabond du désert d’Irvin C.
Willat, en 1921. Pourtant, il est à noter que dès 1908, Albert Capellani tourne
La vestale, un film de 225 mètres dont 168
en couleurs.
7. Premier film sonore
C'est
en septembre 1896 à Berlin qu’est présenté pour la première fois de l’histoire
un programme sonorisé au moyen de disques synchronisés. Par la suite, le 27
décembre 1910 a lieu à l’Académie des sciences la démonstration du Chronophone
Gaumont conçu par René Decaux, P. Frély et Georges Laudet. A cette occasion est
projeté un portrait parlant du professeur Jacques d’Arsonval. Dans le domaine
du long métrage, le précurseur, La rue
des rêves, de David W. Griffith a été tourné en 1921. Le 6 août 1926 est
projeté au Warner’s Theater de New York Don
Juan, le premier film intégralement sonorisé sur disque. Le premier long
métrage sonore (avec des effets synchronisés) et en couleurs, The Viking de Roy William Neill, a été
présenté au public le 2 novembre 1928. En France, le premier film sonore
convaincant, Le collier de la reine
de Gaston Ravel, en 1929.
Le chanteur de jazz d’Alan Crosland (1927)
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8. Premier film parlant
« Hey
Mom, Listen to this… » : cette phrase anodine prononcée par Al Jolson dans
Le chanteur de jazz, présenté pour la
première fois le 6 octobre 1927, marque la fin officielle du muet. Le premier
film cent pour cent parlant est présenté l’année suivante : il s’agit de Lights of New York. Le premier tourné en
extérieurs dans lequel la bande son figure sur la pellicule est In Old Arizona de Raoul Walsh, et Irving
Cummings, sorti le 26 décembre 1928 au Criterion de Los Angeles. A noter toutefois que les premiers essais de film parlant projetés en public l'ont été à Hollywood dès le 17 février 1913. Quant au premier
film parlant en couleurs, il s’agit d’On
with the Show, une comédie musicale réalisée par le vétéran Alan Crosland,
en 1929. En France, les deux premiers films parlants conçus en tant que tels
apparaissent en septembre-octobre 1929 : il s’agit du Requin d’Henri
Chomette (le frère de René Clair) et Les
trois masques d’André Hugon Le roi
des resquilleurs de Pière Colombier est le premier succès populaire du
genre, en 1930.
9. Premier dessin animé
Projeté
à partir du 17 août 1908 au Théâtre du Gymnase à Paris, Fantasmagorie d’Emile Cohl, un film de 36 mètres durant 1 mn 57,
marque officiellement en France la naissance d’un genre sous la plume d’un
ex-dessinateur de caricature satirique qui en réalisera 117 avant de partir
pour l’Amérique en 1912. Il a toutefois été précédé en 1906 aux États-Unis par Le stylo magique de James Stuart
Blackton. C’est d’ailleurs en découvrant l’année suivante L’hôtel hanté du même réalisateur américain que Cohl comprend
toutes les possibilités du cinéma image par image qu’il contribuera à élever au
rang d’art à part entière. L’adoption du cellulo, en 1915, constituera un pas
en avant décisif en évitant aux graphistes de dessiner à chaque image
l’ensemble du décor, d’où une productivité accrue.
10. Premier film doublé
Dès
l’avénement du parlant, et à partir de La
nuit est à nous qui sort à Paris en décembre 1929, on tourne les films en
de multiples versions, le plus souvent à Berlin, un ou plusieurs metteurs en
scène dirigeant des interprètes (c’est le cas de le dire) dans plusieurs
langues différentes. Certains films, comme Chantage
d’Alfred Hitchcock, dès 1929, font l’objet d’un doublage en direct, une
comédienne ayant prêté sa voix à une actrrice étrangère sur le plateau du
tournage. Un an et demi plus tard, les résultats n’étant pas vraiment probants,
les multiples versions sont abandonnées au profit de la post-synchronisation.
Dès lors, on assiste à la naissance de deux techniques concurrentes : le
doublage et le sous-titrage. En outre, les intertitres continuent à être utilisés
pour ponctuer le récit et fournir des repères. Bien qu’il n’ait pas la faveur
des spectateurs français, le sous-titrage fait son apparition après l’échec des
versions multiples mais demeure cantonné dans un ghetto.
11. Premier film colorisé
Dès
les origines du cinéma, on colorise des films copie par copie. Certains pays
optent pour le travail au pinceau, chaque image étant coloriée., d’autres pour
la méthode du pochoir qui permet de reprendre les mêmes découpes pour plusieurs
copies successives. La colorisation électronique par ordinateur voit le jour en
1984 à l’instigation de deux firmes rivales de Los Angeles et de Toronto
associées à des producteurs de télévision qui trouvent là un moyen de faire de
l’audience avec des classiques en noir et blanc devenus impossibles à diffuser
pour cause d’Audimat trop faible. Premier exemple du genre, en France : Quand la ville dort est diffusé sur la
Cinq contre l’avis des héritiers de John Huston (lequel avait déjà protesté dès
1986 contre la chaîne américaine WTBS pour la même raison) qui portent plainte
et obtiennent gain de cause, alors même que la chaîne incriminée n’existe plus.
Pionnier du genre aux États-Unis, Ted Turner fait coloriser électroniquement
son catalogue, en commençant symboliquement par Docteur Jekyll et Mr. Hyde de Victor Fleming, et certaines chaînes
de télévision se lancent dans la bataille avec le soutien technologique de la
firme scélérate Color System Technology. Aujourd’hui, des films tels que La vache et le prisonnier ou Le jour le plus long ne sont plus
diffusés que dans leur version colorisée et plus personne n’y trouve rien à
redire, Godard et Carné s’étant d’ailleurs déclarés favorables à la
colorisation d’A bout de souffle et Les enfants du paradis, au grand dam des
cinéphiles purs et durs.
12. Premier film en Technicolor
Dès
1915, Herbert T. Kalmus et Daniel F. Comstock expérimentent un procédé de
synthèse additive qu’ils appellent Technicolor. En 1917, The Gulf Between constitue le premier film tourné à l’aide de cette
technique. En revanche, il faut attendre 1922 et Toll of the Sea pour découvrir le premier long métrage réalisé
selon ce système dont le fleuron demeure incontestablement Le pirate noir de Douglas Fairbanks. Mais ce n’est qu’avec le
passage de deux à trois films couleurs que la technique additive du Technicolor
devient réellement opérationnelle. Après quelques courts métrages tournés dès
1932 dont La Cucaracha, en 1933, le
premier long métrage à bénéficier de cette avancée technique déterminante est Becky Sharp de Rouben Mamoulian, réalisé
en 1935.
13. Premier film en Cinémascope
Inspiré
par les travaux réalisés à la fin des années vingt par le savant français Henri
Chrétien, ce procédé d’anamorphose a été développé sous la houlette de la
Twentieth Century Fox qui a acquis le brevet de l’Hypergonar. Le premier film
réalisé selon ce procédé, La tunique
de Henry Koster, un peplum dont le tournage avait commencé dans le format
habituel, est sorti en septembre 1953 au Roxy Theatre de New York. Son succès
public a suscité la naissance des techniques dérivés que sont le Warnerscope,
le Techniscope (lancé en 1960), le Panascope, le Superscope (procédé initié par
la RKO et dont le premier exemple est Vera
Cruz de Robert Aldrich, en 1954), le Sovscope (développé en URSS) et autre Panavision.
Le premier film exploité en Cinémascope 55 est Carousel de Henry King, en 1956. Dès l’année suivante, Technicolor
lance à son tour le Technirama. En 1971, le Todd-AO 35 est une variante du
Scope qui utilise un objectif conçu à cet effet. En France, Fortune carrée de Bernard Borderie est
le premier film tourné en Cinémascope, à partir du 29 septembre 1954.
Napoléon d’Abel Gance (1927)
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14. Premier film en Cinérama
À
l’origine était le fameux triptyque du Napoléon
d’Abel Gance, projeté en Polyvision au Marivaux de Paris, en avril 1927. Après
trois années de recherches, en 1956, Gance et Nelly Kaplan signent Magirama, un programme projeté sur
triple écran, au Studio 28. Présenté dès 1939 sous l’appellation de Vitarama
dans le cadre de l’exposition universelle de New York, le Cinérama est le fruit
des recherches effectuées par Fred Waller dans le cadre du département des
effets spéciaux de la Paramount. Ce n’est que fin 1952 à New York qu’est
expérimentée pour la première fois cette technique qui nécessite l’utilisation
simultanée de trois projecteurs 35 mm et d’un écran incurvé, remplacé plus tard
par une image unique en 70 mm. Le film de démonstration s’intitule This is Cinerama. Il est réalisé par
Michael Todd, F. Rickey et W. Thompson. Sorti en France en 1955 sous le titre Place au Cinérama, il réalise plus d’1,2
M d’entrées à Paris et devient le champion incontesté des années cinquante en
consacrant cette innovation. L’Empire, auquel est associé pour l’occasion le
nom d’Abel Gance, est alors le temple parisien de cette technique. Deux ans
plus tard, Cinérama Holiday attire
encore près de 700 000 Parisiens. Le film le plus célèbre réalisé à l’aide de
cette technique complexe demeure La
conquête de l’Ouest. Ce procédé inspiré du Cineorama inventé en 1896 par le
Français Raoul Grimoin-Samson a donné naissance par la suite à d’autres
techniques dérivées baptisées Cinemiracle (en 1958), Thrillerama, Wonderama,
Circarama, Quadravision, ou les répliques de l’URSS nommées Krougorama et
Kinopanorama (lancé en 1957 et dont le prototype, Deux heures en URSS, attire plus de 600 000 spectateurs à Paris en
1959). En 1960, Panavision lance l’ultra Panavision 70 destiné au Cinérama.
L’année suivante, enfin, le Super Cinerama voit le jour. En 1963, Un monde fou, fou, fou de Stanley Kramer
est exploité dans une ultime variante en 70 mm.
15. Premier film exploité en 70 mm
Lancé
en 1955 sous l’appellation de Todd-AO, avec le 65 mm (employé pour le négatif
de prise de vues), ce format réservé à l’exploitation a fait ses débuts à
l’occasion du film Le tour du monde en
quatre-vingt jours de Michael Anderson qui a été projeté sur des copies de
70 mm dotées de six pistes sonores magnétiques. La comédie musicale Oklahoma ! de Fred Zinnemann a également
utilisé le même procédé cette année là. Procédés concurrents : Camera 65 est
lancé par la MGM, en 1957, puis Technicolor présente le Super Technirama, en
1959, et Exodus d’Otto Preminger
inaugure le règne éphémère de la Super Panavision 70, l’année suivante. En
1966, La Bible de John Huston est
exploité à l’aide du procédé Dimension 150. C’est en 1970 qu’est lancé le
procédé Imax, ultime application du 70 mm sur un écran vertical. Enfin, en
1983, Douglas Trumbull invente le Showscan qui conduit le 70 mm classique à
être projeté au rythme de soixante images par seconde.
La communion de la 3D
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16. Premier film en relief
Il
s’agit de The Power of Love de Nat
Deverich, un long métrage tourné en 3 D en 1922. En revanche il a été précédé par la première séance payante d’un programme de trois bobines en relief, organisée à l’Astor Theater de New York, le 10 juin 1915. Le premier 3D parlant est le film
italien Nozze Vagabonde de Sante
Bonaldo, en 1936. Le premier long métrage 3 D parlant en couleurs est le film
russe de 1947, Robinson Crusoë
d’Alexander Andreievski. Mais la grande vogue du cinéma en relief date des
années cinquante, lorsque tous les stratagèmes techniques étaient bons pour
éloigner les spectateurs du petit écran et les attirer vers le grand. Le
pionnier du genre a été Bwana le diable
d’Arch Oboler, sorti en 1952 et suivi par L’homme
au masque de cire d’André de Toth (1953) et Le crime était presque parfait d’Alfred Hitchcock (1954). Cette
technique nécessitant le port de lunettes polarisantes a connu un nouveau
regain au tournant des années soixante-dix avec Chair pour Frankenstein de Paul Morrissey (1974) puis l’avénement
du procédé Optimax 3 mis au service de séries B telles que Dynasty de Mei Chung Chang (1980), Parasite de Charles Band (1981) ou Western de Ferdinando Baldi (1982). L’avénement du numérique a donné une nouvelle vie à la 3D qui a connu un renouveau spectaculaire avec le triomphe mondial d’Avatar de James Cameron (2009).
17. Premier film odorant
Le
prototype du genre demeure le singulier et décapant Polyester de John Waters, exploité en Odorama en 1981. A l’entrée
des salles, les spectateurs se voyaient remettre une carte comprenant plusieurs
pastilles numérotées. Au moment où un chiffre s’inscrivait dans un coin de
l’écran, il leur suffisait de gratter avec le doigt la pastille correspondante
pour profiter de l’effluve en même temps que le personnage du film. Autre
technique utilisée : le 12 janvier 1960, le Cinestage de Chicago fait sensation
en présentant le thriller en Smell-O-Vision Scent
of Mystery réalisé par Michael Todd Junior en 70 mm Technicolor et doté
d’une “piste à odeurs” commandant des tuyaux disséminés dans la salle.
18. Premier film en Sensurround
Développé
par la compagnie Universal au début des années soixante-dix, ce procédé
d’effets spéciaux sonores sans lendemain n’a été utilisé que pour rehausser les
scènes d’action les plus marquantes de trois films catastrophe : Tremblement de terre de Mark Robson
(1974), La bataille de Midway de Jack
Smight (1976) et Le toboggan de la mort
de James Goldstone (1977). Il nécessitait un décodeur et un amplificateur
particuliers, plus une série de dix à vingt hauts-parleurs géants installés à
cet effet dans les salles.
19. Première Dolly
Cette
petite grue très maniable d’emploi voit le jour aux États-Unis en 1932. Son
invention a été conditionnée par les nouvelles conditions de tournage en son
direct, de même que les caméras de plus en plus silencieuses. Les bruits
parasites obligent en effet à installer la caméra, son pied, l’opérateur, son
assistant, et parfois le réalisateur, à l’intérieur d’un caisson isolant
phoniquement appelé Blimp.
20. Premier Steadycam
Garett
Brown et au point la Steadycam dès 1970. Lauréat d’un Oscar technique et
scientifique, en 1977, l’inventeur de ce stabilisateur doté d’un harnais et
d’un balancier, commercialisé en France à partir de 1976, ont beaucoup
contribué à l’essor du cinéma moderne en affranchissant les opérateurs d’une
certaine pesanteur. Le premier film majeur à avoir exploité les possibilités de
la Steadycam a été Shining de Stanley
Kubrick, en 1977.
21. Première Louma
C’est
en 1970 que les Français Jean-Marie Lavalou et Alain Masseron mettent au point
un système de bras télescopique télécommandé et doté d’une visée vidéo.
22. Premier film en Dolby
Ce
procédé a été mis au point par Ray Dolby dès 1967. Le pionnier du genre a été Orange mécanique de Stanley Kubrick
(1971) qui a inauguré la technique du Dolby Sound System mais seulement au
stade du pré-mixagee. Le premier film exploité commercialement et comprenant un
signal Dolby dans la bande son (en mono) a été Callan, en 1974. C’est Lisztomania
de Ken Russell qui a inauguré cette technique en stéréo, l’année suivante. Ce
système de réduction du souffle avait notamment été exploité avec succès dans Quiet Revolution (1972) avant d’être
associé cinq ans plus tard aux effets spéciaux sonores spectaculaires réalisés
pour des films tels que La guerre des
étoiles de George Lucas ou Rencontres
du troisième type de Steven Spielberg, qui correspondront à l’avènement du
Dolby stéréo.
23. Premier film exploité en son
numérique
La
stéréophonie a fait ses débuts à l’occasion du Napoléon d’Abel Gance, en 1927. Le procédé de son numérique DTS
inauguré en 1993 à l’occasion de Jurassic
Park de Steven Spielberg n’accomplit ses débuts en France qu’un an plus
tard, en absorbant le système concurrent français LC Concept. Le nouveau monde d’Alain Corneau, sorti
en février 1995 est le premier long métrage français conçu directement pour le
DTS.
24. Premier film monté en numérique
En
France, le premier film de fiction à avoir été monté en virtuel (sur système
Avid chez VDM) est une œuvre d’origine… américaine, Friends and Enemies d’Andrew Frank. Bien que tourné aux États-Unis,
ce long métrage a bénéficié du soutien de la société de production Sideral qui
s’est lancée dans cette aventure en octobre 1992. Par ailleurs, Regarde les hommes tomber est le premier
film français monté en virtuel, par Juliette Welfling, à avoir obtenu un César
dans sa catégorie, en février 1995.
25. Premier gros plan
Dans
Le grand avaleur, en 1900. Le gros
plan le plus serré se trouve dans L’adieu
aux armes de Frank Borzage, en 1932. Les yeux d’Helen Hayes y étaient
filmés à une distance de cinq centimètres.
26. Premier truquage
Il
est visible dès 1895 dans L’exécution de
Marie reine d’Écosse d’Alfred Clark, produit par Edison, où la tête d’un
mannequin est substituée à celle de la comédienne R. L. Thomar qui incarne la
souveraine.
27. Premier fondu enchaîné
Il
figure dans Cendrillon de Georges
Méliès, réalisé en 1899. Aux États-Unis, c’est Edwin S. Porter qui signe le
premier du genre deux ans plus tard, dans Life
Rescue at Long Beach.
28. Premier travelling
Il
est tourné à l’occasion de Vues de Venise
par Alexandre Promio, un opérateur Lumière, à partir d’une gondole qui glisse
le long du Grand Canal de Venise, en octobre 1896. Le premier véritable
travelling intégré dans un film de fiction figure, lui, dans Le massacre de David W. Griffith, en
1913 mais cette figure de style trouve son épanouissement l’année suivante à
l’occasion de Cabiria de Giovanni
Pastrone, péplum pour lequel l’opérateur imagine un chariot spécial à bord
duquel est installée la caméra.
29. Première transparence
Just Imagine,
tourné en 1930, marque la naissance de la rétroprojection. Abondamment utilisée
jusqu’aux années soixante, cette technique était souvent associée à des
tournages en décors dans lesquels l’image projetée se mêle plus ou moins
heureusement à des éléments de studio dont la définition est rarement raccord
et dont le rapport d’échelle est parfois hautement fantaisiste. En France,
Claude Sautet a été l’un des derniers cinéastes à utiliser cette technique,
souvent pour des scènes de voiture et à des fins poétiques.
30. Premier zoom
On
en compte pas moins de trois dans le pionnier du genre : Aimez-moi ce soir de Rouben Mamoulian, en 1932. Cette prouesse
technique, fortement controversée par les puristes qui lui préfèrent le
travelling, est due au directeur de la photographie Victor Milner.
31. Premier flash-back
Cette
figure de style, qui consiste à évoquer un événement passé au sein d’une action
présente, voit le jour dans A Yiddisher
Boy, en 1908. Elle est adaptée au cinéma parlant à l’occasion des Carrefours de la ville de Rouben
Mamoulian, en 1931, mais la technique en tant que telle a véritablement été
utilisée pour la première fois en tant que procédé narratif concerté dans un
film de Wiliam K. Howard intitulé Thomas
Garner, en 1933. C’est Citizen Kane
d’Orson Welles (1941) qui l’a poussée à la perfection, Les nuits de Chicago de Josef von Sternberg pratiquant l’effet
inverse, dit “flash forward”.
32. Premier acteur sous contrat
Les
premiers acteurs rémunérés à la journée l’ont été par la Star Films, compagnie
créée par Georges Méliès qui leur versait un cachet quotidien d’un Louis d’or
dès la fin du siècle dernier.
33. Premier enfant star
Jackie
Coogan. Né à Los Angeles en 1914, il débute à l’écran à l’âge d’un an et demi
dans Skinner’s Baby d’Harry Beaumont,
mais c’est dans Une journée de plaisir
(1919) et surtout Le Kid (1921) qui
lui valent d’être l’enfant le mieux payé d’Hollywood. Son seul transfert de la
First National à la MGM fait l’objet d’une transaction d’un demi-million de
dollars. Il tient encore les rôles principaux des adaptations de Tom Sawyer et Huckleberry Finn réalisées au début des années 30 et amasse un
pactole estimé à quatre millions de dollars. Son argent ayant été dilapidé par
sa famille qui s’est lancées dans des investissements hasardeux, le procès
retentissant qu’intente Coogan à ses parents est à l’origine d’une loi connue
sous le nom de Coogan Act, au terme de laquelle les enfants stars seront
désormais protégés des frasques des adultes dont ils dépendent. Devenu adulte,
Jackie Coogan poursuit une carrière cahotique et tient finalement le rôle de
l’oncle Fenster dans la version télévisée de La famille Addams avant de mourir, en 1984.
34. Premier visa d’exploitation
C’est
Lumière d’été de Jean Grémillon qui a
obtenu le visa numéro un délivré en 1944 par le Registre public nouvellement
créé. Ironie du sort pour un cinéaste qui avait vu la déclaration de guerre
différer la sortie de Remorques.
Cinquante ans plus tard, 85 000 films ont obtenu ce précieux sésame délivré par
le Centre National du Cinéma.
35. Premier film interdit par la censure
En
France, le 11 janvier 1909, une circulaire émanant du ministère de l’Intérieur
incite les préfets à encourager les maires à faire respecter l’ordre public. Le
prétexte est un film d’actualités Pathé présentant une quadruple exécution
capitale. En 1912, un article d’Henri Rochefort paru dans La Patrie dénonce cet abus de pouvoir. Un arrêté du 16 juin 1916
institue une commission de censure composée de cinq fonctionnaires de police
qui doit statuer sur tous les films faisant l’objet d’une distribution
commerciale. Ce n’est qu’en 1931 qu’est créé un Comité national du cinéma qui
classe et contrôle systématiquement les films. Présenté le 7 avril 1933 à
l’Artistic de la rue de Douai, à Paris, Zéro
de conduite est aussitôt interdit par la censure pour «dénigrement de
l’instruction publique». Il sortira finalement le 15 février 1946 après avoir
été présenté au Panthéon en novembre 1945, avec Espoir. En 1960, dix films sont totalement interdits d’exploitation
dont Le petit soldat. Autres exemples
fameux : Les sentiers de la gloire,
interdit d’exploitation en France de 1957 à 1975, Le juge Fayard dit le Shériff dont les allusions au SAC ont été
bipées, et Le rendez-vous des quais,
bloqué pendant… 35 ans. Ce n’est que le 10 juillet 1969 que le contrôle des
films passe du ministère de l’Intérieur à celui des Affaires culturelles.
36. Premier film interdit pour
imbécillité
Pendant
l’Occupation, ainsi que le note Roger Régent dans Cinéma de France, Pension
Jonas de Pierre Caron a fait l’objet de cet acte de censure inédit, avant
d’être finalement livré en pâture au public et de sonner le glas de la carrière
de son médiocre réalisateur. On y suit les aventures d’un clochard (interprété
par Pierre Larquey) qui a élu domicile dans le corps d’une baleine empaillée.
37. Premier film classé X
La
catégorie des “films pornographiques ou d’incitation à la violence” est
instituée par l’article 11 de la loi de finances du 30 décembre 1975 et
correspond à une censure économique radicale qui relègue ces productions dans
un véritable ghetto et les marginalise de fait. Le premier film classé X aux États-Unis
a été… Greetings de Brian de Palma,
en 1968. En France, le pionnier du genre est un film pornographique, le décret
instituant des salles classées X paraissant le 29 février 1976.
38. Premier festival de cinéma
La
Mostra de Venise, dont la première édition débute le 6 août 1932 sur l’île du
Lido, constitue l’un des éléments de la biennale d’art du comte Volpi, mais
aussi l’une des vitrines les plus éclatantes du fascisme selon Mussolini.
Vingt-neuf films sont présentés lors de sa première édition. Nikolai Ekk est
consacré meilleur metteur en scène, Helen Hayes meilleure actrice, Fredric
March meilleur acteur, A nous la liberté
«film le plus amusant» et Docteur Jekyll
et Mr. Hyde «le plus original». Ce n’est toutefois qu’au cours de la
deuxième, en 1934, que sont remises des récompenses officielles, le fameux Lion
de Saint-Marc ne faisant son apparition officielle en lieu et place du Grand
Prix qu’en 1950. Le festival de Venise a subi plusieurs interruptions au cours
de sa longue histoire, les plus importantes s’étant déroulées de 1942 à 1945 et
de 1973 à 1978.
39. Premier Festival de Cannes
Annoncé
en juin 1939, le festival qui n’a jamais eu lieu doit se dérouler du 1er
au 20 septembre suivant, mais l’invasion de la Pologne par l’armée hitlérienne
en décide autrement. Sous la présidence d’honneur de Louis Lumière, une
première sélection est même établie qui comprend des films de Duvivier, Feyder,
Baroncelli et Christian-Jaque, Le
magicien d’Oz de Victor Fleming, Stanley
et Livingstone d’Henry King, À chaque
aube je meurs de William Keighley et Pacific
Express de Cecil B. de Mille. L’affiche de la manifestation est signée
Jean-Gabriel Domergue. Venus spécialement en paquebot, Norma Shearer, Tyrone
Power, George Raft et Mae West repartent bredouille. C’est finalement du 20
septembre au 5 octobre 1946 que se déroule la première édition du Festival
auquel participent dix-huit nations. Pas moins de onze films se partagent le
Grand Prix, dont La symphonie pastorale
de Jean Delannoy, une vingtaine d’autres étant par ailleurs distingués.
40. Première édition de la Quinzaine des
réalisateurs
Née
en mai 1969 sous le nom Cinéma en Liberté, cette manifestation parallèle créée
par Pierre-Henri Deleau s’est déroulée pour sa première édition dans deux
salles : le Rex et l’Olympia. Elle
devient peu à peu le vivier du jeune cinéma international, voire un empire dans
l’empire cannois pour s’installer définitivement dans l’ancien palais
transformé en palace. Parmi la sélection présentée la première année, on
remarque notamment les noms de Robert Bresson (Une femme douce), Louis Malle (Calcutta),
André Téchiné (Paulina s’en va),
Bernardo Bertolucci (Partner), Nagisa
Oshima (Le journal du voleur de Shinjuku
et La pendaison), Gabriel Axel (Le joujou chéri), Gilles Carle (Le viol d’une jeune fille douce), Bob
Rafelson (Heat), Roger Corman (The trip), Gérard Vergez (Ballade pour un chien), Jean-Daniel
Pollet (Tu imagines, Robinson), Luc
Moullet (Les contrebandières),
Philippe Garrel (Le lit de la vierge),
Marcel Hanoun (L’été), Miklos Jancso (Sirocco), Marta Meszaros (Marie), Pierre Kast (Drôle de jeu), Hugo Santiago (Invasion), Glauber Rocha (Barravento), Francis Reusser (Vive la mort) et même Francis Leroi (La poupée rouge). Côté courts métrages,
on relève la présence de Pascal Aubier, Frank Cassenti, Daniel Duval, Christian
Lara et Jacques Poitrenaud.
41. Première Caméra d’or
Dès
1978, le Festival de Cannes décide de couronner le meilleur premier film
présenté en sélection officielle ou dans l’une des sections parallèles. Le
premier lauréat est Alambrista de
Robert M. Young qui vaut à son réalisateur une caméra Aäton mais ne suscite pas
d’effet public notable. Il faudra attendre en fait la Caméra d’or décernée à
Romain Goupil pour Mourir à trente ans,
en 1982, et surtout celle de Jim Jarmush avec Stranger than Paradise, deux ans plus tard, pour que cette
distinction prenne tout son sens. Les résultats commerciaux de L’odeur de la papaye verte et de Petits arrangements avec les morts ont
confirmé que cette distinction représentait désormais aujourd’hui une valeur
sûre et reconnue des professionnels et du public.
42. Premier Prix Louis-Delluc
Les bas-fonds
de Jean Renoir, en 1937, est le premier lauréat de ce prix, décerné par une
assemblée de critique à l’œuvre française la plus prometteuse de l’année, qui
s’impose rapidement comme le Goncourt du cinéma et a couronné au fil des ans
les principaux réalisateurs français, le champion toutes catégories étant Alain
Resnais qui l’a obtenu à trois reprises : en 1966 pour La guerre est finie, en 1993 pour son
diptyque Smoking/No Smoking et en
1997 pour On connaît la chanson.
43. Premier Festival d’Avoriaz
Il
se déroule du 9 au 12 février 1973. Dans le jury : Abel Gance, Costa Gavras,
Alain Robbe-Grillet, Jacques Doniol-Valcroze, Jean Seberg et Christopher Lee.
La France est représentée par Le moine
d’Ado Kyrou et Themroc de Claude
Faraldo. Grand Prix : Soleil vert de
Richard Fleischer. Le cinéma français a remplacé le fantastique à Avoriaz en
janvier 1994, celui-ci ayant migré vers une autre station de sports d’hiver,
Gérardmer.
44. Premier Festival de Deauville
Le
2 septembre 1975 naît le Festival européen du cinéma américain de Deauville,
sous le parrainage de célébrités telles qu’Henri Langlois, Claude Lelouch,
Jacques Demy, Jacques Deray, Philippe Labro, Jean-Pierre Mocky, Gérard Oury,
Bertrand Tavernier et Roger Vadim. En sélection, on remarque notamment Nashville de Robert Altman, Guerre et amour de Woody Allen et Jonathan Livingstone le goéland de Hal
Bartlett.
45. Première cérémonie des Oscars
Elle
se déroule le 16 mai 1929 sous la présidence de Douglas Fairbanks. Une
statuette en bronze plaqué or de 35 cm et 4 kilos, dessinée par le décorateur
de la MGM, Cedric Gibbons, et réalisée par le sculpteur George Stanley, est
remise aux lauréats. Les premiers du genre sont Ailes de William Wellman (meilleur film), Frank Borzage et Lewis
Milestone (meilleurs réalisateurs ex aequo pour L’heure suprême et Two
arabian Nights), Emil Jannings (meilleur acteur pour Crépuscule de gloire et Quand
la chair succombe) et Janet Gaynor (meilleure actrice pour L’heure suprême, L’aurore et L’ange de la rue). C’est en 1931 que
cette récompense prestigieuse prend son appellation définitive, une secrétaire,
Margaret Herrick, ayant trouvé au chevalier représenté par ce trophée un air de
famille avec son oncle Oscar Pierce. Ce n’est qu’en 1936 qu’ont été instituées
les catégories du meilleur second rôle masculin et féminin.
46. Premier film français Oscar du
meilleur film étranger
Incroyable
mais vrai, entre deux films majeurs de Vittorio de Sica (Sciuscia et Le voleur de
bicyclette), ce fut en 1948… Monsieur
Vincent de Maurice Cloche, avec Pierre Fresnay. Suivirent Au-delà des grilles (1950) et Jeux interdits (1952) de René Clément, Mon oncle de Jacques Tati (1958), Orfeu Negro de Marcel Camus (1959), Les dimanches de Ville d’Avray de Serge
Bourguignon (1962), Un homme et une femme
de Claude Lelouch (1966), Z de
Costa-Gavras (1969), Le charme discret de
la bourgeoisie (1972), La nuit
américaine de François Truffaut (1973), La
victoire en chantant de Jean-Jacques Annaud rebaptisé Noirs et Blancs en couleurs (1976), La vie devant soi de Moshe Mizrahi (1977), Préparez vos mouchoirs de Bertrand Blier (1978), La diagonale du fou de Richard Dembo
(1984) et Indochine de Régis Wargnier
(1993).
47. Première comédienne française
récompensée par un Oscar
Simone
Signoret pour Les chemins de la haute
ville, un film anglais de Jack Clayton, le 4 avril 1960. Elle a été suivie
par Juliette Binoche (Oscar du meilleur second rôle féminin pour Le patient anglais d’Anthony Minghella,
en 1997), Marion Cotillard (Oscar de la meilleure actrice pour La môme d’Olivier Dahan, en 2008). Le
champion français toutes catégories est The
Artist de Michel Hazanavicius qui a obtenu cinq statuettes en 2012 dont
celles du meilleur film, du meilleur réalisateur et du meilleur acteur (décerné
à Jean Dujardin).
48. Première cérémonie des Césars
Jean
Gabin est le premier président de cette manifestation annoncée le 5 avril 1975.
Inspirée à Georges Cravenne par les Oscars, elle voit le jour un an plus tard,
le 3 avril 1976. Les premiers lauréats sont Le
vieux fusil de Robert Enrico (meilleur film), Bertrand Tavernier (meilleur
réalisateur pour Le juge et l’assassin),
Philippe Noiret (meilleur acteur pour Le
vieux fusil) et Romy Schneider (meilleure actrice pour L’important c’est d’aimer). Le trophée remis est une compression
réalisée par le sculpteur César, distribuée cette année là à treize
exemplaires.
49. Premier César du premier film
Diva de
Jean-Jacques Beineix, en 1982. Après une carrière étrange, ce petit film mal
lancé (sorti le 11 mars 1981, il ne réalise qu’un peu plus de 17 000 entrées
Paris-périphérie en 19 salles), puis réhabilité par sa sortie aux États-Unis
associée à un impressionnant phénomène de bouche-à-oreille, rencontre peu à peu
son public (2,2 millions de spectateurs en France dont 775 000 sur
Paris-périphérie) et demeure à l’affiche pendant près de quatre ans. Son César
du premier film, associé à trois autres, consacre la reconnaissance d’un nouvel
enfant terrible du cinéma français qui sera tantôt descendu en flamme (Pour La lune dans le caniveau et Roselyne et les lions) tantôt porté au
pinacle (pour 37,2° le matin). À
noter que seul Les nuits fauves de
Cyril Collard a été le premier à obtenir simultanément les Césars du meilleur
premier film et du meilleur film, en 1993… mais à titre posthume.
Alice Guy
© DR
50. Première femme cinéaste
La
pionnière est incontestablement la secrétaire de Léon Gaumont, Alice Guy, qui a
débuté dans ce métier sans rien en connaître, à l’âge de vingt-six ans. De
novembre 1899 à 1906, elle a réalisé, souvent en dehors de ses heures de
travail habituelles, plus de 200 films. Le premier, La fée aux choux, est l’adaptation poétique et naïve d’une image
d’Epinal. Caroline Huppert lui a consacré un téléfilm intitulé Elle voulait faire du cinéma dans lequel
son rôle est tenu par Christine Pascal.
51. Premier film tourné à Hollywood
Au
début était un ranch qui a donné son nom à un village, en 1903, devenu un
quartier de Los Angeles, sept ans plus tard. Entre-temps, en 1907, le producteur
et colonel William N. Selig, rival d’Edison auquel l’oppose une guerre des
brevets, et le metteur en scène Frank Boggs sont venus tourner quelques scènes
d’extérieur du Comte de Monte-Cristo
et ont découvert la fameuse colline sur laquelle seront bientôt apposées les
lettres géantes d’“Hollywoodland” qui deviendra par la suite “Hollywood”.
52. Premier acteur français à avoir fait
carrière aux États-Unis
Dès
1905, Max Linder entreprend une fructueuse carrière sous la houlette des films
Pathé. Cinq ans plus tard, il est considéré comme l’acteur comique le plus
populaire de part et d’autre de l’Atlantique. Devenu réalisateur en 1911, il
est engagé par la firme Essanay qui lui vaut de faire carrière aux États-Unis à
partir de 1916. Après trois films, il doit subir une interruption de près d’un
an de sa carrière. De retour en Amérique, en 1921, il fonde sa propre maison de
production et conclut un accord de distribution avec les Artistes Associés dont
l’un des créateurs n’est autre que l’un de ses plus fidèles admirateurs :
Charlie Chaplin. Il tourne trois nouveaux films aux États-Unis, dont L’étroit mousquetaire, pour lequel il
réutilise les décors de la version des Trois
mousquetaires interprétée par son ami Douglas Fairbanks, puis retourne en
Europe où il se suicidera avec son épouse, en 1925. Parmi les autres
grenouilles à avoir fait leur trou dans la Grande Pomme, on peut citer Maurice
Chevalier, Charles Boyer, Louis Jourdan, Leslie Caron ou Capucine.
53. Premier acteur devenu Président des États-Unis
C’était
impossible, il l’a fait. Melina Mercouri et Jorge Semprun ont respectivement
été ministres de la Culture en Grèce et en Espagne, Clint Eastwood a été
longtemps maire de Carmel, Kim Basinger s’est même offert une ville, mais seul
Ronald Reagan a réussi à se faire élire, et même réélire, Président des États-Unis.
Contrairement à ce qu’on a pu dire, et même si ses films ont été mal ou pas
distribués en France, Reagan a tout de même été un second rôle marquant de la
Warner puis une authentique vedette de série B. Sabotage à Berlin de Raoul Walsh (1942), Le mariage est pour demain d’Alan Dwan (1955) et A bout portant de Don Siegel (1964)
comptent parmi ses films les plus célèbres. Il est même désigné par ses pairs
comme président de la Guilde des Acteurs américains, en 1947. Elu gouverneur de
Californie en 1966, il accède à la présidence en 1980 sous la bannière
républicaine. Son destin étant décidément lié à celui du cinéma, il est victime
d’un attentat dont le responsable clame avoir agi par amour pour… Jodie Foster.
54. Premier film sorti en “exclusivité”
en France
L’Atlantide
de Jacques Feyder, sorti le 30 septembre 1921 au Gaumont-Palace. C’est aussi à
cette époque que l’exploitation se structure en salles de première, de deuxième
ou de troisième exclusivité, le prix des places étant déterminé par la
fraîcheur du film.
55. Première empreinte apposée sur
Hollywood Boulevard
Tout
a commencé en mars 1927 devant le 6295 Hollywood Boulevard. Venu surveiller la
construction du fameux Chinese Theatre, dont il est le commanditaire,
l’entrepreneur de spectacles Sid Grauman marche par inadvertance dans le ciment
frais du dallage extérieur. Il vient en fait involontairement d’inaugurer une
tradition associée depuis à la cérémonie des Oscars qui se perpétue aujourd’hui
et qui a été reprise sur le parvis du Palais des festivals de Cannes et à
l’entrée du Fouquet’s à Paris.
56. Premier film diffusé à la télévision
Aux
États-Unis, la Republic est la première société à vendre des films à la
télévision, dès 1951. En mai 1950, plusieurs syndicats d’exploitants européens
organisent un congrès consacré à la télévision au terme duquel ils prônent un
allongement du délai de rigueur de diffusion des films fixés alors à cinq ans.
Dans les années quarante, malgré le faible nombre de téléviseurs en service, il
est fréquent que certains films soient programmés à la télévision… avant même
leur sortie. Pierre Billard cite ainsi dans L’âge
classique du cinéma français Une si
jolie petite plage et Allemagne année
zéro qui ont été télédiffusés dès janvier 1949 et n’ont été distribués en
salle que quelques jours plus tard.
57. Première émission de télévision
française consacrée au cinéma
C’est
La cinémathèque imaginaire de Marcel
Lherbier diffusé en mars 1952 sur l’antenne unique de la Radio Télévision
Française, pour les quelques dizaines de milliers de téléspectateurs équipés
d’un récepteur de télévision. À noter que cette même année, 240 films dont 160
français étaient programmés sur le petit écran.
58. Première coproduction française
cinéma-télévision
Le testament du docteur Cordelier
de Jean Renoir marque, en 1961, le début d’une pratique qui s’est aujourd’hui
généralisée. Présenté aux téléspectateurs le 16 novembre, il sort le lendemain.
Autre exemple, le 15 mars 1978, Ne pleure
pas de Jacques Ertaud connaît une forte audience télévisée mais un échec
public cuisant. Cette pratique peu convaincante sur le plan commercial, a été
renouvelée par Canal + avec Le rayon vert
d’Eric Rohmer (dont la sortie en salle n’a pas été altérée) puis de Stan the Flasher de Serge Gainsbourg
(résultat décevant). Les téléfilms exploités en salle ont quant à eux connu des
sorts très divers, qu’il s’agisse de La
fracture du myocarde de Jacques Fansten ou des versions longues que sont Les roseaux sauvages d’André Téchiné ou Le péril jeune de Cedric Klapisch. Les
doubles versions conçues en tant que telles ont pour la plupart pâti de cette
identité confuse.
59. Premier ministre de la Culture
Ecrivain,
homme politique et cinéaste, lui-même victime de la censure pour raisons
politiques, André Malraux devient le premier ministre de ce qu’on appelait
alors les Affaires culturelles, le 3 février 1959. Sa phrase la plus célèbre :
«Le cinéma est un art, mais c’est aussi une industrie.»
60. Premier Président de la Commission
d’avance sur recettes
Constituée
en juin 1959, elle comprend notamment Jacques Audiberti, Marguerite Duras,
Julien Gracq, Raymond Queneau, Roger Nimier, Henri Queffelec et Pierre Moinot.
Présidée par Pierre-Henri Lichtenberg, de 1960-1964, elle commence par accorder
des subsides à dix-neuf films signés Alain Resnais, Abel Gance, Henri Colpi,
Claude Chabrol, Jean-Pierre Mocky, Etienne Périer, Jean Rouch, Armand Gatti,
mais aussi Alex Joffé, Jean Delannoy, André Cayatte et Albert Lamorisse.
Bande annonce du Beau Serge de Claude Chabrol (1959)
61. Premier film de la Nouvelle Vague
Après
Et Dieu créa la femme de Roger Vadim,
Ascenseur pour l’échafaud de Louis
Malle et Les tricheurs de Marcel
Carné, trois œuvres annonciatrices d’un renouveau imminent, Le beau Serge de Claude Chabrol,
présenté le 11 février 1959, marque historiquement l’avénement d’une nouvelle
génération sortie tout droit des pages des Cahiers
du Cinéma. Le 15 mai suivant, François Truffaut reçoit le Prix de la mise
en scène à Cannes grâce aux Quatre cents
coups. C’est Françoise Giroud qui invente dans L’Express le terme de Nouvelle Vague qui sera tant galvaudé par la
suite.
62. Premier syndicat de réalisateurs
C’est
en 1968 que naît la Société des Réalisateurs de Films, dans la foulée des Etats
généraux du cinéma français qui se sont tenus le 5 juin à Suresnes.
63. Premier film exploité en vidéo
Les
premiers films exploités en vidéo sortent aux États-Unis en 1977 à
l’instigation de la Fox. L’invention préalable du Pan-Scan par la Warner en
1969 est à l’origine de la mutilation de nombreuses œuvres cinématographiques
exploitées par la suite en vidéo dans des versions tronquées artificiellement.
Les premiers vidéo-disques sont commercialisés aux États-Unis en 1980. Le
premier film français exploité simultanément en salle et en vidéo est Je vais craquer de François Leterrier,
la même année.
64. Premier jour d’exploitation à tarif
réduit
Le
1er septembre 1980, le lundi devient le jour de la semaine où les
entrées sont moins chères. Imitée dans de nombreux pays, ctte initiative
relance la fréquentation cinématographique. Depuis 1993, le jour à tarif réduit
a été déplacé au jeudi.
65. Première Fête du cinéma
Elle
a lieu le 1er juin 1984 dans l’euphorie. Un seul
ticket donne droit à autant de séances qu’on veut dans la même journée. De
multiples manifestations sont organisées dont une grande vente aux enchères à
l’hôtel Drouot qui ne produit pas les résultats escomptés. En instituant cette
célébration annuelle qui correspond au début de l’été et à une baisse de la
fréquentation, Jack Lang décline le concept qu’il avait déjà appliqué à la
musique et qu’il renouvellera pour le livre. L’exploitation est dopée et les
files d’attente s’allongent devant les salles de cinéma
66. Premier film diffusé à la télévision
française avec une coupure publicitaire
L’Africain
de Philippe de Broca (sur la Cinq).
67. Premier théoricien du cinéma
Le
cinéma considéré comme un art à part entière est l’œuvre de deux hommes qui
commencent à le disséquer dès 1908 avec un souci esthétique et analytique : le
Tchèque Vaclav Tille et l’Italien de Paris Ricciotto Canudo (1879-1923) qui
publie le 28 mars 1911 un ouvrage intitulé le Manifeste des sept arts dans lequel il invente l’expression
«septième art». Il crée également un terme qui aura moins d’avenir, celui
d’“écraniste”. En 1920, Canudo fonde le Club des amis du septième art qui
préfigure les ciné-clubs de Louis Delluc.
68. Première revue de cinéma
Pendant
l’été 1899 paraît le premier numéro d’un bimensuel français intitulé Le bulletin phonographique et
cinématographique. Il est suivi quelques années plus tard par Le fascinateur, mensuel publié par La
Bonne Presse et fondé par G. Michel Coissac, en 1903. Les films n’y sont ni
disséqués ni même analysés. En revanche, cette publication fournit
d’innombrables informations sur l’évolution de cet art naissant et ceux qui le
fabriquent.
69. Première critique de film
Le
17 novembre 1908, la sortie de L’assassinat
du Duc de Guise, un film d’art de dix-huit minutes réalisé par Charles Le
Bargy et André Calmettes fait l’objet d’un compte-rendu en règle qui paraît
dans Le Figaro sous la plume d’André
Brisson. Aux États-Unis, il faut attendre le 4 octobre 1909 pour que paraisse
dans The New York Times une critique
consacrée au film de David W. Griffith Pippa
Passes. Le premier critique permanent a néanmoins été Frank Woods qui a
publié son premier article dans le New
York Dramatic Mirror, le 1er mai
1909.
70. Premier numéro des Cahiers du Cinéma
Parution
en avril 1951, sous la direction de Jacques Doniol-Valcroze, Lo Duca et André
Bazin (oublié dans l’ourse). Au sommaire de ce numéro dédié à la mémoire de
Jean-Georges Auriol, le directeur de la défunte Revue du Cinéma : un éditorial virulent contre le système en place
et une analyse en règle de Boulevard du
crépuscule de Billy Wilder.
71. Premier numéro du Film Français
En
couverture du numéro un paru le 8 décembre 1944 : l’affiche d’Échec au roi de Jean-Paul Paulin. C’est
en 1966 que Le Film Français fusionne
avec son principal concurrent, La
Cinématographie française.
72. Premières projections-tests ou sneak
previews
Organisées
par Harold Lloyd en 1923. Désireux de mesurer l’impact de certains effets
comiques, il soumet un panel de spectateurs à un questionnaire détaillé. Il
écoute également les réactions du public et revoit ensuite son montage afin de
caler le tempo du film sur l’attente supposée des spectateurs. Cette méthode a
ensuite été généralisée par les studios qui n’ont parfois pas hésité à modifier
des éléments aussi importants que le titre, la musique, le montage ou la date de
sortie afin de s’assurer de l’impact maximum.
73. Premier ciné-club
Fondé
le 12 juin 1920 par le journaliste et cinéaste Louis Delluc, qui a créé en
janvier de la même année Le Journal du
ciné-club, le premier film suivi d’un débat est présenté à Paris, au cinéma
La Pépinière, le 12 juin 1921, en présence des réalisateurs Emile Cohl et
Antoine. C’est à partir du titre de la revue qu’il fonde la même année, Cinéa, que Louis Delluc imagine le
néologisme “cinéaste”. La Fédération Internationale des Ciné-Clubs est fondée
quant à elle en 1947.
74. Première cinémathèque
Dès
janvier 1914, le sous-secrétaire d’Etat français aux Beaux-Arts, Paul Jacquier
suggère la création d’un service d’“archives de la projection animée”. Ce n’est
pourtant que le 2 septembre 1936, après plus de trois ans de tractations,
qu’Henri Langlois fonde officiellement la Cinémathèque française qui deviendra
le modèle du genre et le demeure aujourd’hui encore. Entre-temps, la première
grande cinémathèque a vu le jour en Suède, suivie du British Film Institute (en
1933). C’est toutefois le Musée d’Art Moderne de New York qui organise les
premières projections rétrospectives ouvertes au public, dès 1935.
75. Première école de cinéma
L’Institut
Des Hautes Études Cinématographiques a été fondé en 1943 par le cinéaste Marcel
Lherbier. Parmi ceux qui en sont sortis : Louis Malle, Alain Resnais, Pierre
Tchernia, Claude Sautet, Jean-Christophe AvertyAlain Corneau, Patrice Leconte,
Christian Vincent, Eric Rochant, Arnaud Desplechin. En 1986, l’IDHEC cède la
place à la Fondation Européenne des Métiers de l’Image et du Son (FEMIS).
76. Première salle
Le
25 janvier 1896 ouvre à Lyon un Cinématographe Lumière qui doit servir de
vitrine à cette nouvelle technique et à ses applications. Le 16 avril 1902, l’Electric
Theatre de Los Angeles devient la première salle américaine exclusivement
consacrée au cinéma. Le 6 février 1906, le premier Nickelodeon ouvre à New York
et inaugure une nouvelle ère. En France, à l’initiative d’Edmond Benoît-Lévy,
c’est l’ouverture de l’Omnia-Pathé, le 1er décembre 1906, sur les grands boulevards, qui donne le coup
d’envoi de l’exploitation cinématographique jusqu’ici assurée par les forains.
La France a compté jusqu’à 5 834 salles de cinéma, en 1959.
77. Première fédération d’exploitants
A
l’occasion du Congrès de Paris qui s’ouvre le 2 février 1908 sous la présidence
de Georges Méliès, un comité international des éditeurs de films est fondé qui
institue un système de location de films et met un terme à l’exploitation
foraine qui cessera définitivement en France en février 1910. Le 8 mai 1909,
les membres du Syndicat français des loueurs de films établissent un tarif
minimum de location.
78. Première salle classée art et essai
Le
20 mai 1955 est créée l’Association Française des Cinémas d’Art et Essai
(AFCAE). C’est en 1959 qu’est institué officiellement le classement de ces
salles, alors même que le Centre National du Cinéma est rattaché au ministère
des Affaires culturelles. Le 9 juillet 1970, les salles classées art et essai héritent
d’un abattement de vingt pour cent sur la TVA. Au nombre de 53 en 1962, de 616
en 1974, de 669 en 1995, de 1046 en 2005, il y en avait 1148 en 2014.
79. Premier drive-in
Implantées
principalement aux États-Unis au début des années cinquante pour lutter contre
la concurrence du petit écran, ces salles de cinéma à ciel ouvert immortalisées
dans des films comme American graffiti
ou Outsiders constituent aujourd’hui
encore un quart du parc des salles américaines. Il y en avait 2 200 en 1950, 4
500 en 1952 (sur 17 000 salles), 4 700 en 1960 (sur 12 300 salles) et 4 600 à
la fin des années soixante, époque à laquelle la plupart d’entre elles se sont
consacrées à la projection de films pornographiques. Dans La cible, Peter Bogdanovich raconte l’histoire singulière d’un
tueur fou qui tire à l’aveuglette sur les spectateurs d’un drive-in. Le premier
drive-in français a ouvert en 1970 à Rungis.
80. Première projection de film dans un
avion
Le
premier film l’a été en avril 1925 sur une ligne d’Imperial Airways : il
s’agissait du Monde perdu d’Harry O.
Hoyt. Quant à la première projection officielle destinée à des voyageurs
utilisant un vol commercial, elle s’est déroulée le 19 juillet 1961, pour les
passagers de première classe de la ligne New York-Los Angeles desservie par la
compagnie aérienne américaine Trans World Airlines. Film projeté : Par l’amour possédé de John Sturges.
81. Premier multisalle
Avec
la concurrence grandissante de la télévision, les salles se scindent pour
offrir davantage de choix à leur public. C’est à Marseille en 1936, qu’a vu le
jour le premier complexe. Dix ans plus tard, le Royal Haussmann offre trois
écrans. Ce n’est toutefois qu’en 1967, avec l’ouverture des Troix Luxembourg
que cette tendance se généralise et, dès l’année suivante, les grands circuits
suivent l’exemple des indépendants.
82. Premier multiplexe
Ce
nouveau concept développé en Grande-Bretagne en 1985 avec le cinéma… Multiplex,
comprenant dix salles, puis en Belgique avec le fameux complexe de vingt-quatre
salles Kinepolis inauguré près de Bruxelles en 1988, a donné lieu en France à
la naissance d’ensembles tels que le Pathé Belle-Epine, en 1993. Il se
caractérise par une délocalisation à l’écart des grandes métropoles et un grand
nombre de salles couplé avec un centre commercial.
83. Premier film au box-office mondial de
tous les temps
Le
champion universel de tous les temps n’a conquis sa place qu’en 1994, lorsqu’il
a coiffé sur le poteau E.T. de Steven
Spielberg. En janvier 1995, on estimait, en effet, que Jurassic Park du même incontournable Spielberg avait engrangé des
recettes-salles de 909 M$ aux États-Unis et de 556 M$ dans le reste du monde,
soit un total de 1 465 M$. À noter que la chute des pays de l’Est et
l’ouverture de la Chine au cinéma occidental ont grandement contribué à élargir
le public potentiel. En septembre 2015, et en tenant compte de l’inflation, c'est Autant en emporte le vent de Victor Fleming (1939) qui détiendrait le record de recettes aux USA avec 1,740 Md$, le champion du monde étant Avatar de James Cameron (2009) avec 2,788 Md$.
84. Première année au palmarès de la
production
États-Unis
: 1921, avec 854 longs métrages sortis sur les écrans. Japon : 1960, avec
555 titres produits.
85. Premier film au box-office français
de tous les temps
La grande vadrouille
de Gérard Oury attire en 1966 la bagatelle de 17,226 millions de spectateurs.
Recordman d’entrées et de longévité sur Paris-périphérie, Emmanuelle de Just Jaeckin demeure pour sa part à l’affiche pendant
553 semaines ininterrompues, soit du 26 juin 1974 au 6 février 1985, en
attirant 3 269 000 spectateurs.
86. Première semaine au box-office
Paris-périphérie
Très
convoité par les distributeurs, ce record a fait l’objet de toutes les
attentions au début des années 80, époque à laquelle l’instantanéité constituait
la meilleure garantie du succès. C’est ainsi que le champion de cette catégorie
est Rambo 2 la mission, sorti le 16
octobre 1985, qui a attiré plus de 510 000 spectateurs dans 64 salles au cours
de sa première semaine d’exploitation Paris-périphérie (dont 85 000 le premier
jour !). À titre de comparaison, le champion français, Le marginal de Jacques Deray, sorti le 26 octobre 1983, n’a réuni
que 468 000 personnes en 55 salles, L’as
des as de Gérard Oury ayant quant à lui été plébiscité par plus de 72 000
personnes en 49 salles, le 27 octobre 1982, jour de sa sortie.
87. Première année au box-office de
l’exploitation française
1947
: près de 424 millions de spectateurs se pressent dans les salles pour
applaudir L’aventure de madame Muir,
Monsieur Verdoux, Le diable au corps, Les passagers de la nuit, Le procès
Paradine, Les assassins sont parmi nous, Antoine et Antoinette, Boomerang, Le
charlatan, Farrebique, Quelque part en Europe, Vivre en paix, Les maudits, Dieu
est mort, Duel au soleil, Quai des Orfèvres, Monsieur Vincent, Voyage surprise,
Le narcisse noir, Le silence est d’or, La vie secrète de Walter Mitty et Panique.
88. Premier bide de l’histoire du cinéma
Le
plus mauvais rapport coût-recettes de l’histoire du cinéma a été établi par Inchon de Terence Young, un film produit
par le grand maître de l’église de scientologie, Ron Hubbard. Parmi ses
challengers immédiats, on peut citer La
porte du paradis de Michael Cimino dont les dépassements faramineux et
l’échec commercial (1,5 M$ de recettes aux États-Unis pour 57 M$ de budget) ont
entraîné la faillite des Artistes Associés et son rachat par la MGM, en 1981,
soixante-deux ans après sa création.
89. Premier baiser
John
Rice et May Irwin dans La veuve Jones,
en 1896. Le plus long (trois minutes et cinq secondes) a uni Regis Toomey et
Jane Wyman dans You’re In the Army Now
de Lewis Seiler, en 1941, suivi de près (deux minutes trente) par celui échangé
par Cary Grant et Ingrid Bergman dans Les
enchaînés d’Alfred Hitchcock, en 1947.
90. Premier film à épisodes
Le
15 septembre 1908, Nick Carter, le roi des
détectives de Victorin Jasset lance la mode du serial qui connaîtra bien
des avatars, des séries Z présentées en complément de programme dans les salles
de quartier aux sagas modernes que constituent Star Trek, Rocky ou Emmanuelle.
Entre-temps, dès mars 1914, Edison a lancé la production de films en série
dont chaque épisode exploite le succès du précédent.
91. Premier remake
Il
s’agit de Cendrillon dont plus de
soixante-dix versions ont été tournées à ce jour : la première en Angleterre, Cinderella and the Fairy Godmother, en
1898, et la deuxième l’année suivante par Georges Méliès sous le titre Cendrillon.
92. Première comédie musicale
Lié
à l’avénement du parlant, ce genre royal du cinéma hollywoodien est né avec Le chanteur de jazz d’Alan Crosland, en
1927. Il demeure pourtant associé à des ballets grandioses tels que ceux qu’on
voit dans Broadway melody d’Harry
Beaumont, produit par la MGM en 1929.
93. Premier long métrage d’animation en
couleurs
Blanche-Neige et les sept nains
de Walt Disney, sorti aux États-Unis le 21 décembre 1937. C’est l’aboutissement
de tous les courts métrages produits par Disney et récompensés d’un Oscar au
cours des années 30.
94. Premier western
En
1903, Le vol du rapide d’Edwin S.
Porter contient un gros plan de George Barnes qui vise et tire de face sur les
spectateurs. Le film est livré avec une notice explicative destinée aux
exploitants qui précise que ledit plan peut être présenté au début ou à la fin
du film. Le réalisateur s’acharne à y alterner. En 1912, Jean Durand réalise Le railway de la mort qui est le premier
d’une longue série de westerns français… tournés en Camargue. En août 1913,
Lawrence B. McGill signe le premier western de long métrage : Arizona. Quant au premier cow-boy du
cinéma américain, c’est indéniablement G. M. Anderson, producteur et interprète
de la série Bronco Billy, à la même
époque.
95. Premier documentaire
C’est
Nanouk l’esquimau de Robert Flaherty,
sorti en juin 1922, et toujours considéré comme le meilleur du genre par un
jury réuni à la Cinémathèque royale de Belgique en 1965. Bien que le
documentaire ait constitué dès l’origine le style fondateur du cinéma, ainsi
qu’en témoignent les premiers films des frères Lumière puis de leurs opérateurs
envoyés à travers le monde, il convient de distinguer ici le travail purement
anthropologique de Flaherty qui raconte une histoire structurée à partir
d’images authentiques. La façon de filmer, le rythme du montage et, plus tard,
le travail sur la bande son sont des éléments déterminants du cinéma
documentaire.
96. Premier film dans l’ordre
alphabétique
Pas
de doute, c’est A de Jan Lenica,
titre lapidaire auquel fait pendant le célèbre Z de Costa-Gavras. A moins qu’un fantaisiste ne décide de consacrer
à l’Association Amicale des Amateurs d’Andouillette Authentique (AAAAA), cette
performance valable dans toutes les langues n’est pas près d’être contestée. A armes égales de John Frankenheimer et Abattoir 5 de George Roy Hill suivent.
97. Premier film en durée de projection
Le
recordman de la longueur est indéniablement le film d’avant-garde britannique
intitulé The Longest Most Meaningless
Movie in the World produit par Anthony Scott et réalisé par Vincent
Patouillard (sic !). Ce film d’une durée de quarante-huit heures a été présenté
une seule fois, à la Cinémathèque française en octobre 1970. On peut également
citer les cent seize heures que représentent les quelque 1750 Cinématons
tournés en super-huit par le Français Gérard Courant. Commercialement, ce sont
deux films allemands qui tiennent la corde : Heimat d’Edgar Reitz (quinze heures quarante, projeté en deux fois)
et Berlin Alexanderplatz de Rainer
Werner Fassbinder (quinze heures vingt-et-une), Heimat 2 n’ayant pas vraiment connu de diffusion en salles. A noter
que le film chinois L’incendie du temple
du Lotus rouge, tourné de 1928 à 1931, durait vingt-sept heures. Toutefois
il a été exploité en dix-huit épisodes, mais jamais dans son intégralité.
98. Premier film français plébiscité
Les enfants du paradis
de Marcel Carné. Il a successivement été désigné Meilleur film français de tous
les temps, aux Césars 1978 Meilleur film français au cours de La plus belle
nuit du cinéma organisée par Canal +, en 1990 et Meilleur film des 50 ans du
“Film français”, en 1994,.
99. Premier film culte
Le
principe est élémentaire : est considéré comme culte, tout film qui rencontre
son public à une époque donnée et devient un phénomène de société en
rencontrant l’air du temps. Le premier du genre est difficile à situer. Drôle de drame («Bizarre, bizarre, vous
avez dit bizarre…»), Buffet froid, Le Père Noël est une ordure («C’est
cela, oui…»), mais aussi Les tontons
flingueurs (consacré en tant que tel plus de 25 ans après sa sortie par une
mystérieuse alchimie du temps) Emmanuelle,
Diva, Bagdad Café, Le grand bleu ou Le
cercle des poètes disparus appartiennent à cette catégorie aux contours
flous. Rocky Horror Picture Show,
dont les spectateurs répètent indéfiniment le rituel sacré partout dans le
monde depuis près de vingt ans, représente l’archétype du genre, au même titre
que Le graphique de Boscop, devenu un
film culte… à Lyon. Outsiders (le genre fantastique en est riche) : La nuit des morts vivants, Massacre à la
tronçonneuse et la série Star Trek.
Ah, au fait, rien n’empêche un mauvais film de devenir culte et de le rester.
100. Premier Siècle du cinéma
Dirigée
par Serge Toubiana, Michel Piccoli et Serge Crombecque, cette association créée
pour coordonner les célébrations du centenaire a constitué le nœud gordien de toutes
les manifestations organisées en France au cours de l’année 1995.
Jean-Philippe Guerand
paru dans Le Film Français
du 17 mars 1995
et remis à jour
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