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Kristian Levring : Tête chercheuse

Kristian Levring © DR

Né en 1957, le réalisateur danois Kristian Levring s’est fait connaître sur le plan international avec The King is Alive (2000), libre variation autour du Roi Lear de Shakespeare, au générique duquel il n’était d’ailleurs pas crédité, afin de répondre à l’un des préceptes constitutifs du fameux manifeste du fameux Dogme95 proclamé par Lars von Trier et Thomas Vinterberg, dont il constituait le quatrième opus labellisé. The Salvation (2014) est un western dont le metteur en scène a écrit le scénario avec une autre figure emblématique du cinéma scandinave : Anders Thomas Jensen, Oscar 1999 du court métrage pour Valgaften, également connu pour Les bouchers verts (2003). Outre quelques téléfilms, Levring a par ailleurs réalisé pour le cinéma Et skud fra hjertet (1986), The Intended (2002) et Den du Frygter (2008).


Dans quelles conditions techniques et économiques The Salvation a-t-il été tourné ?
Kristian Levring J’ai écrit le scénario à quatre mains avec mon vieil ami et collaborateur de longue date Anders Thomas Jensen. Le tournage proprement dit s’est déroulé en Afrique du Sud pendant neuf semaines. Le montage et la postproduction ont été réalisés à Londres sur une période de dix mois. Le budget est d’environ 11,5 millions d’euros.

Quelle difficulté avez-vous rencontrée au cours de cette aventure ?
Tourner dans la nature est toujours compliqué, mais peut également s’avérer très gratifiant. Quand j’y repense, je me dis que nous aurions pu construire moins de décors et en créer davantage que ceux dont nous disposions déjà au moment de la postproduction.

Quelle conception vous faites vous de votre métier de cinéaste ?
Je me considère exclusivement comme un réalisateur. Dans ce domaine, je me sens profondément investi dans le moindre aspect qu’implique l’intégralité de ce processus.

Bande annonce de The Salvation (2014)

Quel est le stade de la réalisation qui vous plaît le plus ?
Je voue une prédilection particulière au tournage. Le moment où l’on voit ses personnages prendre vie pour la première fois me semble être le plus gratifiant de ce métier, de mon point de vue.

Vous sentez-vous des affinités particulières avec d’autres cinéastes ?
Bien que je ne vive pas au Danemark, je me sens profondément impliqué dans la tradition du cinéma danois. Je considère par ailleurs certains réalisateurs de ma génération à la fois comme des amis et des alliés. La solidarité qui lie les réalisateurs entre eux constitue d’ailleurs l’un des atouts majeurs de la communauté cinématographique danoise.

Pensez-vous que la vulgarisation des nouvelles technologies ait influé sur votre conception du cinéma ?
Je considère la mise en scène cinématographique comme une forme artistique qui repose plus que jamais sur l’essor des nouvelles technologies. En conséquence, il est du devoir de n’importe quel réalisateur de se tenir au courant des nouvelles avancées dans ce domaine. Nous vivons à une époque où la révolution sur le plan visuel est en train de faire évoluer la façon même dont les spectateurs partagent l’expérience cinématographique.
Propos recueillis par
Jean-Philippe Guerand

en mai 2014


Bande annonce de The King is Alive (2000)

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