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Jean-Pierre Jeunet : Le maître des illusions


Jean-Pierre Jeunet en 2006 © Jean-Philippe Guerand  

Né en 1953, Jean-Pierre Jeunet est un pur autodidacte qui a débuté en tandem avec Marc Caro. Ils ont signé ensemble les courts métrages L’évasion (1978) et Le bunker de la dernière rafale (1981), puis les longs Delicatessen (1991), qui lui a valu deux César, et La cité des enfants perdus (1995). Jeunet a par ailleurs réalisé tout seul les courts Le manège (1980), César du meilleur court métrage d’animation, Pas de repos pour Billy Brakko (1984) et Foutaises (1989), triplement primé au festival de Clermont-Ferrand et César du meilleur court métrage de fiction, ainsi que les longs Alien, la résurrection (1997), Un long dimanche de fiançailles (2004), Micmacs à tire-larigot (2009), L’extravagant voyage du jeune et prodigieux T.S. Spivet (2013) et le téléfilm américain Casanova (2015). Le scénario du Fabuleux destin d’Amélie Poulain (2001) lui a valu un Bafta et une nomination à l'Oscar, partagés avec Guillaume Laurant, le film lui ayant par ailleurs rapporté deux César, un Goya et l’European Film Award du meilleur réalisateur à titre personnel.


Comment est né Le fabuleux destin d’Amélie Poulain ?
Jean-Pierre Jeunet Ce film est né de plein de notes que j’avais prises depuis l’enfance et l’adolescence. Tout ce qui est dans le film m’est arrivé. À part quelques idées qui viennent de mon co-scénariste, Guillaume Laurant. La poche pleine de billes qui craque à la récré, je l’ai vue ; le poisson rouge suicidaire, j’en ai eu un qu’on a remis dans un parc. Déjà avant Alien, la résurrection, j’avais essayé de regrouper toutes ces notes pour en faire un scénario, mais c’était très dur parce que j’avais un peu l’impression à un moment que c’était cinq ou six sujets de films différents et pas un seul. Quand je suis revenu des Etats-Unis, je m’y suis remis et, comme ça avait macéré pendant deux ans, un jour c’est tombé comme un fruit mûr. Dès lors il était évident que le sujet central, c’était cette fille.

Cette fille, Amélie Poulain, est-elle inspirée de quelqu’un que vous avez connu ?
Pas du tout. Amélie n’est que le dénominateur commun de toutes ces idées. À partir de là, j’ai éprouvé une facilité et un bonheur incroyables à écrire, à tourner et à monter. Reste à savoir si c’était bon ou mauvais signe [rires].

Chaque image semble avoir été composée avec un soin extrême, mais vous ne attardez jamais. Comment avez-vous réussi cette prouesse ?
Quand on tient un truc et qu’on s’attarde dessus, c’est généralement mauvais signe. Je trouve bien de faire un pied-de-nez et de passer à autre chose, de passer de la gravité à l’humour par des pirouettes.

Qu’est-ce qui est écrit et qu’est-ce qui arrive au tournage ?
Moi, je suis du genre laborieux, à tout penser, à tout réécrire cinquante fois et à tout prévoir à l’avance. Ensuite je fais un brouillon puis un story-board, je répète les scènes sur le plateau le dimanche avec mon caméscope. Ce qui n’empêche pas que, de temps en temps, un acteur propose quelque chose. Par exemple, sur le papier, le couple joué par Dominique Pinon et Isabelle Nanty était ce qu’il y avait de plus faible. À l’arrivée, cette histoire d’amour provoquée par elle marche plutôt bien grâce aux acteurs qui ont été formidables. Grosso modo, le film est très fidèle au story-board. Tout était déjà écrit.

Sachant aussi précisément à l’avance à quoi ressemblera votre film, sur quoi vous concentrez-vous plus particulièrement au moment du tournage ?
Il y a tellement de choses à regarder, qu’il s’agisse des acteurs, du cadre et de l’ensemble de la cinématographie. C’est tellement complexe que j’ai les sourcils froncés pendant toute la journée et que, le vendredi soir, je tombe raide, tellement c’est épuisant. Il faut penser et repenser continuellement. C’est une couche de vernis et une couche de ponçage sans arrêt. Deux ans après, on est encore en train d’étalonner et l’on remet encore des choses en question. Au mixage, c’est pareil : on refait chaque détail, chaque son. Je suis un perfectionniste et ce que j’aime par-dessus tout, c’est faire. J’ai découvert avec ce film à quel point j’aime faire. Ce qui se passe après m’intéresse moins. J’ai très envie qu’il marche, bien sûr, mais ce qui me plaît, c’est la fabrication à tous ses stades. J’aurais tendance à dire que c’est l’écriture qui me fait le plus souffrir mais pour ce film-là.

Peut-on dire que Le fabuleux destin d’Amélie Poulain soit l’aboutissement d’un rêve de gosse ?
Ce qui est certain, c’est que ce film a beaucoup trait à l’enfance. Quand on a filmé la scène où les deux amoureux se retrouvent, au tout début du tournage, c’était délicat parce qu’ils ne se connaissaient pas et ne s’étaient vus que la veille. Alors je me souviens que la seule chose que j’ai faite a été de découper un poème de Prévert que j’ai mis dans une enveloppe et que j’ai donné à Audrey [Tautou] en lui demandant de le lire.

Bande annonce du Fabuleux destin d’Amélie Poulain (2001)

Il y a à la fois un côté inventaire de Prévert, chasse au trésor et jeu de marelle dans le film. Comment avez-vous ordonné toutes ces idées ?
C’est venu assez naturellement. Par exemple, l’histoire de cette collection incroyable de Photomaton existe. C’est Michel Folco, un ami écrivain, qui a ramassé toutes les photos déchirées et abîmées et les a réunis dans un cahier. L’histoire du nain de jardin est née d’une rumeur qui court et qu’on a tous entendue. Tout ce qui a trait aux jeux de piste et aux collections me fascine. Je collectionne les collections. Quant aux « j’aime, j’aime pas », ces petits plaisirs de la vie dont je me sers pour définir les personnages, j’avais fait un court métrage en 1981 qui s’intitulait Foutaises et fonctionnait sur ce principe. C’est mon ami Jean-Jacques Zilbermann [le réalisateur de “L’homme est une femme comme les autres”] qui m’a soufflé l’idée de reprendre ce principe. Quant aux jeux de piste, comme Amélie est une fille qui déborde d’imagination, elle emploie ce système-là pour séduire. Or quand j’ai demandé à Mathieu [Kassovitz], ce qu’il penserait d’une fille qui ferait ça, il m’a répondu qu’il en tomberait instantanément amoureux.

Il faut aussi préciser qu’Amélie est très timide et que ces subterfuges lui servent de défense…
Quelque part, c’est aussi une métaphore de ma façon d’aborder le cinéma. Je n’ai jamais été très direct et j’ai beaucoup de pudeur mais je suis souvent gêné personnellement par les films qui revendiquent leur impudeur. C’est pourquoi je préfère La leçon de piano de Jane Campion à Dancer in the Dark de Lars von Trier.

Comment est né le personnage de Dufayel, cet homme de verre qui vit cloîtré chez lui et peint indéfiniment le même tableau ?
C’est une idée de Guillaume Laurant. Ça nous amusait bien de parler de l’histoire à travers les personnages d’un tableau. Aussi dure soit-elle, cette maladie, dont souffre d’ailleurs aussi le héros d’Incassable, a quelque chose de poétique et de symbolique. De même que le fait qu’Amélie écrive à l’envers le menu du bistrot dans lequel elle est serveuse, par exemple. Ça crée la surprise, c’est ludique et j’adore ça.

Pourquoi le film comprend-t-il autant de commentaires en voix off ?
J’adore les voix off. Ça a un côté « tout cela n’est pas vrai, mais on va vous raconter une histoire ». Pour Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, l’idée de départ était de faire appel à un monsieur nommé Jacques Thiébault qui prêtait sa voix à la version française des Incorruptibles. Mais aujourd’hui, il a soixante-douze ou soixante-treize ans et ça s’entend un peu. Donc on a beaucoup cherché par qui le remplacer et c’est André Dussollier qui s’est imposé par le ton de sa voix.

Pour quelle raison le film s’ouvre-t-il sur une succession de faits anodins ?
C’est la théorie du chaos. Michel Houellebecq, que je ne connaissais pas et dont j’ai découvert Les particules élémentaires après avoir écrit le scénario, joue aussi avec ça. Il se passe en effet des choses scientifiques dans le monde, mais sont-elles vraiment gratuites ?


À un autre moment du film, Amélie se demande aussi combien de femmes connaissent l’orgasme au même moment à Paris. D’où vous vient cette poésie ludique ?
Ça, c’est le genre de question absurde que j’adore me poser. Les gens qui boivent un verre d’eau au même moment, ça représenterait quoi ? Une cuvette ? Une citerne ? Un wagon ? Je me suis très rapidement réfugié dans l’imaginaire et je me suis toujours posé de genre de questions absurdes. L’imaginaire surdéveloppé d’Amélie, c’est le mien. L’idée du souffleur de rues qui souffle leurs répliques aux gens qui sont timides, c’est pareil. C’est de l’ordre du fantasme, mais ça touche chacun parce qu’à un moment de notre vie, on a tous eu un peu ce genre d’idées. Or il y en a qui resteront toujours de grands enfants et tant mieux pour eux.


Comment avez-vous réussi à canaliser toutes ces idées ?
Une fois qu’on a su qu’on raconterait l’histoire d’une fille qui changeait la vie des autres, tout s’est mis en place comme un puzzle qu’on aurait laissé tomber et qu’on filmerait à l’envers pour que toutes les pièces se remettent en place naturellement.

De quelle façon avez-vous résolu les problèmes purement techniques posés par votre scénario ?
Après mon expérience à Hollywood, qui s’est avérée forcément violente et difficile, je suis blindé et je peux tout faire. Mais sur Le fabuleux destin d’Amélie Poulain, je n’ai eu à me battre contre personne et je n’ai jamais eu autant de liberté. La technique, je la connais bien. Je viens de l’animation donc j’adore jouer avec chaque élément du film et s’il y a des choses nouvelles qu’on puisse expérimenter, je suis toujours partant.

Vous est-il arrivé d’avoir des idées qui s’avéraient irréalisables sur le plan technique ?
Je sais ce qu’on peut faire et ne pas faire, donc c’est moi qui m’interdit souvent des choses au départ. Je me souviens toutefois de l’impression que j’ai éprouvée quand j’ai écrit dans le scénario de La cité des enfants perdus : « Le bateau défonce le ponton. »

Bande annonce américain de La cité des enfants perdus (1995)

Avez-vous sacrifié beaucoup de choses entre le scénario et le montage final ?
Rien ! J’ai vraiment le sens de l’économie et je ne tourne que ce qui est utile. Alors quand j’entends parler de metteurs en scène qui tournent trois heures et en rejettent une au montage, je pense que ce sont des feignants qui ne travaillent pas assez avant, car sinon ils économiseraient à la fois de l’énergie, du temps et de l’argent.

Comment s’est déroulé le casting ?
Moi, j’ai toujours une idée assez précise des acteurs et je suis présent au casting, ce qui est paraît-il le cas de peu de metteurs en scène. Je vois passer tout le monde jusqu’aux petits rôles et même aux gens qui ne disent rien. C’est l’école de la pub. Certains étaient déjà là, comme Rufus dans le rôle du père, d’autres ont été plus difficiles à trouver.

Qu’est-ce qui vous a incité à confier le rôle d’Amélie à Audrey Tautou ?
Au départ, j’avais pensé à l’actrice anglaise Emily Watson. C’est d’ailleurs pour ça que le personnage s’appelle Amélie. On a fait des essais en français puis en anglais, et puis, finalement, elle m’a laissé tomber pour des raisons personnelles. Je n’ai vu que deux comédiennes dont Audrey Tautou et j’ai remercié Emily Watson de m’avoir fait faux bond [rires], parce que j’ai découvert une petite actrice de vingt-trois ans qui a le sens du rôle de composition, ce qui paraît évident pour les Américains mais pas pour les Français. La plupart des jeunes savent être ce qu’elles sont dans la vie, mais dès qu’il s’agit d’aller vers l’imagination, il y en a très peu. Dès les essais, Audrey était merveilleuse. Elle est extrêmement précise, elle a un sens de la cinématographie comme je n’en ai jamais vu et si les machinistes ont un problème de travelling, elle est capable d’arranger le coup. Et puis, elle a un sens du timing extraordinaire par rapport à la scène, à la caméra et au mouvement. Si elle était footballeuse, elle marquerait tous les buts de la tête sans problème !

Pourquoi avez-vous choisi Mathieu Kassovitz ?
Je l’adore. Il a un charisme incroyable. Je me souviens des vibrations qu’il y avait à Cannes lors de la projection d’Un héros très discret, dès qu’il disait un mot. J’avais vraiment envie de travailler avec lui et il se trouve que nous avons une estime réciproque en tant que réalisateurs. Comme acteur, c’est un grigou. Pendant les répétitions, il fait semblant d’être mauvais et se garde pour la prise. Mais dès qu’on tourne, il est parfait, et aux rushes il est deux fois meilleur. Je n’ai jamais vu un acteur qui soit adoré à ce point par la caméra.

Comment s’est opérée la scission du tandem Caro-Jeunet ?
Après avoir travaillé en commun, on avait tous les deux envie d’aller vers des choses plus personnelles et d’avoir plus de liberté. Quand on travaille avec quelqu’un, si l’on n’est pas frères comme les Coen, ça veut dire qu’on utilise un univers qui est commun mais que chacun met de côté des choses dont il sait qu’elles ne plairont pas à l’autre. Par exemple, je peux vous dire que l’histoire d’amour entre Audrey et Mathieu, Caro n’en aurait jamais voulu. Quand on travaillait à deux, Caro assumait la direction artistique et la supervision du look. En me contactant pour Alien, la résurrection, les Américains s’intéressaient davantage au scénariste et au metteur en scène. Je leur ai parlé de Caro qui est même venu faire quelques gribouillis, mais lui n’aurait jamais pu faire les compromis qu’exigent les studios. Il est trop intègre. Moi, je suis allé à l’école de la pub, donc j’en ai été capable.

Bande annonce d’Alien, la résurrection (1997)

Qu’avez-vous appris de votre association avec Marc Caro ?
J’ai appris de lui l’exigence artistique sur le moindre détail, mais je lâche plus de lest et parfois je sais que c’est aussi profitable au film. On s’est apporté beaucoup tous les deux.

Le fabuleux destin d’Amélie Poulain ressemble parfois à une mosaïque. Or on a parfois l’impression que certaines scènes pourraient être interverties…
Ce n’est qu’une impression ! Au montage, on n’a pas eu trop de surprises. Il n’y a eu qu’un ou deux déplacements qui sont apparus au cours de deux projections test où j’ai proposé aux gens de répondre à un questionnaire, comme ça se pratique systématiquement aux Etats-Unis. J’ai écouté le public sans pour autant me mettre dans la situation d’obéir à ses désirs.

Quelles sont les influences cinématographiques que vous revendiquez ?
Je n’ai pas de cinéaste de référence mais plutôt des films de chevet, qu’il s’agisse de La nuit du chasseur ou de Citizen Kane. Les grands films de mon enfance, c’est Il était une fois dans l’Ouest et Orange mécanique. Si je ne devais garder qu’un cinéaste, peut-être le plus grand de tous qui est en train de se faire oublier en ce moment, ce serait Fellini.

L’enfance est un thème qui semble vous tenir particulièrement à cœur. Y a-t-il un conte de fées que vous aimeriez porter à l’écran ?
La cité des enfants perdus était quand même un peu destiné au jeune public mais ça a été un peu oublié. On l’avait conçu comme un conte de Perrault.

Après la parenthèse hollywoodienne d’Alien résurrection, Amélie ressemble à une grande bolée d’air parisien. Pourquoi ?
C’est un besoin qui m’est venu assez naturellement après avoir passé vingt mois à Los Angeles. C’est une grande ville formidable par son beau temps et ses palmiers, mais extrêmement déprimante par son manque d’âme et le fait qu’on ne croise jamais personne. Un jour, j’ai vu Chacun cherche son chat là-bas. J’avais la larme à l’œil et quand je suis revenu, j’ai redécouvert Paris avec la fraîcheur de l’adolescent qui débarque de sa province. J’ai donc fait ce film avec beaucoup d’amour pour cette ville et on s’est vraiment employé à rendre un Paris idéal, presque de carte postale, en enlevant tous les tags, en changeant les affiches, en dominant toutes les couleurs voire en modifiant les ciels quand ils étaient moches. C’est le Paris qu’aime aussi Jacques Tardi : ce mélange des ponts du métro aérien et du Montmartre un peu cliché. Quand je suis rentré des Etats-Unis, j’ai immédiatement déménagé pour m’installer à deux cents mètres du Café des Deux Moulins où se déroule le film. J’ai d’ailleurs eu beaucoup de mal à les convaincre d’y tourner car ils avaient eu une expérience malheureuse.

Quelle est l’étape de confection d’un film que vous préférez ?
Je voudrais que ça ne se termine jamais. J’ai appris beaucoup en revoyant mes vieux films et j’ai amélioré les nouveaux en conséquence. J’ai même pris des notes et je m’étais même assigné les dix commandements que j’avais intégrés dans mon story-board [rires].
Propos recueillis par
Jean-Philippe Guerand

en février 2001


Bande annonce du téléfilm américain Casanova (2015)

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